La Premier League et la Liga sont citées comme les références des championnats européens. De l’affluence dans les stades, du beau jeu, des buts. Pourtant c’est aussi le cas en Allemagne. Mais son championnat est sous-médiatisé. Alors comment expliquer ce paradoxe et quels sont, malgré tout, ses atouts ?
Déjà, il y a les statistiques. En moyenne, il y a presque 45 000 spectateurs. Ce qui fait du championnat allemand, le plus fréquenté d’Europe et même du monde. Mieux, Düsseldorf, promu en Bundesliga évolue devant 50 000 supporters alors que le club évolue en bas de tableau. L’an dernier en deuxième division, le stade était également plein. Pour comparaison en Angleterre c’est 35 000 spectateurs de moyenne. Et en France, c’est moins de 20 000. Tout cela a été possible grâce à la création de nouveaux stades pour la Coupe du Monde 2006. C’est aussi des revenus supplémentaires grâce à la billetterie. La France profitera-t-elle de l’Euro 2016 comme ont su le faire nos voisins allemands?
Autre statistique très importante, le nombre de buts par match. Là encore, la Bundesliga est le meilleur championnat avec 2,87 buts par match contre 2,85 en Liga et 2,84 en Premier League. La Serie A et la Ligue 1 sont à la traîne avec seulement 2,60 buts par match.
Un pays de foot
L’Allemagne, c’est trois titres de champion du monde (1954, 1974 et 1990) et de champion d’Europe aussi. Seul le Brésil avec ses cinq étoiles et l’Italie avec quatre victoires font mieux.
Surtout l’Allemagne se remet en cause après l’échec de l’Euro 2000 (élimination en phase de poules). Les dirigeants décident de se tourner vers la formation et de miser davantage sur la technique. Un changement, même une révolution culturelle. Pourtant le défi est réussi.
Un géant : le Bayern
Il est la référence du football allemand avec ses quatre Coupes aux grandes oreilles et ses vingt-deux titres nationaux. Il rivalise avec les plus grands clubs tels que Barcelone, Manchester United, Le Real Madrid ou l’AC Milan. Ce géant, c’est le Bayern Munich. C’est même une institution.
La grande force du Bayern, c’est sa gestion notamment sur le plan financier. Le club gagne de l’argent. Le fair-play financier pourrait aider l’Allemagne à mieux lutter face à des clubs espagnols et anglais peu regardant sur leurs dettes.
La force de l’Allemagne c’est qu’elle parvient à conserver ses meilleurs éléments dans son championnat. Seul Özil, Khedira (Real Madrid) Podolski (Arsenal) et Klose (Lazio Rome) évoluent à l’étranger. Des joueurs très convoités comme Neuer, Götze ou Reus sont restés au pays. Et désormais les clubs peuvent investir de grosses sommes pour les transferts ce qui est tout de même une nouveauté. Cet été, Javi Martinez est arrivé pour 40 millions d’euros en provenance de l’Athletic Bilbao.
Mais la différence avec les quatre autres championnats majeurs c’est que l’élite est réduite à 18 clubs contre 20 dans les autres pays. Ce qui permet d’avoir un championnat assez homogène.
Devant la Serie A
Désormais à l’indice UEFA, l’Allemagne est troisième devant l’Italie. Conséquence directe, la quatrième place est désormais qualificative pour le tour de barrage de la Ligue des Champions. Alors que désormais le quatrième en Italie est qualifié pour l’Europa League.
Sept sur sept
Le Bayern, Dortmund et Schalke ont même tous les trois terminés premiers de leur poule de Ligue des Champions. Dortmund a réussi un petit exploit dans la poule de la mort en terminant invaincu face au Real, l’Ajax et City. Schalke a terminé devant Arsenal. Les trois ont de bonnes chances de se qualifier pour les quarts de finale respectivement face à Arsenal, le Shakhtar Donetsk et Galatasaray. Le Bayern a échoué en finale la saison passée et en 2010 face à l’Inter. Sa dernière victoire remonte à 2001 face à Valence. En Europa League, le bilan est tout aussi bon. Les quatre clubs engagés sont qualifiés pour les seizièmes de finale. Regagner sur la scène européenne permettrait de changer les regards sur ce championnat.
Un manque de rêve
Le problème de la Bundesliga c’est que le Bayern domine assez régulièrement le championnat et n’a pas de concurrent capable de rivaliser sur la durée avec les Bavarois. Un coup Schalke 04, Stuttgart, Hambourg, Leverkusen, Wolfsburg ou encore le Werder Brême. Dortmund qui dispose d’une équipe jeune et qui tente de s’inspirer du modèle bavarois, peut être ce rival qui manque au Bayern mais aussi pour l’attrait du championnat.
Un autre souci de l’Allemagne, pas de trace de Messi ou de Cristiano Ronaldo, les deux joueurs les plus médiatiques. L’Allemagne ne joue pas pendant les fêtes de Noël contrairement aux Anglais qui multiplient les matchs à cette période de l’année. Et au contraire, la trêve est beaucoup plus longue qu’en France, en Espagne ou en Italie. Les plus riches vont en stage en Turquie ou au Moyen-Orient pour préparer la deuxième partie de saison.
Une meilleure exposition télé ?
C’est sûrement le principal problème en France pour faire mieux connaître son championnat. A l’inverse des autres, la Bundesliga a été diffusé ces dernières saisons sur Orange Sport. Une chaîne accessible seulement aux abonnés d’Orange. Donc une visibilité très réduite. Pendant ce temps, la Premier League, la Serie A et la Liga étaient diffusées tous les week-ends sur Canal Plus. La chaîne cryptée en a récupéré les droits avec Bein Sport depuis la disparition d’Orange Sport cet été. Voilà un signe encourageant pour que le foot allemand soit reconnu à sa juste valeur.
L’atout Guardiola ?
L’annonce a eu lieu cette semaine et elle a surprise. Beaucoup d’observateurs le voyaient se diriger vers l’Angleterre à Manchester City. Mais c’est finalement la Bundesliga que l’homme aux 14 trophées en trois ans a choisi. Un club qui ressemble un peu au Barça. Une institution très forte, une histoire, beaucoup de jeunes et une certaine stabilité. Alors que Manchester City est encore un club en construction qui n’a pas franchi le cap des phases de poules en C1.
L’Allemagne est la première puissance économique européenne. Elle mérite donc d’avoir un championnat au moins aussi attrayant que la Premier League qui est encore citée comme étant la référence. Alors si avec Guardiola, la Bundesliga ne vous intéresse toujours pas, cela serait dramatique pour le football allemand.