Elève du Prof. Vítor Frade de l’Université de Porto (FADE-UP), Jorge Couto Reis, entraîneur UEFA-Pro et Directeur Technique du FC Barcelone, sort son premier ouvrage disponible en version française. A cette occasion, nous publions une traduction d’un article de Jorge Couto Reis pour The Tactical Room sur la complexité du Morphocycle Standard.
S’agissant d’une réflexion sur la Périodisation Tactique, il est important de souligner qu’il s’agit d’une orientation concept-méthodologique. C’est-à-dire, qu’il ne s’agit pas d’une méthode ou d’une technique puisque la Périodisation Tactique n’est pas une recette ou un « prêt-à-porter », même pas déjà terminée ou finie. On peut dire que c’est davantage l’idée d’un « costume fait sur mesure », ouvert sur le monde, comprenant l’entrainement comme une combinaison d’art et de science, elle est donc prête pour faire face aux problèmes de la réalité, du concret, dont elle a émergé et à partir duquel elle a été développée. Comme cela a déjà été mentionné par le professeur Vítor Frade dans son projet de doctorat « le premier problème à résoudre est la nature de l’objet empirique de ce jeu comme sport collectif, et le second, la façon de l’étudier ». C’est donc une méthodologie qui garantit une problématisation unifiée de toutes les dimensions impliquées dans le phénomène, en intégrant la dispersion des méthodes existantes, en les articulant et en les ajustant à une réalité complexe de nature non-linéaire.
Le noyau dur de ce qu’est la Périodisation Tactique, créée par le professeur Vítor Frade, est le Morphocycle Standard. Sa problématisation nécessite donc un référentiel d’observation systémique et complexe, et sa maitrise en profondeur est la seule façon d’éviter les malentendus conceptuels et méthodologiques inhérents à l’approche simplifiée habituelle que l’on a tendance à avoir des choses. Résister à cette tendance est un exercice qui requiert une certaine «résilience cognitive», étant donnée l’imprégnation positiviste qui façonne nos esprits et donc notre perception. Comme le souligne Merleau-Ponty (2013),« nous voyons la profondeur et elle n’est pas visible parce que ça compte de notre corps aux choses », ou en d’autres termes, nous sommes tellement fascinés par l’idée classique d’adéquation intellectuelle que nous errons souvent dans une sorte d’agitation vaine des significations, de discours paralysé ou emprisonné de nos pensées, qui nous empêche d’atteindre les attributs « réels » des choses. Dans le même sens, puisque toute la profondeur du Morphocycle Standard est présente dans cette image, et donc à la Période Tactique, sa découverte ne peut être initiée sans cette résilience qui nous permet « d’apprendre à résister » comme le propose Olivier Houdé (2014) et ainsi non seulement inhiber mais aussi démanteler tout ce que nous apportons avec nous et qui façonne notre perception, à l’origine de conclusions diverses et, souvent, éloignées de celles qui ont été dans sa conception et qui leur donnent un fondement.
MÉTHODOLOGIE PAR LE JEU
Il est important de souligner que la Périodisation Tactique est une méthodologie qui s’entraîne avec le jeu, profitant d’un « jouer » avec certaines valeurs qui serviront de modèle pour la morphogenèse spécifique d’une certaine culture/identité exprimée dans un motif géométrique identifiable par la « qualité des interactions ». De « l’interaction fractale » ininterrompue des joueurs avec les situations d’exercice créées pour donner vie à ce « futur » idéalisé (comme élément causal des interactions) dans les différentes dimensions de l’organisation, et en respectant les principes méthodologiques, l’adaptabilité souhaitée sera générée, selon la spécificité. Cette spécificité, comme c’est quelque chose qui transcende les joueurs en ce qu’elle a à voir avec la dimension projective du processus, va, tout au long du développement, devenir de plus en plus une partie des joueurs, comme étant quelque chose de plus en plus corporel (mais pas de manière linéaire et progressive), comme l’explique Catherine Malabou dans ses approches des différents types de plasticité (2007) et de l’épigenèse (2014). Un processus qui, étant complexe et non linéaire, n’a pas de phases ou de périodes et ne divise pas le jeu en morceaux, car comme le fleuve à la naissance est déjà né comme fleuve, le « jeu », bien que moins complexe au début du processus, devrait être lui-même, déjà quelque chose d’entier et qui se développe comme un tout indivisible – d’où les notions de Complétude Incassable et de Réduction sans Appauvrissement. Autrement dit, la modélisation du « jouer » à travers un processus d’incorporation visera à faire émerger une certaine forme (identifiable par ses invariants structurels – MacroPrincipes) dans la mesure où il s’agit de géométriser des motifs d’interaction, ou comment elle est également exprimée dans le tableau ci-dessus : une habitude qui s’acquiert dans l’action dans un régime de compréhension d’une déterminée relation mental-habitude (Silva, M. 2008).
