Dans ce deuxième numéro de « Ils se détestent » nous allons vous proposer de voyager en Amérique Centrale. Effectivement c’est au Mexique où va avoir lieu l’un des plus beaux rendez-vous du week-end sur la planète football dans la nuit de Dimanche à Lundi à 01h00; le Superclásico entre Chivas Guadalajara et l’América de Mexico! Nous allons essayer de vous faire découvrir comme chaque semaine un match qui déchaîne les passions de l’autre côté de l’Atlantique que ce soit sur le terrain ou dans les tribunes… Récit…
Le club de la capitale contre le club de la province, les Mexicains pur jus contre les mercenaires, formation contre portefeuille bien garni… Voilà comment on pourrait résumer ce match de football en quelques mots. Les origines de ce Clásico de Clásicos datent de la fin des années 50. Le pays voit Nexaca et Atlante les deux club les plus populaires à l’époque sombrer dans une crise sans précédent. C’est à ce moment là que les Mexicains commencent à vibrer au rythme des exploits du Chivas et de ses jeunes du pays qui renversent tout sur leur passage. Mais une rivalité se construit à deux et les Chivas vont vite trouver un candidat sérieux avec l’America de Mexico. Achetée par une personnalité des médias, Emilio Azcárraga, la rivalité va très vite prendre forme. Le propriétaire s’en chargera en déclarant « Les Chivas, dans un film, ce sont les gentils, avec leurs joueurs mexicains. De nôtre côté, nous allons acheter les meilleurs étrangers pour devenir les méchants ». La rivalité en tant que telle est née en 1959. Lors d’une tournée à Guadalajara, l’ América bat trois clubs sur le score de 2-0. Chambreur, l’entraîneur du club de la capitale Fernando Marcos annonce que le code téléphonique de la ville a changé : il faudra désormais composer le 20-20-20… Du côté de Guadalajara, la plaisanterie ne fait pas rire du tout. Les Rojiblancos décident alors de prendre leur revanche. L’année suivante, ils s’exécutent en s’imposant… 2-0 bien entendu. La guerre est déclarée. Voilà comment avec quelques déclarations assez piquantes, est né ce superclasico qui plus de 50ans plus tard déchaîne encore les passions…
Chivas Guadalajara, l’ogre Mexicain
Le club de Guadalajara est actuellement le plus titré du Mexique avec 11 titres et est aussi le plus populaire dans ce pays. Alors tous ces titres ont certes aider à faire gagner ce club en popularité mais ce que représente celui-ci aux yeux de ses supporteurs et du pays tout entier ne s’arrêtes pas la… En effet les Chivas ont toujours voulu conserver une identité très forte en faisant jouer seulement que des joueurs mexicains. Dans un pays aussi patriotique voire nationaliste que le Mexique cela séduit forcément. Seuls l’Athletic Bilbao en Espagne (joueurs basques uniquement) et le Deportivo Saprissa au Costa Rica (joueurs costariciens uniquement) pratiquent une telle sélection. Côté tribunes c’est le groupe « La Irreverente » qui anime l’enceinte toute récente des Chivas; l’ Estadio Omnilife plus communément appelé Estadio Chivas. La Barra Brava est atypique du style de supporterisme mexicain avec des tifos de qualités, des virages colorés grâce à une animation constante de drapeaux et des chants continus pendant 90 minutes pour soutenir leur onze préféré. Alors attention le Mexique ce n’est pas l’Amérique du Sud et les hinchadas ne sont pas aussi puissante que leurs homologues argentines ou brésilienne pour ne citer que celles la. Mais les Mexicains restent des grands passionnés de ballon rond et les hinchas font partie à part entière de la vie du club. Pour exemple, dans les années 1990, la grande star de Guadalajara est Ramón Ramírez. En difficulté financière, les dirigeants du club décident de le vendre… à America ! Furieux, les supporteurs organisent des manifestations pour protester contre cette décision. Le joueur lui-même se dit opposé à ce transfert. Au bout du compte, Ramírez ne portera le maillot jaune que pendant six mois, au cours desquels il ne sera que l’ombre de lui-même. Après un bref passage aux Tigres de Nuevo León, l’international mexicain retrouvera son club de cœur, où il passera encore de nombreuses saisons. Cette passion pour le football est présente dans beaucoup de clubs du pays et à Guadalajara on ne déroge pas à la règle…
