Après plus de 11 ans d’absence, le derby de Vérone reprend ses droits samedi à 18 heures au Bentegodi. Histoire d’un derby qui n’a de derby que le nom.
Ce n’est pas nouveau, l’Italie est une terre de derby. Ils sont au nombre de cinq cette saison. Cinq villes à se disputer l’hégémonie de la cité. Vous connaissez sans doute les Milan-Inter, Juve-Torino, Sampdoria-Genoa et autre Roma-Lazio. Mais saviez-vous que la petite ville de Vérone d’à peine 263 964 habitants possédait elle aussi deux clubs dans l’élite du football italien ? Pas certain. À vrai dire, les précédents ne sont pas très nombreux entre les deux clubs. Seulement dix confrontations dans l’histoire, dont 8 en Serie B, la dernière remontant à la saison 2001-2002.
L’Hellas, le club de Vérone
Fondé en 1903 par des étudiants, l’Hellas est l’un des plus anciens et historiques clubs italiens. Son âge d’or remonte aux années 80 quand le seul Scudetto de son histoire est déroché en 1984-1985, devant des clubs beaucoup plus prestigieux et mieux armés. Véritable exploit de la « magica Verona » qui restera gravé dans les mémoires des tifosi qui ont pu voir leur équipe accéder à 3 finales de Coupe et disputer plusieurs matchs de Coupe d’Europe (une participation à la C1, deux à la C3). Mais l’institution la plus populaire de Vérone a connu aussi beaucoup de bas avec 51 saisons passées en Serie B et 6 en Lega Pro.
Les couleurs du club, comme celles du Chievo d’ailleurs, sont le jaune et le bleu avec des escaliers, ccouleurs et symbole de la ville de Vérone en hommage à la famille qui gouverna la ville du XIIIème eau XIVème siècle.
Il est toujours bon de rappeler qu’il n’y a aucune comparaison possible entre l’Hellas et le Chievo en termes de représentativité et de popularité. L’Hellas est LE club de Vérone. Les tifosi de l’Hellas sont très proches de leur équipe, ce lien fort a été accentué avec le Scudetto de 1985. Même quand le club était au fond du trou (Lega Pro), les tifosi étaient toujours l et ne rechignaient pas à se déplacer à l’autre bout de l’Italie.
Les ultras du Hellas ont toujours été un modèle d’organisation réputé et puissant à l’image des Brigate Gialloblù groupe disparu aujourd’hui, mais dont l’esprit et la mentalité demeurent toujours dans la Curva Sud du Bentegodi. Ce groupe de supporters, fondé en 1971, aura malgré tout cristallisé l’ensemble des reproches dont fut accusé le mouvement ultra italien, notamment pour leurs revendications politiques et leur appartenance assumée à l’extrême droite, engagement nouveau à l’époque où la quasi-totalité des curve italiennes étaient davantage orientées à gauche.
Mais la dissolution de ce groupe mythique en 1991 n’a en rien entamé l’enthousiasme et la ferveur des tifosi. En 2007, alors que le club est relégué en Serie C après un revers contre la Spezia, et alors que ces derniers fêtaient leur victoire sous leurs yeux, les ultras du Hellas restent dans le stade à soutenir l’équipe à travers des chants. Un moment fort qui résulte de la passion infaillible de ces fidèles, toujours présents, dans la victoire comme dans la défaite.
Ainsi quand le club est remonté en Serie A l’été dernier, ils étaient 13 000 regroupés dans les arènes de Vérone pour fêter cette renaissance après des années de galère. Scènes de liesse après ce retour en Serie A qui se combina avec l’anniversaire des 110 ans du club. Un moment fort.
Le Chievo, le petit club qui monte
Contrairement à l’Hellas et à son prestigieux passé, le Chievo n’a pas une histoire aussi riche. Pas de fait majeur. Pas de coup d’éclat. Pas de Scudetto ou de Coupe. Et pour cause, le Chievo peut être considéré comme un club « neuf », dont l’essentiel est encore à écrire.
