Mi-juillet, une nouvelle tombe de nulle part ou presque : les virages du Stadio Olimpico (Curva Nord et Curva Sud) vont être divisés par des barrières et vont donc voir leur capacité réduite pour cette saison. La décision émane du préfet de Rome qui évoque des « motifs de sécurité » sans plus de précisions. Un scandale selon les ultras de la Roma et de la Lazio dont les rancœurs sont presque oubliées le temps d’une guerre commune afin d’éviter la mort du supporterisme romain.
Celui qui n’a jamais côtoyé le monde des tribunes, à l’image des décisionnaires, ne peut comprendre la colère des tifosi laziali et romanisti. Lorsque le préfet Franco Gabrielli annonce mi-juillet que les Curva Nord et Sud, les secteurs des supporters les plus actifs de la Lazio et de la Roma, vont être amputés de quelques sièges et divisés par des barrières, c’en est trop. Une futilité pour certains, une véritable catastrophe pour d’autres dénonçant une entrave aux chorégraphies et à l’ambiance en général déjà restreinte par la piste d’athlétisme. Il suffit d’ailleurs de prendre à témoin les premiers matchs de la saison à domicile des deux clubs pour se rendre compte que cet événement n’a rien d’anodin.
Rapide retour chronologique. Au moment des premiers échos de cette mesure, les campagnes d’abonnements sont déjà bien amorcées, à un mois de la reprise de la Serie A. En plus du caractère inexplicable, les tifosi doivent donc composer avec les conséquences de ces changements après achat ! Certaines places réservées ont été détruites et doivent donc être changées. Si les abonnements ont été pris à plusieurs (un père avec son enfant ou un groupe d’amis par exemple), les plus malchanceux peuvent être séparés par ces murs. Si l’AS Roma que la SS Lazio subissent cette situation autant que les abonnés, il faut aussi relever le manque de réactivité et de sérieux du service après-vente. Aucun espace n’a été prévu sur les sites respectifs pour échanger ses places, les tifosi ont dû s’organiser eux-mêmes en créant des groupes sur Facebook.
La dernière expérimentation de trop
Les avocats des supporters ont bien tenté d’arrêter les travaux, d’obtenir des réponses, en vain. L’ire des Romains trouve également son origine dans le contexte global de répression en Italie : tessera del tifoso, multiples interdictions de déplacements, censures, entre autres. L’attente à l’entrée du stade est devenue interminable à cause des fouilles toujours plus scrupuleuses, un enfant de 7 ans a même été obligé de retirer ses chaussures contre Séville en amical selon la Curva Sud. Les séparations n’étant pas achevées, ce sont des cordons de stewards qui faisaient office de frontières. Même combat pour la Curva Nord de la Lazio – restée à l’extérieur protester et dont les individus « ont tous été identifiés » – contre Bologne la semaine passée. Pourtant, c’est bien en dehors des stades que le Calcio a tué ces dernières années. Le résultat du chantier s’avèrera inesthétique et inadapté à l’animation des virages. Les matchs à la maison constituent jusqu’à présent l’unique chance pour les plus actifs d’encourager leur équipe. Pas la peine de regarder du côté des parcages, rares sont ceux dignes de ce nom. Alors si même à domicile les restrictions étouffent la ferveur, que reste-t-il de tribunes et d’un mouvement qui ont inspiré le monde entier ?
En attendant la fin des travaux prévue contre l’Udinese dans quelques jours, des stewards précèdent les murs. (DR)
Pour finir de se convaincre de l’état d’urgence, il suffit de jeter un œil au Roma-Juventus de dimanche. La tradition de ne pas avoir de grosse affiche dès le début de la Serie A est révolue, passons la désolation personnelle. Mais dans quel grand championnat le match opposant le champion en titre et son dauphin se déroule à 18 heures par peur d’éventuels incidents en soirée ? Un aveu de faiblesse de la part d’un pays qui ne sait plus gérer de grands événements (dernier exemple, l’ouverture de l’Expo Milan 2015) auxquels il prétend (JO 2024). Tout ceci n’est pas sans conséquence, malgré un recrutement clinquant de la Roma, et ce qui sera sans doute la meilleure affluence de la saison (55040 spectateurs), le Stadio Olimpico sonnait creux. Les ultras de la Curva Sud étaient en grève, imités – fait exceptionnel et unanimement salué – par ceux de la Juve en solidarité. Suite aux protestations, les forces de l’ordre ont jugé bon d’intervenir dans le virage romain. La tension monte d’un cran et les policiers sont contraints de battre en retraite dans les escaliers sous une pluie d’insultes. Le contact est évité de justesse.
Le président du Comité olympique italien (CONI), Giovanni Malagò, ne s’y trompe pas en qualifiant ces barrières de « défaite ». Les autorités compétentes, elles, n’entendent pas céder : « Nous ne nous ferons pas intimider », a fait savoir l’Observatoire des manifestations sportives (ONMS). Y compris lorsque l’UEFA juge ce dispositif contraire à ses règlements le contraignant à être démonté lors des matchs européens. La fracture est nette entre tifosi et dirigeants dont ceux de la Roma. En particulier le président James Pallotta, décrié pour avoir changé le logo du club et ses sorties maladroites à l’encontre des supporters. Sauf revirement, la grève sera maintenue. La frange la plus dure de la Lazio a de son côté d’ores et déjà annoncé le boycott des abonnements (lié au mercato jugé insatisfaisant) et réserve sa réponse sur les déplacements. Il va bientôt falloir se lever tôt pour trouver un stade en vie en Italie.
Putain, comme vous le dites, pour ceux qui connaissent le monde des tribunes (ultras) c’est encore un affront immonde. La répression ne cesse d’augmenter ! Je crois que cette décision a été prise à l’issue du dernier derby où les laziali avaient invités les ultras du Wisla Cracovie et oú des échauffourées ont émané avec les forces de l’ordre à la fin de la rencontre faisant pas mal de dégâts en ville !
Mais la décision reste abusée je comprends les 2 curve, dont je vois pas l’intérêt de séparer le même clan par des plecsis ???