Dans ce sens aussi, quand nous parlons de processus, nous pensons à une durée minimale d’environ une saison sportive, de sorte que l’on puisse réellement « donner vie » à une idée de jeu. Quelque chose de similaire à ce qui se passe, par exemple, avec le processus de gestation d’un embryon humain, parce que si nous considérons une période plus courte, les probabilités de «vitalité» de «l’idée» en question sont beaucoup plus faibles (puisqu’une telle relation mental-habitude sera moins développée) et ce que l’on veut, c’est une idée de jeu qui en « act » soit suffisamment riche et capable de s’imposer dynamiquement dans la confrontation avec les autres (ce qui, dans un contexte « top », est extrêmement exigeant), soutenue dans le développement collectif et individuel.
Cette première approche vise également à faire revivre, ou clarifier, la raison de la dénomination donnée à cette méthodologie, en essayant de rendre explicite que son point de départ est de « tactiquement périodiser » un « jouer », de « géométriser des motifs » dans l’interaction de toutes les dimensions que nous pouvons considérer, non seulement en relation avec le jeu, mais aussi dans la modélisation de notre corps, dans toutes nos cellules, fibres, neuromodulateurs, etc., et donc dans nos émotions, en alimentant ces tissus neurobiologiques – et, métaphoriquement, les tissus mentaux (Damásio 2006, dans Mourinho: pourquoi tant de victoires ?), générant ainsi une sorte de représentation métabolique inconsciente, qui, en continuité, avec le souci de l’évolution concomitante du savoir-faire et du savoir sur ce savoir-faire, devient aussi conscient, du fait de l’interaction des joueurs avec les contenus expérimentés – répétition systématique du Morphocycle Standard – nous aide à comprendre une telle « plasticité de l’accord » dans l’interaction entre le neuronal et le mental, évoquée par Malabou, évident dans l’interaction des joueurs avec les valeurs/symboles et les situations d’exercice. Comme souligné par le Prof. Vítor Frade, il est essentiel de créer un «paysage mental» puisque le développement d’un «jouer» doit être né en premier dans la tête des joueurs (Maciel, J., 2011).
Ainsi, il est crucial de comprendre la notion qu’avec cette méthodologie on s’entraîne avec un jeu et avec un « jouer » particulier (assez différent de l’entrainement avec le ballon » que d’autres conceptions contemplent), c’est de cela qu’émane la complexité et se réalise cette modélisation que bien qu’elle soit de tous dans une dimension plus macro, il faut avoir l’idée qu’il est aussi de chacun, quand il se reflète dans chacun d’une manière différente, étant donc nécessaire de problématiser dans quelles conditions exiger des performances dans les différentes échelles et aussi comment réaliser la récupération, sans cesser d’être un jeu et sans cesser d’être sous-jacent au référentiel imaginaire lié á l’idée de jeu.