Petit quartier de Vérone avec à peine 2500 habitants, le Chievo a été fondé en 1929 et n’a connu la Serie B qu’en 1994 et la Serie A qu’en 2001. En revanche, depuis, contrairement à son voisin, le deuxième club de Vérone a toujours évolué au moins en Serie B grâce notamment à la famille Campedelli.
Malgré une histoire relativement récente, le Chievo a quelques faits d’armes a mettre à son actif. Lors de la saison 2000-2001, leur première dans l’élite du football italien, l’actuel club du français Theréau a réussi l’exploit de se qualifier pour la C3 sous la houlette de Del Neri. Jamais jusque-là le club n’avait disputé de Coupe d’Europe. Et malheureusement pour eux, l’aventure n’ira pas loin puisqu’ils seront sortis dès les barrages par l’Etoile Rouge de Belgrade. En 2005-2006, le Chievo parvient de nouveau à se hisser dans les places européennes et disputera même les barrages de C1, suite à l’affaire du Calciopoli mais échouera de nouveau contre les Portugais de Braga pour se qualifier en phase de poules de C3.
Même s’il est compliqué de comparer les tifosi du Chievo avec ceux du Hellas, beaucoup plus nombreux et ayant une vraie tradition ultra, ces derniers parviennent malgré tout à exister ces dernières années et à s’organiser à travers différents groupes dont le plus connu et influent « North Side », en opposition aux ultras du Hellas, postés dans la Curva Sud du Bentegodi. D’autres groupes ont été crées avec notamment les « The Followers », à connotation british également dans leur organisation, les « Chievo 1929 » ou encore les « Gate 7 », le groupe le plus jeune et radical.
Les tifosi du Chievo se distinguent pour n’avoir aucune couleur politique – à l’inverse de ceux du Hellas – et pour leur bon comportement et attitude. Ils ont d’ailleurs plusieurs fois remporté le « Premio Gaetano Scirea » comme tifoseria italienne la plus « correcte ».
Une rivalité récente
Il serait erroné de parler de rivalité exacerbée entre les deux clubs tant, comme déjà dit plus haut, l’Hellas est LE club de Vérone. le plus populaire, celui qui compte le plus de tifosi et celui qui émeut la ville une fois par semaine. Lors des matchs du Hellas à domicile, les abords du Bentegodi grouillent de monde, on sent très bien l’effervescence autour du club tandis que, pour le Chievo, les alentours sont plutôt calmes et déserts avant le match. Ce derby, que l’on peut qualifier malgré tout d’intra-muros a gagné en intensité et en passion depuis quelques années, du fait de la bonne conduite du Chievo en Serie A et des difficultés du Hellas, même si la courbe ne s’inverse pas. Si bien que, si il y a quelques années les tifosi du Hellas méprisaient et faisaient comme si leurs homologues du Chievo n’existaient pas, depuis, un semblant de rivalité semble se créer entre les deux tifoserie.
En 2001, date du dernier derby disputé (en Serie A), les ultras du Hellas avaient déployé une banderole sur laquelle on pouvait lire « Quand les Mussi (ânes, surnom pour le Chievo) voleront, nous ferons le derby en Serie A ». À l’occasion de ces retrouvailles entre cousins dans l’élite, les tifosi du Chievo avaient organisé une chorégraphie avec des ânes qui volaient. Reste à voir si depuis, les mouches n’ont pas changé d’âne.
Avec Carlomaria Bottacini et Thibaut V.
Article plus équilibré que celui portant sur l’Hellas et Livorno, les premiers étant présentés comme des descendants directs d’Hitler, et les seconds comme de doux humanistes.
Les Livornese sont des extrémistes qui profitent de l’indulgence du pouvoir italien pour l’extrême gauche afin de commettre des actes répréhensibles en toute impunité. Quand en coupe ils tombent sur des villes de Toscane avec lesquelles la rivalité n’est pas politique mais historique (Florence, Empoli, Pise, Sienne, Grosseto, etc.) on est assuré d’avoir des débordements et des provocations.
Il faut dire que vivre dans la plus belle région d’Italie, mais dans une des plus vilaines villes du pays (ex-aequo avec Bari et Potenza, plus moches mais moins sales) ça a de quoi rendre fou furieux!