A plus de 5 000 kilomètres de l’Hexagone, un pays situé dans la Péninsule Arabique fait son bonhomme de chemin sur la scène footballistique mondiale. Avec une population estimée à huit millions d’habitants, cet État fédéral a débuté d’énormes investissements dans le football. Il s’agit des Émirats Arabes Unis.
Par l’intermédiaire de certains citoyens émiratis, ils rachètent des clubs, créent des liens et ils servent aussi de sponsors dans le monde du sport.
Focus sur l’influence des Émirats dans le foot.
D’un point de vue national, les Émirats ne font pas figure de bon élève, et pour cause, la 122e place de la nation au classement FIFA est pour le moins révélateur du niveau de jeu pratiqué par l’équipe d’Abdullah Masfar. Tous les joueurs, à l’heure actuelle, évoluent dans le championnat national dont Ismail Matar, qui fait figure de star nationale du haut de ses 28 ans et de ses 101 sélections avec les Émirats. Moins connus pour ses joueurs, les Emirats ont vu passer des entraîneurs de haut-standing sur son sol dont trois coachs français (Henri Michel, Bruno Metsu, Dominique Bathenay).
De Don Revie jusqu’au court passage de Dick Advocaat en 2005, les sélectionneurs étrangers se sont succédés sans résultats probants, le premier tour de la Coupe du Monde en 1990 et une finale de Coupe d’Asie en 1996 sont les seuls faits marquants de la sélection depuis 1972 (date de création de la fédération émirati de football).
Malgré la venue de Carlos Alberto Parreira (1984), Valery Lobanovsky (1990), Carlos Queiroz (1998) et de Roy Hodgson (2002), pourquoi les Emirats Arabes Unis ne parviennent pas à s’imposer sur la scène asiatique même avec des moyens considérables ?
Un élément de réponse se trouve sans doute dans le championnat national, l’EAU Pro-League, qui est composé de 12 équipes dont 5 sont basées à Dubaï et 3 à Abu Dhabi (la capitale). La composition du championnat est mimétique de l’organisation politique et économique du pays où Dubaï et Abu Dhabi font figure de moteur du pays.
Comme beaucoup de championnats émergents (Chine, Inde, Qatar…), les clubs font confiance au savoir-faire venu de l’étranger. La saison 2011-2012 a commencé sans technicien émirati, 12 coachs sur 12 sont étrangers. Quant aux joueurs, le même constat est à déclarer, les joueurs les plus en vue sont étrangers et ce sont eux qui élèvent le niveau du championnat.
Chaque équipe a son lot de joueurs étrangers, Grafite (Al-Ahli), Asamoah Gyan (Al Ain) sont tous les deux meilleurs buteurs du championnat et ont joué en Ligue 1 tout comme Simon Feindouno, Nicolas Marin (Dubaï SC) et Amara Diané (Al-Nasr). David Trezeguet a fait un bref passage à Bani Yas avant de rompre son contrat en décembre 2011.
Mais la véritable star de ce championnat, ça reste tout de même l’arrivée de Diego Maradona en tant qu’entraîneur à Al-Wasl. Cette arrivée fêtée en grande pompe par les dirigeants du club a suscité beaucoup d’engouements au Moyen-Orient et a donné une image médiatique forte dans le monde du football.
Le manque de structures de formation et l’état précoce des institutions nationales expliquent ce nombre conséquent de joueurs étrangers malgré les restrictions mises en place par un quota du nombre de joueurs hors-EAU par effectif.
Mais l’avènement des joueurs étrangers résulte surtout de la stratégie des Émirats à faire du football un instrument médiatique, faire de la pub pour une région en pleine expansion économique qui recherche une reconnaissance internationale par le biais du sport.
C’est ainsi que les sociétés émiratis s’engagent beaucoup dans le sponsoring d’événements ou d’équipes sportifs. Deux compagnies aériennes se sont lancées activement sur ce terrain, il s’agit d’Emirates et d’Etihad Airways.
Pour Emirates, cette stratégie hors des activités liées au transport de passagers et de marchandises a pleinement aidé à la notoriété de la compagnie aérienne, on a même créé une appellation spéciale pour la façade marketing de la société : Fly Emirates. Ce nom apparaît sur les maillots du Milan AC, du Hambourg SV, d’Arsenal et du Paris Saint-Germain. Un paradoxe quand on sait que les propriétaires sont qataris mais ce détail est réglé car le futur sponsor du PSG sera la QNB (Qatar National Bank). Emirates a signé un contrat de naming pour devenir le nom officiel de l’enceinte d’Arsenal.
Etihad Airways s’implique lui aussi dans le monde du football en sponsorisant Manchester City sur leurs maillots et en renommant le stade « Etihad Stadium ». La compagnie a même offert un Airbus A330 aux couleurs du club pour ses voyages. Etihad est aussi sponsor des Harlequins de Londres en rugby. Et tous deux (Emirates & Etihad) sont présents aussi dans le golf, le cricket et la formule 1.
Avec tous ces éléments, la comparaison avec son voisin qatari est loin d’être maladroite. Ces deux pays, bien qu’ils partagent beaucoup de choses, ont crée une rivalité. Royal Emirates, un conglomérat émirati a racheté il y a un an le club de Getafe. Les matchs entre Getafe et Malaga s’apparente plus à une confrontation EAU vs. Qatar. En septembre 2011, une rumeur des plus folles a annoncé un fond qatari rachetant Manchester United. Dans cette optique, peut-on imaginer le rachat d’un grand club français par les émiratis ?
Une piste pourrait laisser penser que cette idée est possible, l’Olympique Lyonnais a un partenariat avec les Emirats Arabes Unis, Jean-Michel Aulas s’est rendu au Émirats le mois dernier. Un joueur émirati a même été prêté à l’OL cette saison, Hamdan Al Kamali étrenne son numéro 36 avec la réserve et une offre a même été formulée pour son acquisition mais le club propriétaire du joueur (Al Wahda) a refusé. Lyon a tout pour plaîre aux investisseurs, c’est une place forte du foot français et européen, le futur stade OL Land, une concurrence avec Paris, un grand vivier de population pour le merchandising.
Bien que les efforts pour développer le football sont présents, les Émirats restent un championnat pour pré-retraités en quête d’aventure. Et dans les prochaines années, le pays aura un peu de retard car il sera caché par le Mondial de football au Qatar en 2022. Le défi de taille pour les Émirats sera de palier cette lacune en innovant.
On est pas au bout de nos surprises avec les émirs…