Précisément dans le contexte de ces notions de processus et de modélisation, il y a aussi la désignation de Morphocycle qui, au lieu d’être basée sur une logique «énergétique» conventionnelle des microcycles traditionnels avec le développement des capacités conditionnelles comme objectif principal, vise justement à générer une certaine forme – géométriser des motifs/schémas – qu’être «jouer», au début, devient plus complexe à travers la répétition systématique ininterrompue du Morphocycle Standard. Dès la première semaine, tout en respectant les conditions dans lesquelles les joueurs nous arrivent, en faisant particulièrement attention à la dose/densité, vue la nécessité d’avoir des temps de récupération de plus en plus nombreux. C’est une opérationnalisation marquée par quelque chose qui est du domaine des idées et qui leur est transcendantale, même plus au début, et c’est précisément à cause de la cyclicité de l’expérience du Morphocycle Standard et des buts liés à ce « jouer » que se constitue l’Identité collective et individuelle, étant primordiale la clarté et l’immuabilité des MacroPrincipes et leur présence hebdomadaire comme nous le verrons plus loin. « L’entrainement doit signifier la mise en action d’une capacité fantastique de notre corps: l’adaptation-adaptabilité. La préparation doit alors être comprise comme le reflet du besoin de l’organisme de se changer selon une intention ou un but particulier » (Frade, 1990). Plus l’Idée (Intention-préalable) est riche, plus elle fera appel à la capacité unique qui nous distingue réellement dans notre condition humaine, comme l’Intelligence l’est.
« Beaucoup de gens disent que le premier principe est celui de la Spécificité. Non, ce n’est pas! C’est le schéma de connexion des trois principes méthodologiques qui conduit au concret méthodologique de la Spécificité, c’est-à-dire la présence ininterrompue du Morphocycle ! La Spécificité en tant que catégorie existe sur un autre plan, le conceptuel, pas le méthodologique. C’est le futur et les conséquences. La Spécificité est quelque chose qui émerge, pas tout à la fois ! » (Prof. Vítor Frade, 2013).
Comme il a été mentionné au début, la Périodisation Tactique remet en question la grande variété des méthodes existantes selon une logique systémique non linéaire, c’est donc une méthodologie – science des méthodes – et, comme telle, a ses propres Principes Méthodologiques, qui dans une opérationnalisation qui envisage sa connexion/intégration (Billeter, JF, 2012) à travers le Morphocycle Standard, permettra l’émergence de cette Spécificité.
Comme indiqué par Prof. Vítor Frade (2013): «cette Spécificité, puisque ce n’est pas une chose abstraite et vide, pour se garantir, il faut essayer de la garantir d’une certaine manière. Et puis, à travers les choses qui ont à voir avec ça : les Propensions. Ensuite, nous sommes fatigués et avons besoin de nous reposer, d’où l’alternance horizontale pour doser, et comme je m’inquiète pour le collectif, ils, tous, n’interfèrent pas avec la performance et l’usure de la même manière. il peut y avoir certains d’entre eux qui s’étiolent. Je dois donc aussi avoir des préoccupations au niveau individuel et donc les mercredis et vendredis, Alternance horizontale en (S)spécificité car c’est une échelle de la Spécificité. Et cela se fait à travers le Principe de la Progression Complexe, pour évoluer de façon durable. Maintenant, le schéma de connexion de ces trois principes est ce qui conduit au concret méthodologique de la Spécificité, c’est-à-dire la présence ininterrompue du Morphocycle Standard ».
En ce sens, quelque chose qui tend à être plus difficile à appréhender de la part de ceux qui s’intéressent à cette Méthodologie est précisément la problématisation et comment réaliser cette Alternance Horizontale en (S)spécificité.
Étant quelque chose qui sera traité aussi le plus objectivement possible, je considère comme importante cette recherche d’harmonisation avec certains concepts clés inhérents et indispensables à sa correcte compréhension.
Partant de ce qu’est notre constitution en fonction de notre histoire (phylogenèse), et de quelques études essentielles à sa compréhension, menées dans des domaines tels que, par exemple, la mécanobiologie, on essaiera d’expliquer la logique inhérente à la « coloration » donnée aux différents jours du Morphocycle Standard mis en évidence dans l’image initiale, en cherchant à être plus explicite que cela qu’est normalement divulguée.
Nous sommes gouvernés par des mots, par un univers d’associations liées à des concepts qui tendent à « s’inscrire dans la mémoire collective » connotés de certaines significations. Comprendre ce fait, sujet de réflexion récent de la part de Wustenhagen, C. (2016), servira de référence pour la continuité de cette approche du Morphocycle Standard, afin de chercher à contribuer à son interprétation correcte et à son opérationnalisation qui en découle.