CF America, Les millionnaires
Contrairement à son ennemi le club de la Capitale mexicaine ne peut se vanter d’être le clubs le plus titré du pays. Avec 10 titres de champion au compteur il en compte un de retard sur les Chivas. En revanche l’America est le club qui a été le plus sacré au niveau continental (Zone Concacaf) avec 8 titres internationaux. Autant vous dire que les supporteurs de « Las Águilas » aiment se remémorer l’histoire. Certe ces titres ont été remporté avec des investissements financiers importants mais l’America jouit d’une popularité exceptionnelle aussi dans le pays, même si ce sont les Chivas qui se considèrent comme club du peuple. Cette rivalité a beaucoup de points commun avec le SuperClasico Boca Juniors-River Plate en Argentine au niveau philosophique. Les jaune et bleu évoluent dans l’Estadio Azteca, qui pour la petite anecdote est le seul stade au monde à avoir accueilli deux finales de Coupe du Monde (1970 et 1986). Les Barras qui animent les virages de cette magnifique enceinte sont La Monumental, la Ritual del Kaoz et la Disturbio. La « Monu » et la Disturbio se partagent le première anneau situé juste derrière le but alors que la Ritual del Kaoz se charge des festivités au deuxième anneau. Mais à l’exterieur comme ce sera le cas ce week-end les trois groupes cohabitent dans le secteur visitante. Les hinchas Americanistas restent assez impressionnant. Dans un stade peut-être disproportionné (110.000 places) qui parfois pourrait sonner assez creux ils assurent avec un très bon bloc et une puissance vocale assez rare dans le pays malgré, comme on vous l’a expliquer plus haut, des chants très variés et constant dans la durée. Nul doute que dimanche « los Millonetas » (Les millionnaires) comme les appellent les hinchas du Chivas voudront se faire entendre tout aussi fort mais cette fois dans un stade beaucoup plus hostile que d’habitude…
Un championnat « américanisé » mais passionnant
Nous sommes actuellement à la 11 ème journée de ce tournoi de clôture mexicain. Le club hôte du soir, les Chivas, pointent à la 9 ème place du classement à un petit point de la 8 ème place dernière qualificative pour la phase finale du championnat. L’America est quant a lui troisième, et sauf une énorme chute du club de Mexico, devrait y accéder sans trop de soucis. Le défi sera surtout d’essayer d’écarter le rival historique pour l’empêcher de disputer cette phase finale. De toute façon un Superclasico c’est toujours particulier et comme souvent, les statistiques et les étiquettes de favoris ne vaudront plus grand-chose. Tout sera question de passion : celui qui saura le mieux s’en servir aura de grandes chances de s’imposer… Beaucoup reproche cette formule de championnat un peu « Américanisé » qui donne lieu a des play-offs, phase finale etc.. De même pour le système de relégation qui se calcule sur la moyenne de points obtenus lors des trois dernières saisons. Mais cela, à la décharge du championnat mexicain, est utilisé à peu près dans tous les pays d’Amérique centrale et du sud pour protéger les « gros poissons ». Ne vous fiez pas aux apparences le championnat mexicain est extrêmement passionnant avec beaucoup de jeunes talents prêt à exploser aux grands jours, pour preuve ces Jeux Olympiques gagnés l’année dernière avec les jeunes du championnat local.
Voilà vous n’avez plus aucune excuse pour rater le match de l’année au Mexique comme le veut la tradition, tout le pays retiendra son souffle pendant 90 minutes, hypnotisé par le combat que se livreront les deux ennemis.