C’est l’entraîneur qui monte. Au moins, de National en Ligue 2. L’ancien coach des jeunes puis de la réserve du PSG a mené Créteil au titre la saison passée. Pour ses premiers pas en Ligue 2 sur un banc, il continue d’impressionner en enchaînant les résultats avec la manière. En direct sur IDFM ce lundi, le coach francilien s’est confié sur le début de saison convaincant de ses joueurs.
Vous êtes sur une série de 3 victoires consécutives, 2 en championnat, une en Coupe. On rappelle que vous êtes champion de National. Plus rien ne vous arrête en ce moment ! Quel est le secret de votre réussite ?
Jean-Luc Vasseur : Plus rien ne nous arrête, si, on a perdu les matchs amicaux (rire) ! Le secret de notre réussite c’est un groupe qui s’est construit il y a deux ans. C’est la continuité, c’est la confiance conférée à ce groupe qui mûrit qui est peaufiné chaque année. Voilà, si c’est un secret, on le dévoile.
Alors, on est obligé de vous poser la question. Tous les ans pratiquement en Ligue 2, il y a un promu qui finit dans le trio de tête. Ce sera Créteil cette année ?
JLV : Non. L’année dernière, je crois que c’était Nîmes qui avait fait une très belle partie de championnat et qui avait fini huitième. Non, on n’a pas les moyens de Bastia et d’Evian-Thonon. On va de toute façon s’accrocher pour faire le meilleur parcours possible. Mais là on n’est qu’à la deuxième journée vous savez, le championnat est très très long. J’apparente toujours ça à un marathon, on est bien parti. Mais il faudra faire attention aux murs qu’on pourra rencontrer pendant le marathon.
En tout cas, votre équipe a des qualités intéressantes, elle est athlétique, produit un gros volume de jeu. Il y a toujours du spectacle avec l’US Créteil. Vous pouvez au moins viser un maintien confortable ?
JLV : Le maintien, je ne sais pas s’il est confortable mais c’est notre priorité dans un premier temps. Après oui, on vante souvent les qualités athlétiques parce qu’on a des joueurs de taille. Mais je crois qu’aujourd’hui on produit du jeu, on ne marque pas des buts par hasard, on a une possession de balle. Donc c’est une volonté de tous et les joueurs ont adopté cette philosophie. Quand bien même, c’est difficile aujourd’hui de jouer au foot.
Jordan Ikoko vous a rejoint la semaine dernière en provenance du PSG. Pouvez-vous nous parler un peu de cette nouvelle recrue ?
JLV : Jordan fait partie de tous ces talents du Paris Saint-Germain qui sont en manque de temps de jeu. Je pense qu’il a fait le bon choix en prenant le risque de rejoindre un effectif de Ligue 2. Il va découvrir un autre club, d’autres contraintes liées à ce type de clubs. Il a eu le courage de quitter le confort. J’espère qu’à la fin de la saison il aura fait le bon choix de venir, et puis que nous on aura bien fait de l’avoir pris.
C’est un défenseur latéral, c’est bien ça ?
JLV : C’est un latéral, bien sûr, avec des qualités d’explosivité et de vitesse. C’est un joueur qui est porté vers l’avant. Donc, tout ce qu’on souhaite aujourd’hui à Créteil.
Est-ce que les supporters peuvent s’attendre à d’autres renforts avant la fin du mercato ? Quel type de joueur, ou en tout cas à quel poste ?
JLV : Il est possible de faire encore quelques retouches, vous savez que le mercato est ouvert jusqu’au 2 septembre. On utilisera tous nos moyens, si on part bien et qu’on fait quelques tours de Coupe de la Ligue, c’est de l’argent en plus. Mais pour revenir sur les supporters, on les attend nombreux au stade parce qu’aujourd’hui on a vraiment besoin d’un douzième homme et je pense que ce sera la plus belle des recrues !
Justement, vous sentez un engouement pour les résultats que vous avez actuellement avec Créteil ?
JLV : Ça vient. Effectivement c’est le vendredi soir alors il y a des avantages, des inconvénients. Je pense qu’on est trop méconnu, l’année dernière on avait marqué 68 buts on était l’équipe la plus prolifique. Cette année on repart sur les mêmes chapeaux de roue. De toute façon, il y aura des buts. L’année dernière on se faisait battre 3-0 parce qu’on a toujours cette volonté d’aller vers l’avant donc d’offrir du spectacle. On ne les laissera pas indifférents, qu’ils viennent nombreux parce que sincèrement c’est ce qui est important aujourd’hui et qui fait la différence par rapport aux grandes équipes Caen, Lens qui ont du monde. Et je peux vous dire, quand vous êtes un joueur et que vous jouez devant énormément de monde, et puis qu’on vous pousse, vous êtes transcendé et vous êtes encore bien meilleur.
Ces spectateurs, ils vont avoir l’occasion de vous voir puisque vous disputerez un total de 7 matchs au mois d’août. C’est quand même beaucoup pour une reprise, comment allez-vous gérer la fatigue Jean-Luc ?
JLV : Alors 7 matchs, mais 5 à l’extérieur et 2 à Duvauchelle. Comment on la gère, on essaye de trouver des idées novatrices dans le foot mais pas forcément dans les sports collectifs. On a fait de la cryothérapie il n’y a pas très longtemps. On ne s’appuie pas sur un effectif pléthorique. S’il faut faire appel aux jeunes du club, on fera appel aux jeunes du club. On aura des moyens, on les utilisera et puis on jouera crânement notre chance.