Cette approche donnera une pertinence particulière à l’information inhérente à la classification habituelle des trois jours centraux du Morphocycle Standard (mercredi, jeudi et vendredi) en tant que jours (principalement) d’acquisition, ainsi qu’au fait que, mardi et samedi), il y a la notion que ce sont des jours (fondamentalement) de récupération, et comment aborder ces notions a la lumière de la Périodisation Tactique.
De la même façon que les réactivations neuronales qui se produisent pendant le sommeil, en nous faisant «revivre» ce que nous vivons pendant la journée, sont essentielles à la consolidation de notre mémoire (Benchenane, K 2016), c’est aussi dans la pause et le repos que ce qui est expérimenté dans le jeu et pendant l’entrainement sera traité, somatisé et capable d’être « conscientisé », nous conduisant à la transcendance dans le cas d’une gestion favorable des conditions offertes, ou à l’échec dans le cas de leur inadéquation. Pour qu’il n’y ait pas de perte de contrôle de ce processus, la maitrise du Morphocyte Standard est essentielle.
Le tableau présenté montre comment le Morphocycle Standard s’intéresse à la forme sportive, en tenant compte à la fois du collectif et de l’individuel. Ce problème découle de la reconnaissance que l’équipe ne demande pas à tous les joueurs de la même manière dans tous les matchs, et donc, étant donné que l’accent est mis sur l’équipe, ils peuvent négliger la « maintenance » de certains d’entre eux, au moins. Il est donc fondamental que la préoccupation hebdomadaire ne soit pas seulement « la non-diminution », mais surtout le renforcement de ce plan individualisant de la manière la plus appropriée. De plus, l’interrelation de ce « binôme-dilemme » (collectif/individuel), avec le » binôme-dilemme » performance/récupération et aussi avec le « binôme-dilemme » méthodes/méthodologie conduit à problématiser ce qui est acquisitif et ce qui est la récupération, et comment une telle problématique est résolue. A ce titre, il faut souligner que quelque chose ne devient une acquisition que lorsqu’il y a fatigue, d’où l’importance de comprendre la loi de surcompensation et la loi d’Arnold-Schultz, à la lumière d’une logique systémique dans laquelle on considère que ce qui doit contrôler l’énergie est l’information, selon la double fonction que la molécule ATP joue, non seulement l’apport d’énergie, mais aussi en tant que véhicule d’information.
Dans ce sens, interprétant les courbes présentées dans le tableau, concernant les différentes parabioses (en interrelation les unes avec les autres), on peut voir que les conséquences temporellement retardées de la performance collective inhérente au jeu n’atteignent la fin de son exaltation que 4 jours plus tard. Ces données, développées dans les études de J. Bangsbo (1994), ont comme référence la réalité compétitive du Top, où pratiquement tous les matchs sont d’une exigence maximale, de sorte que bien qu’il puisse y avoir une certaine diversité en termes de temps de récupération, la fraicheur de toute l’équipe n’est garantie que le 4ème jour. Etant donné que le grand apprentissage surgit en fonction du jeu (et non des « paquets » de jeu), parce que le jeu nous apporte des choses auxquelles nous ne nous attendions même pas, et étant cette capacité de confrontation des automatismes avec une réalité concrète, qui nous différencie en tant qu’espèce (en termes d’intelligibilité), il génère également une usure plus importante du fait de la nécessité d’inhiber l’automatisme lorsque la logique est requise (Houdé, 2014), constituant le moment hebdomadaire de plus grande sollicitation/usure dans toutes les dimensions.
Il est ainsi mis en évidence, l’imbrication entre les « binômes-dilemmes » problématisés par cette méthodologie, avec la nécessité de se récupérer de la fatigue relative á la performance pour « performer » à nouveau, et ainsi de suite, sans interruption, en même temps que de prendre soin du collectif et l’individu. Rappelant l’explication ci-dessus, nous parlons d’un « effet retardé de la performance » et non de « l’effet retardé des charges », précisément parce que, comme mentionné, cette méthodologie a comme hypothèse fondamentale que «ce qui contrôle l’énergie est l’information» et ce qui contrôle l’information c’est l’Articulation du Sens effectuée en fonction d’une Idée de jeu donnée (comme Intention-Préalable), qui garantira que la surcompensation qui se produit, est en relation avec certain aspect du « jouer » effectué, et en tant que tel aboutira à une amélioration qualitative d’un « jouer » concret dans la logique inhérente aux Principes Méthodologiques.
