En 2010-2011, Blackpool accède pour la première fois en Premier League. Une saison historique pour le club marquée par des matchs de légende notamment une victoire 2-1 à Anfield. Malheureusement, le bonheur a été de courte durée avec une 19ème place en fin de saison synonyme de relégation en Championship. Depuis lors, le club ne parvient pas à remonter en première division et ses politiques économique et sportive sont pointées du doigt par ses supporters.
Le lundi 28 juillet, Blackpool officialisait l’arrivée de trois recrues au sein de l’équipe portant à onze le nombre de joueurs dans l’effectif du club. Situation déconcertante dans le football professionnel, l’équipe comptait alors onze joueurs de champ mais aucun gardien alors que le championnat débute ce samedi 9 août. Petit retour en arrière pour mieux comprendre cette situation. Les Seasiders terminent la saison 2013-2014 à la vingtième place de Championship à seulement deux points de la relégation. Le championnat terminé, ce ne sont pas moins de 27 joueurs qui quittent le club libre de tout contrat laissant le nouveau coach, José Riga, dans une situation encore inexplicable. Le club décide alors d’annuler son stage de préparation en Espagne ainsi qu’une partie de ses matchs amicaux afin de se concentrer sur la recherche de nouveaux joueurs.
Blackpool sous la présidence de Karl Oyston
Dans cette situation, le président Karl Oyston tente en vain de calmer les esprits : « Je ne vois pas pourquoi nous ne pouvons pas être en mesure de recruter des joueurs en nombre et en qualité suffisante pour être en mesure de participer au championnat. »
Malheureusement, les déclarations de Karl Oyston, devenu l’ennemi public numéro un du Lancashire, n’empêchent pas la scission interne au sein même de la direction. Valeri Belokon, actionnaire du club à la hauteur de 20%, écrit une lettre ouverte demandant au président de « mettre le football en premier » en investissant davantage d’argent. Au micro de la BBC Radio, l’actionnaire de ‘Pool s’est inquiété de la situation sportive : « J’ai été très calme mais en ce moment je ne peux pas être tranquille. Je suis un fan de Blackpool et je suis vraiment préoccupé par la situation ». La réaction de l’actuel président ne s’est pas faite attendre avec une réponse pour le moins inattendue. « Nous sommes un club riche, sans dette, contrairement à beaucoup de nos concurrents qui subiront les ravages d’un embargo de transfert dès janvier 2015 lorsqu’ils tomberont sous le coup de la réglementation du fair-play financier ».
Légitimement, l’entraîneur José Riga débauché de Charlton cet été, a également fait part de son inquiétude. Cette critique sur la politique de recrutement n’a pas été du goût de la direction et l’avenir de l’ancien coach du Standard de Liège s’écrit en pointillés du côté du Lancashire.
La famille Oyston dirige le club depuis 1988 mais c’est en 1999, après la démission de sa mère et les accusations de viols sur son père, que Karl a pris la présidence de Blackpool. En 26 ans, la famille Oyston n’avait jamais été autant contestée. La gestion financière calamiteuse depuis la relégation en Championship lors de la saison 2010-2011 est à l’origine de la situation actuelle. En 2011, l’actionnaire Valeri Belokon avait déjà émis des doutes après un retrait de l’argent des comptes du club par la suite versé aux différentes entreprises appartenant aux Oyston. Le président des Seasiders avait alors justifié un remboursement de prêts aux entreprises qui avaient permis de « moderniser le stade et fournir aux clubs des flux de revenus ». Les supporters quant à eux accusent Owen Oyston, propriétaire du club et par la même occasion père du président, d’avoir été payé près de 14 millions d’euros après la relégation du club en 2011. Une histoire de gros sous pour la 759e fortune britannique.
Les supporters réclament la tête du président
Cette situation précaire ne laisse pas les supporters du club insensibles. Dans une pétition rassemblant 2500 signataires, les fans dénoncent la politique des transferts, le manque de communication et demandent la démission de Karl Oyston.
Afin de protester contre la présidence du club, les fans ont organisé fin juillet un flash mob réunissant prés de 300 personnes pour former un « Oyston Out« . Comme un dernier avertissement.
Le 18 avril dernier, les supporters avaient déjà manifesté leur mécontentement lors de la rencontre face à Burnley. Le match avait été interrompu par des jets de balles de tennis sur le terrain accompagnés de chants « Oyston démission ».
Le divorce entre la direction du club et les supporters est désormais acté. Cette pré-saison semble cristalliser toutes les années de mécontentement des fans.
Entre-temps Blackpool a réussi à engager trois nouvelles recrues portant désormais à 14 le nombre de joueurs dans l’effectif. Malgré tout, le club démarre cette saison de la plus mauvaise des manières et fait d’office un prétendant idéal à la relégation. Ce samedi, le semblant d’équipe des Seasiders devra se déplacer chez l’un des favoris pour la promotion en Premier League, Nottingham Forrest . Le mercato britannique prend fin le 31 août à minuit, il reste donc plus de trois semaines à l’équipe du Lancashire pour sauver les meubles. Cependant, on ne sait pas encore combien de temps la famille Oyston sera affilié à Blackpool.