Du coup ce week-end c’est le choc au sommet, vous allez à Caen c’est le leader qui reçoit son dauphin. Dans quel état d’esprit abordez-vous ce match ? Pas de pression ?
JLV : Comme tous nos matchs, on ne se met pas la pression. Justement. Ce n’est surtout pas ce qu’il faut faire. La pression, c’est plutôt chez les autres. Maintenant on fait une performance à Caen, c’est très bien. Si on n’en fait pas, on ne nous en voudra certainement pas. Parce que je vous le dis, on part sur le maintien et la saison va être très longue.
« Le PSG est en capacité de gagner la Champions League »
Vous avez été entraîneur chez les jeunes au PSG ainsi qu’avec la réserve, j’imagine que ça doit vous faire plaisir l’apparition de jeunes prometteurs comme Hervin Ongenda ou Kingsley Coman ?
JLV : Bien sûr, toujours. Mais il y en a eu d’autres avant. Il y a eu Rabiot, Sakho, Chantôme, tous ces joueurs-là que j’ai eu la chance d’avoir avec moi quelques temps. C’est toujours plaisant de voir l’évolution. Et puis ça nous permet de connaitre les potentiels estimés à l’époque quand on les avait et aujourd‘hui dans la réalité. Là-dessus, on ne s’est pas trop trompé, mais c’est vraiment parce que ce sont des joueurs de qualité. Maintenant si le Paris Saint-Germain veut bien nous en prêter un ou deux, on n’est pas contre hein ! Nous on leur offrira un peu de temps de jeu afin qu’ils puissent exprimer tout le potentiel qu’ils ont.
Justement je crois que Mamadou Sakho est sur le départ Jean-Luc, ça vous intéresse ?
JLV : Ah si Mamadou veut bien venir, il n’y a pas de souci et il est le bienvenu ! Je pense qu’il aime bien le jeu aussi, il aime bien repartir de derrière et avoir la possession de balle. Ce ne sera pas facile non plus, à lui de voir. Par contre, il vient bénévolement bien sûr ! (rire)
Que pensez-vous de ce PSG pléthorique ?
JLV : J’entends beaucoup de critiques sur les salaires, il faut être fier aujourd’hui d’avoir un championnat attractif. C’est une bonne chose bien sûr d’avoir des joueurs de qualités. Je me régale de voir l’équipe du PSG, Monaco, Lyon, Saint-Etienne et tous ces clubs-là. Et puis il ne faut plus faire de la figuration en Champions League. On est en capacité de la gagner et de taquiner le carré. C’est ça qui est important aujourd’hui, c’est comme ça qu’il faut voir les choses. Mais moi je vois ça d’un très bon œil, après il faudrait effectivement qu’ils investissent un peu plus sur le marché français. Pour faire tourner un peu l’économie française parce qu’il y a de très bons joueurs. Malheureusement, les joueurs français sont toujours obligés de partir parce que les clubs sont dans incapacité de les garder. Si on arrivait à inverser la tendance, je peux vous dire qu’on aurait certainement le meilleur championnat d’Europe.
On en a parlé, Jordan Ikoko arrive à Créteil en provenance du PSG. Vous connaissez parfaitement les jeunes parisiens, est-ce qu’un rapprochement entre les deux clubs est envisageable ?
JLV : C’est toujours compliqué. On a d’autres chantiers prioritaires chez nous aujourd’hui. C’est de développer notre formation, améliorer nos catégories jeunes au moins dans les championnats. Un rapprochement, c’est pas impossible. Mais il faut que les deux clubs gardent leur identité. Il y a possibilité mais Jordan sera un peu un test. Même si je pense que ce sera positif parce que c’est un joueur de qualité. Il faudra voir en fin de saison si toutes les parties ont été satisfaites de cette entente.
Il y a un vieux serpent de mer qui revient régulièrement. On attend un deuxième grand club en région parisienne, il y a un projet à ce niveau-là du côté de Duvauchelle ?
JLV : Quand vous faîtes un championnat, vous essayez de finir à la meilleure place possible. Maintenant, pourquoi un deuxième club ? Il en faudrait plusieurs autres, je pense que Paris a la capacité d’abriter plusieurs clubs. Il y a des clubs historiques qui sont pour l’instant en National qui peuvent aussi avoir la capacité de remonter. Le serpent de mer, c’est de parler d’un deuxième club. Moi, je serais plutôt en train de me dire qu’à Paris il y a la capacité d’en avoir 3-4. Je prends toujours un exemple, c’est nos amis corses. Dans une région où il y a peu d’habitants, ils ont quand même deux équipes en Ligue 1, une en Ligue 2 et une en National. Si on pouvait déjà, nous, avoir ça… C’est plutôt ça qu’il faut qu’on vise en région parisienne. Maintenant, on est très satisfait que ce soit Créteil qui soit le deuxième club, mais il ne faut pas voir ça que d’un côté. Il faut voir ça sur une globalité, et je peux vous dire, le foot parisien est doté de nombreux talents.
Propos recueillis par Adrien Verrecchia en direct sur IDFM