En complément de cette explication, il est logique de reprendre une approche du professeur Vítor Frade (2014) par rapport à cette compréhension concernant le Morphocycle Standard, à travers la citation suivante:
«…Par conséquent, c’est tout sauf abstrait, et plus défini, donc, c’est une performance, et ce n’est pas n’importe quel football. C’est un type de football, et c’est important pour moi. Et si je privilégie un schéma/motif particulier, non seulement les muscles mais aussi les métabolismes, etc., sont impliqués d’une manière différente. Je m’intéresse donc au fait que cette phase de parabiose se produise et non la «paranécrose» (c’est un terme qui n’existe pas, mais que j’utilise, c’est-à-dire la mort des tissus), c’est á dire, que ce stade d’exaltation soit possible, mais que ce ne soit pas l’effet retardé des charges, mais l’effet retardé des performances, qui est du groupe, qui est en relation avec le collectif».
C’est précisément dans ce sens que la compréhension de « ce qu’est la fente dans le passage des images neuronales aux images mentales » est suggérée puisque, comme Malabou (2004), le fait remarquer, c’est dans ce sens qu’il est logique de penser le passage du neuronal au mental, selon le modèle du passage de l’action de stockage du glycogène dans les muscles à l’action volontaire réalisée grâce à ces mêmes muscles.
La compréhension de ce double rôle de la molécule ATP et donc de l’importance que le processus d’entrainement est constitué sur une domination du métabolisme anaérobie alactique et des fibres rapides, ainsi que la notion des effets extensibles à d’autres structures qu’une adaptabilité basée dans un autre patron métabolique pourrait apporter, en relation avec des conditions générées, pour que le développement et l’apprentissage soient correctement réalisés, associés à la compréhension non seulement de la nature humaine et de la façon dont notre évolution s’est faite au détriment surtout des fibres rapides (étant donné la représentativité de ces dernières dans la mesure où, par exemple, ce sont eux qui résistent chez les personnes qui restent inactives pendant des années), mais aussi de la nature du propre jeu et la reconnaissance que c’est sur ce schéma bioénergétique que sont basés les moments qui marquent la différence (par la nécessité de donner des réponses rapides et précises), cela nous conduit à reconnaître que la création du Morphocycle Standard avait comme projet de jeu un « jouer » qui exacerberait ces prémisses, en garantissant la gestion de rythmes de jeu différents qui permettent, par exemple, l’élimination des substances toxiques et le remplacement des réserves de phosphocréatine afin de garantir la fraîcheur nécessaire à des interactions précises et efficaces dans des moments qui marquent la différence et qui se font, habituellement au détriment des fibres rapides et du métabolisme anaérobie alactique.
Bien que cela justifie et encourage une «inclination» pour une forme particulière de jeu, et surtout en ce qui concerne l’entrainement, il est important de souligner que la Périodisation Tactique est une méthodologie ouverte à l’opérationnalisation des Idées de Jeu les plus diverses, il est essentiel de prendre en compte les répercussions que chacune impliquera afin d’anticiper et de gérer le processus de la manière la plus appropriée.
En tenant compte du soin à prendre dans une période dans laquelle existe une faillite fonctionnelle et structurelle, il est important d’être sensible au dernier moment de ce processus afin d’essayer, individuellement d’obtenir quelques dividendes supplémentaires pour l’acquisition. Donc, le mercredi, ce qui est fondamental, ce sont les répétitions où l’acquisition individuelle se fera en effectuant quelque chose qui implique à un moment donné l’extensibilité maximale dans la contraction, puisque ces contraintes physiques, traduites par les cellules dans des instructions, modulant leur activité par l’action des interrupteurs Yap/Taz décrits par les investigations dans le domaine de la mécanobiologie (Piccolo, 2015) joueront un rôle décisif sur la forme des cellules (et des futures générations de cellules) et la façon dont ils s’associent entre eux et avec la matrice extracellulaire, ce qui définira la configuration complexe des organes. Une notion qui nous aide à comprendre l’importance de maximiser l’extensibilité, le mercredi, et la vitesse de déplacement le vendredi, afin de faciliter l’expression des gènes que nous avons normalement « dormants » dans le présent, en raison de la direction prise par notre espèce dans son évolution vers la sédentarité et l’urbanité, comme par exemple le gène relatif à la protéine appelée « velociphine », et avec sa maximisation conduire à la transcendance des fibres dites rapides.
