Le 29 avril 2010, la Brigade Sud Nice 1985 (BSN) est officiellement dissoute comme d’autres associations de groupes de supporters partout en France. Deux ans après Jonathan S., membre du groupe depuis onze ans, accepte de revenir sur cet évènement.
Il y a 2 ans, la BSN avait été officiellement dissoute par un décret du ministère de l’Intérieur. Qu’est-ce que ça a changé au juste ?
J.S.: Pour nous cela n’a rien changé étant donné que quelques jours après le fameux Monaco-Nice, nous avions prononcé notre mise en sommeil. On est bien chez nous. En revoyant les vidéos des matchs depuis la dissolution et sur une durée de 6 mois, on constate que nous avons repris tranquillement et sûrement le contrôle de notre tribune en chassant dans un premier temps toute police dans la tribune, puis en reprenant nos activités vocales et visuelles.
Le groupe a été enrayé par les textes officiels « à cause des incidents de Monaco ». Pourtant, les dissolutions concernent d’autres associations partout en France. Est-ce l’ensemble du « mouvement ultra » qui était visé selon toi ?
J.S. : Sur le long terme, l’ensemble du mouvement ultra était visé. Pour le principe médiatique il fallait d’autres groupes que les ultras du PSG pour ne pas faire de distinctions entre les groupes ultras ayant des réputations plus ou moins bonnes. Ils devaient aussi le faire afin que les ultras du PSG ne crient pas à l’acharnement.
Pourtant, il fallait bien prendre des mesures à Nice comme ailleurs…
J.S. : Non, car administrativement ce n’est pas appliquable étant donné que nous ne nous sommes jamais déclarés en tant qu’association 1901. Il ne peut pas y avoir de reconstruction étant donné que nous ne sommes même pas constitués à la base. On ne peut pas nous empêcher de nous voir. Il y a même des familles entières qui sont là. De plus on a le soutien de la ville, du club et des spectateurs en général.
Les ultras de France dénoncent une « chasse aux ultras », pourquoi ?
J.S. : Parce que c’est une volonté politique de l’Etat qui préfère s’occuper des mauvais et vilains supporters au lieu de s’occuper des problèmes de sécurité dans les villes et dans les banlieues, de régler les problèmes de crise et de chômage.
Tu penses que c’est lié à l’Euro 2016 qui se déroule sur le sol français ?
J.S. : l’Euro 2016 est un pretexte pour asseoir des décisions discriminatoires , intempestives et qui ne vont pas dans le bon sens puisque la disssolution n’arrange rien du tout. La situation est même pire qu’avant puisqu’il n’y a plus aucun dialogue avec qui que se soit.
Comment voit-on la situation des ultras du PSG à Nice ? On s’en fout parce que c’est Paris ou vous faites abstraction de la rivalité dans ces moments là ?
J.S. : Nous avons déja organisé une manifestation en mai 2008 en prévision de ce que l’Etat envisageait de faire et qui s’applique maintenant malheureusement. Il ne faut pas oublier que tous les groupes ultras forment une seule famille et cela ne nous empêche pas de nous mettre dessus s’il le faut. Contrairement aux autres groupes qui n’ont pas compris le processus depuis les années 2000, nous avons fermement condamné la dissolution des Boulogne Boys par rapport à l’ensemble des faits mais tout le monde n’en n’a pas pris conscience et depuis le mouvement ultra s’est tassé sans se soumettre.
Crois-tu que c’est le début d’une « union sacrée » des ultras en France ?
J.S. : Non, d’ailleurs la CNU (ndlr : Coordination Nationale des Ultras) n’a jamais fonctionné comme il aurait fallu. Il y a toujours eu plusieurs groupes dans les CNU : les Stéphanois et Bordelais ainsi que quelques clubs d’un coté, la guerre entre Paris et Marseille, et ensuite tout le reste des ultras.
Crains-tu que pour attirer les investisseurs étrangers, on fasse comme à Paris c’est à dire aseptiser le stade puis augmenter les tarifs pour éradiquer les spectateurs d’une « classe populaire » ?
J.S. : Ce n’est pas applicable en France, le modèle anglais ne fonctionnera pas ici. Si les prix des places sont trop chers les supporters bouderont les stades et les clubs auront des stades vides. Qu’ils doublent les prix et l’affluence sera divisée par deux, déjà qu’elle n’est pas bonne…
On fait souvent l’amalgame entre ultra et hooligan. Pourtant ce n’est pas la même chose…
J.S. : Pas du tout ! Les hooligans viennent de la culture anglaise et les ultras de la culture italienne. Ce n’est pas du tout la même chose. Pour les hooligans seuls la bagarre et les incidents comptent. D’ailleurs, ils s’en foutent d’être dans un stade de foot, les hooligans ce qu’ils veulent c’est casser des adversaires ou des forces de l’ordre.
Propos recueillis par Adrien Verrecchia