Alors que le Conseil National des Supporters de Football (CNSF) a annoncé son projet de proposition de loi la semaine dernière, celui-ci s’est vu conforté dans sa volonté d’imposer ses idées sur un terrain législatif après l’échec d’un dialogue avec les instances. Après avoir rencontré Noël Le Graët dans la matinée, le CNSF a déploré mercredi « un repli » du président de la FFF lors d’une conférence de presse organisée à l’Assemblée nationale.
« La solution sera politique ». Florian Le Teuff, le président d’À la nantaise et membre fondateur du Conseil National des Supporters de Football (CNSF), en est convaincu. Pour l’heure, le « manifeste des supporters pour un football transparent et responsable » a été signé par plus de 3500 personnes sur le site du CNSF. Ce dernier énumère les revendications dévoilées lors des premières Assises du supporterisme l’an dernier : la représentation des supporters dans les instances nationales de football (avec 0,01% des droits TV consacrés à la formalisation d’un dialogue pérenne), dans les organes des sociétés commerciales (la norme UEFA Supporter Liaison Officer), dans le capital social des clubs (actionnariat populaire).
Parmi les signataires figurent également des personnalités politiques de tous bords dont François de Rugy (EELV), Valérie Fourneyron (PS), Nicolas Dupont-Aignan (DLF) et Marie-George Buffet (PC). L’ancienne ministre des Sports communiste a justifié son soutien : « Votre projet permet plus de transparence. L’une des conclusions (du rapport sur l’application au football français, ndlr) du fair-plair financier portait sur l’instauration de l’actionnariat populaire ». Tout comme le rapport Glavany de janvier 2014 qui prône une représentation organisée des supporters avec laquelle dialoguer. Et le CNSF compte bien mettre à profit ces appuis parlementaires pour proposer un projet de loi qui sera dévoilé le 11 février lors des secondes Assises du supporterisme au Palais du Luxembourg pour faire avancer sa cause. « Le problème des propositions, tempère Marie-George Buffet, c’est qu’elles peuvent rester longtemps dans les placards. Il faut la déposer et la faire signer par un maximum de députés et obtenir du gouvernement qu’il s’implique sur ce dossier ». De fait, Thierry Braillard le secrétaire d’Etat aux Sports a déjà accueilli favorablement ces idées.
Le Graët : « Le débat ne m’intéresse pas »
D’ailleurs, il ne reste plus que l’espoir législatif pour le CNSF. « Le constat, c’est qu’il est difficile de faire bouger les choses au sein des instances », assure Jean-Pierre Clavier professeur de droit à l’université de Nantes et chargé de formuler cette proposition de projet de loi. Dans un courrier conjoint, celles-ci affirment ne pas vouloir privilégier une association plutôt qu’une autre en l’occurrence l’Association Nationale des Supporters (ANS, qui regroupe essentiellement des groupes ultras). Les échanges sont toujours aussi improductifs d’après les échos du CNSF qui présentait une délégation de trois représentants reçus par Noël Le Graët, le président de la FFF ce mercredi matin.
L’entrevue n’aurait guère duré de plus de 10 minutes et l’homme fort du football français y aurait mis fin précipitamment. « Le débat ne m’intéresse pas », a lancé Le Graët qui a aussi signalé son intention de ne pas participer aux assises du supporterisme. Contactée par La Grinta, la FFF ne souhaite pas pour le moment s’exprimer sur le sujet. À l’instar de Frédéric Thiriez (LFP) qui souhaitait une table ronde à huis clos et de Jean-Pierre Louvel (UCPF) qui sera cependant suppléé par Philippe Diallo son directeur général. L’entrepreneur breton affirme que le CNSF n’est pas « légitime » et s’est emporté après une remarque concernant un premier discours sur le manque d’interlocuteurs puis un second estimant qu’ils sont trop nombreux. « La légitimité ça se construit », a rétorqué la députée Buffet lors de la conférence de presse. Et de poursuivre : « Il y a plusieurs syndicats en France, et heureusement ! Heureusement aussi qu’il y a plusieurs associations de supporters. C’est étonnant ».
Depuis un an, le dialogue avec les instances dirigeantes est toujours aussi limité voire inexistant. Pire, Jean-Pierre Clavier a évoqué « une tension palpable » lors de l’échange avec Noël Le Graët. Une situation qui exige de s’en remettre à la classe politique. Seule (petite) éclaircie : le CNSF sera prochainement aussi reçu par l’Union des Acteurs du Football (UAF). C’est déjà ça.