La demande maximale de tension dans l’étirement dynamique ne peut pas être obtenue dans des situations jouées avec une densité élevée de freinage et d’accélération. Ainsi, puisque l’objectif fondamental de ce jour est l’acquisition individuelle (1/4 bleu), il est important de certifier que, individuellement, cette contrainte mécanique d’extensibilité maximale se produit. D’où l’utilisation de situations dites « analytiques » qui garantissent la concrétisation de la spécificité sollicité à ce jour, puisqu’il est plus important assurer qu’une extensibilité maximale soit atteinte une seule fois, que d’atteindre plusieurs fois des niveaux élevés, mais pas maximaux. Par conséquent, entre ces moments, il est crucial de « régler les boulons et écrous », c’est-à-dire l’étirement d’autre type, l’agilité d’autre type, de sorte que les conditions soient facilitées pour que cela se produise. Si, pour être acquis, il est important que l’individu se fatigue, il est important que dans ce type de répétitions individualisées, le joueur récupère. Une récupération réalisée non seulement par les pauses, mais aussi par la stimulation de cette échelle de la « balle bioénergétique » caractéristique de ce jour à travers des situations jouées.
Bien qu’ils soient « jeu », ils ont comme première préoccupation la récupération, et sont considérés comme des situations complémentairement importantes comme « acquisitives en interaction assistée », puisque les joueurs joueront dans une situation donnée dont la configuration sera propice dans un but précis, mais dans laquelle ils seront « sans faire appel au conscient », étant également important de s’assurer que, d’une certaine façon, le « football de rue » soit amené à l’entrainement pour qu’il y ait du plaisir, de la joie et de la compétition, et de cette façon soit impliqués les neurotransmetteurs (Science et avenir nº821) qui catalyseront cette diversité et cette créativité favorables à la récupération et à l’exponentiation de la variabilité, et qui, étant un jeu, et existant toujours dans l’imaginaire une Idée de jeu donnée, se constituera au niveau des habitudes et de l’agilisation visée, même en ce qui concerne les mécanismes neuronaux d’action, comme un gain.
Ce même type de situations, le mardi, seront fondamentales, car le problème clé ici est la récupération (d’où l’idée du vert clair du mardi concernant les situations fondamentales de ce jour, et présent sur les mercredis et vendredis, comme des situations complémentaires importantes telles que « acquisitives dans l’interaction assistée »). Comme mentionné, la récupération est problématisée dans cette méthodologie, en intervenant sur ce qui est fatigué, mais avec un dosage différent. C’est-à-dire que le modèle bioénergétique qui a conduit à la fatigue est stimulé, mais sur de courtes périodes (environ 1’/1′:30″), et avec des intervalles prolongés pour fournir l’action de la voie oxydative dans l’élimination des substances préjudiciables à l’organisme, comme par exemple l’acide lactique.
Parmi ces situations fondamentales mentionnées en ce jour, qui servent le but principal de la récupération, apparaît alors comme « la récupération de la récupération » le nommé « réglage des écrous et des boulons ». Afin d’augmenter la variabilité et l’adaptabilité transversale aux niveaux physiologique, neuronal, locomoteur, etc…, il est essentiel que la stimulation de l’agilité permette d’élargir les limites du possible, donc avec une équipe qui domine le jeu par le sol, jouer au «foot-volley» avec le filet élevé par exemple, c’est une stratégie favorisant la maximisation de la fonctionnalité structurelle, en contribuant à la « non-fermeture » de ceux-ci, dans des moments de récupération de « petites doses de venin ». C’est également pour cette raison que le jeu GDB + 3×3 + GDB est suggéré, dans lequel la proportion de sollicitation requise de la part de chacun des trois joueurs impliqués tend à être relativement approximative, et qui, en tant que jeu, est naturellement plus enclin à l' » esprit de football de rue » souhaité.
