Après une saison éprouvante – à tous les niveaux – achevée à une très décevante neuvième place, la Lazio et son président Claudio Lotito semblent vouloir tourner la page et en réécrire une. L’intersaison va en ce sens.
C’est bien connu, les plus grandes victoires sont souvent suivies de grandes désillusions. L’Inter post 2010 ou plus récemment encore l’Espagne à la Coupe du monde en sont de tristes confirmations. Tout vainqueur, à sa perte travaille. La Lazio n’a pas échappé à la règle. Lors de la saison 2012-2013, le club romain remportait l’un des succès les plus marquants et forts en émotions, décrochant la Coupe d’Italie au nez et à la barbe de son rival historique au terme d’un match à jamais dans l’Histoire avec un grand H. C’était le 26 mai 2013. Il y a à peine plus d’un an. Une éternité pourtant.
« Anno zero » ?
L’an passé, en plus d’une équipe dépassée, le club a vécu une saison sous tension. Jamais en dix ans de présidence, le président Claudio Lotito et la direction du club n’avaient été autant contestés. Les tifosi ont tout fait pour montrer leur mécontentement envers un président tyrannique, privilégiant les rentrées bancaires aux ambitions sportives et peu avare de piques lancés envers les tifosi. De l’opération stade à guichets fermés avec des pancartes « Lotito vattene » (« Lotito dégage ») à celles de boycott en fin de saison, en passant par les multiples manifestations devant sa maison et messages sur les réseaux sociaux, Lotito n’a pas passé l’année la plus tranquille de sa décennie à la tête du club laziale.
Pas stupide et arrogant au point de faire la sourde oreille à tous ces actes de désamours, l’entrepreneur romain a changé de stratégie ou plutôt de communication cet été. Fini le Lotito provocateur, méprisant, place à un Lotito plus ouvert, ambitieux, et qui place le mot « tifosi » désormais une fois toutes les cinq phrases. Ce brutal changement de cap montre que le président a pris conscience de l’importance des tifosi et surtout que son club ne pouvait pas se permettre de revivre une saison aussi confuse et tendue que celle écoulée à l’heure où les ultras de la Curva Nord ont appelé au boycott des abonnements avec comme mot d’ordre « O lui o noi » (« Ou lui (Lotito) ou nous »).
Ainsi, depuis la reprise, celui qui a repris le club au bord de la faillite en 2004, livre énormément d’interviews et arrose le site officiel de communiqués. Le but ? Faire passer son nouveau message qu’un nouveau cycle démarre, visant à ramener la Lazio au sommet en Italie et en Europe. Le tout en martelant bien entendu que rien ne se construirait sans les tifosi. Les promesses n’engagent que ceux qui les croient. Lassés par 10 ans de Lotito, les tifosi ne se laissent pas berner l’« Anno zero » annoncé par le président et continuent leur boycott des abonnements mais aussi de toutes les autres composantes du club (boutique, TV, radio). Pas étonnant tant le brutal changement de comportement de Lotito s’apparente plus à un acte diplomatique qu’à un vrai changement de politique pour celui qui contrôle de bas en haut et de gauche à droite tout le club, accompagné seulement de deux de ses proches, Igli Tare le directeur sportif et Stefano De Martino, le responsable de la communication.
Un recrutement réfléchi et ambitieux
Qui dit nouveau cycle dit nouvelles têtes pour une équipe vieillissante et en fin de cycle depuis pas mal de temps déjà. Pour démontrer les nouvelles ambitions du club, Lotito a sorti le chéquier et, qui plus est, a dépensé intelligemment. Les deux premières recrues, sans oublier Filip Djordjevic (Nantes), arrivés au tout début du mercato sont deux valeurs sûrs de la Serie A qui vont indéniablement apporter un plus au nouvel entraîneur Stefano Pioli : Dušan Basta en prêt de l’Udinese et Marco Parolo (Parme) ont débarqué à Formello. Le latéral serbe, pouvant évoluer dans une défense à trois ou à quatre vient pour renforcer le couloir droit où Konko est souvent à l’infirmerie et où Cavanda ne s’est jamais imposé. Quant à Parolo, il va débarquer dans un compartiment déjà bien rempli pour amener sa percussion et ses déplacements entre les lignes. Le dernier joueur fraichement arrivé n’est autre que Stefan de Vrij (Feyenoord), fraîchement demi-finaliste de la Coupe du monde où il a joué un rôle capital dans la défense à trois de van Gaal. L’Hollandais ne sera pas de trop dans un secteur de jeu défaillant tout au long de la saison dernière.
Si le mercato n’est pas encore terminé, Rafael Marquez pourrait s’engager alors que la situation de Candreva est à surveiller, l’ancien entraîneur de Bologne dispose déjà à coup sûr d’un effectif plus compétitif que la saison dernière, à même de jouer une place dans le top 5, d’autant plus que la Lazio ne disputera pas cette saison de Coupe d’Europe et pourra donc se concentrer exclusivement sur le championnat.
Même si les choix ne sont pas arrêtés et que la concurrence désignera les meilleurs, notamment au milieu où les candidats à une place dans le onze sont nombreux, voilà à quoi pourrait ressembler l’équipe selon le système utilisé par Pioli (4-3-3 ou 3-4-3) :
Si Lotito a d’ores et déjà renforcé considérablement l’équipe, annonçant que la saison à venir serait celle de la révolte et de la reconquête, il faudra voir si les tifosi l’accompagnent ou non dans sa nouvelle démarche et, surtout, si les résultats viendront rapidement. Ce qui est primordial en Italie, et à Rome encore plus.