Depuis le début de l’année civile, la Real Sociedad d’Imanol Alguacil s’épanouit dans la construction de circuits de passe élaborés pour progresser vers le but adverse. Cet été, avec le virtuose Martin Ødegaard, l’équipe basque a trouvé un raccourci dans le jeu.
Trois mois après son arrivée dans le nord de l’Espagne, Ødegaard a pris le contrôle de la Real Sociedad, grâce à l’influence de son entraîneur Imanol Alguacil. Gaucher excentré à droite qui repiquait vers l’intérieur sur son meilleur pied au Vitesse Arnhem ou avant à Heerenveen, le technicien basque l’a replacé au centre. Comme Neymar à Paris (côté gauche), Ødegaard penche sur un côté (droit), où il peut s’ouvrir la globalité du jeu avec son pied gauche mais reflète le cœur de l’animation offensive de son équipe. Prêté pour la troisième saison consécutive, il garde le rêve de porter le maillot merengue. Mais brille cette saison loin de Madrid, géographiquement et idéologiquement, dans une équipe où tout est dans la forme.
La boussole du jeu de La Real
Pour le Norvégien, ce voyage était à la fois une logique et un défi. Logique, car Martin Ødegaard arrivait dans un projet de jeu façonné pour lui. « J’ai eu des possibilités avec des clubs jouant la Ligue des champions et la Ligue Europa mais le plus important pour moi était de me sentir à l’aise dans ma nouvelle équipe, avec le coach et le projet. C’est pourquoi j’ai choisi de venir ici. J’aime le football espagnol et j’aime le style de jeu de la Real Sociedad, la façon dont elle presse et contrôle le ballon. », confiait-il à Marca fin juillet. Un défi aussi, histoire de tester la filiation de son ADN technique avec le football qui accorde une place au geste.
Résultat, si dans les six derniers mois de la saison 2018-2019 les basques avaient bien progressé et semblaient se rapprocher de leur philosophie de jeu historique, avec Martin Ødegaard dans l’entrejeu ils ont mis le pied dessus. Pur basque, Imanol Alguacil a reconstruit une équipe qui donne une grande importance à sa sortie de balle et la domination de l’espace dans le camp rival. Une zone du terrain où Ødegaard disparaît d’un côté et réapparaît au côté opposé, toujours avant les autres, liant les lignes et absorbant les clés du jeu de La Real.
Relayeur droit dans le dessin du 4-3-3 d’Alguacil mais sans position fixe dans le jeu, Ødegaard surfe entre les lames incisives des 4-4-2 adverses qui font école en Liga et extériorise son goût de la prise de risque. De quoi mettre en évidence sa plus-value dans un collectif déjà très fluide sans lui, où Illaramendi, Merino, Zubeldia, Zurutuza et Guevera ont tous une éducation du toque. Contrôles excellents, conservations de balle brillantes et qualité de passe délicate, Ødegaard bonifie bien des actions. Mais il est surtout envoûté par la solution vers l’avant. Dans un derby régional face à Alavés, cet instinct de jeu vers l’avant l’a conduit à réaliser ce qui pourrait être le geste du début de saison : un petit pont sensationnel du pied gauche sur un Tomás Pina arrivant à toute vitesse, suivi d’une passe laser coupant Anoeta en deux pour Oyarzabal.
https://youtu.be/dZ88JCA5uA4
Le meilleur du moment
Dans ce même match contre Alavés, Martin Ødegaard a fait plonger tout le monde. D’une part, en provoquant le danger par sa mobilité sans ballon et sa finesse avec ballon (27 passes réussies sur 35 dans le dernier tiers), il a fait disparaître ses adversaires dans son ombre. Puis, en offrant le spectaculaire total de dix passes-clés (passes qui sont suivies d’un tir) à ses coéquipiers, il les a aspiré dans son sillage vers la victoire (3-0). Enfin, en exhibant un nouveau récital, le joueur le plus créatif de Liga (3,4 occasions créées par match) a fait chavirer les cœurs. On imagine alors bien Imanol Alguacil paraphraser Jorge Valdano à propos de Luka Modric au Mondial 2018 : « C’est un joueur merveilleux, il est l’un des rares joueurs dans le monde qui peut vous réconcilier avec le football. »
https://twitter.com/EduardoZurita7/status/1177392865602916352?s=20
La question, à présent, est de savoir pourquoi Ødegaard réussit tout ? Un sentiment de revanche personnelle qui ne pouvait plus attendre ? Toujours est-il que dans cette Real Sociedad, toutes les conditions tactiques idéales semblent réunies : une approche audacieuse du jeu, des milieux créatifs, des ailiers jouant très haut sur le terrain et un attaquant qui sait merveilleusement s’associer.« Je pense que je suis un meilleur joueur, plus mature, plus âgé et un peu plus fort. Je me sens mieux maintenant que lorsque je suis venu en Espagne pour la première fois. » Un retour qui souffle comme un avènement romantique au pays du « comment », tiens donc…
Martin Ødegaard est sans doute l’un des jeunes joueurs le plus prometteurs. En effet, après son transfert au Real Madrid alors qu’il avait à peine 16 ans, le Norvégien a eu du mal pendant quelques mois en Espagne. Néanmoins, depuis qu’il a été prêté à la Real Sociedad, on retrouve l’étendue de son talent tous les week-ends en Liga.