Comme c’est le jeudi que s’achève le processus de surcompensation collective du match (dimanche), c’est seulement dans ce jour que l’équipe pourra vivre des contextes avec une complexité inhérente à une plus grande incidence sur le plan macro relatif aux invariants structurels de l’Identité Collective (les Principes Macro). Ainsi, c’est le jour où les conditions d’exercice sont plus proches du jour du match, cherchant à générer une nouvelle « performance collective » dans l’exacerbation des macro-référentielles du « jouer », étant aussi le jour d’une plus grande continuité dans les situations d’exercice, tout en garantissant toujours qu’il s’agit de faire durer le motif/schéma de contraction musculaire/bioénergétique résultant de la combinaison du bleu par rapport au mercredi et du jaune par rapport au vendredi, c’est-à-dire surcompenser la durabilité de ce patron, ce qui rend beaucoup plus significatif, par exemple, de diviser une situation donnée en 4 répétitions de 8 minutes, plutôt que d’effectuer 30 minutes d’affilée, dans lesquelles le modèle bioénergétique deviendrait, bien sûr, un autre. Par conséquent, ce sont les conditions d’acquisitions les plus épuisantes, et par leur typologie cela nécessite un fractionnement sensible de la session afin que le patron bioénergétique impliqué soit effectivement celui souhaité, étant ainsi le jour où il serait même le plus pratique de diviser la session en deux (ou plus) moments dans la journée, afin de fournir un plus grand temps de récupération entre les situations d’exercice.
Le vendredi, la logique est la même que le mercredi. Cependant, le fondamental, étant quelque chose sans entraves, (sans freinage, changements de direction, sauts), étant sur la maximisation de la vitesse de contraction, il est important de fournir une certaine distance (environ 20 mètres) afin que les individus puissent atteindre leur vitesse maximale, et de façon à ce que l’individu ne domine pas complètement la situation. Par conséquent, devoir échapper à quelque chose, arriver le premier, et l’intervention doit se concentrer sur ceci, sur l’atteinte de cette vitesse maximale, et pas tant sur la qualité de l’action avec le ballon de l’autre joueur, si c’est le cas de la situation, comme serait par exemple dans le cas où vous devez courir après quelqu’un pour empêcher la finalisation. Entre les deux il y aura des situations complémentaires importantes comme «importantes dans l’interaction assistée», c’est-à-dire que des situations jouées qui servent essentiellement à la récupération de ce qui est fondamental, il n’y a pas de sens qu’elles soient trop longues dans le temps et l’espace.
En ce qui concerne la logique inhérente au samedi, étant la veille du match, il est d’une importance particulière la maxime transversale à l’ensemble du Morphocycle Standard, ce que le professeur Vitor Frade mentionne à plusieurs reprises sur le fait que « la récupération est plus importante que l’effort », puisque l’effort n’est maximisé que lorsque l’on est est frais, préparé pour cela, afin de capitaliser ses dividendes. Comme souligné par le neuroscientifique Rui Costa (2013), « personne ne prend en compte le fait que le cerveau peut également avoir une rupture musculaire », ce qui, en référence à la globalité de l’être humain que nous avons soulignée, doit être dûment pris en compte, en particulier pour ceux qui aspirent à » s’entraîner-jouer » avec qualité.
Ainsi, comme le jeu se caractérise aussi par sa nature chaotique, modélisée de telle sorte qu’il s’agit d’un chaos déterministe, il doit être vécu dans un « état de vigilance », en faisant appel à des « mécanismes non mécaniques » dans l’interaction permanente avec l’environnement. Le samedi cherche à répondre à ces problèmes, à la nécessité de « jeter » les joueurs dans des contextes où ils doivent être en état de vigilance, mais en veillant à ne pas générer de fatigue, compte tenu de la proximité du match, pour lequel il sera essentiel que le joueur arrive frais et dispos.
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