Dimanche à 17 heures, la Premier League nous offre le premier derby londonien de cette troisième journée de championnat, Arsenal-Tottenham. Londres compte cette saison six clubs en première division avec sa multitude de tensions. Toutefois, le « North London derby » est une rivalité historique vieille de 100 ans opposant ces deux clubs mythiques. Zoom sur l’antagonisme opposant ces deux clubs du nord de la capitale anglaise.
Le premier acte Arsenal-Tottenham a débuté lors d’un match amical le 11 novembre 1887. Ce match est tout un symbole, les Spurs mènent au score 2-1 mais la partie est interrompue à la 75eme minute en raison de l’obscurité. Cette confrontation est le commencement d’une rivalité qui débutera quelques années plus tard. En 1913, les Gunners déménagent de l’Est londonien au nord de Londres dans le quartier d’Highbury. Quelques kilomètres séparent le stade d’Arsenal de White Hart Line, l’antre des Lilywhites. Tous les éléments sont réunis pour qu’une rivalité locale débute. Cependant, il faut attendre 1919 pour qu’une véritable haine oppose les deux clubs. En 1915, Arsenal se contente d’une 5eme place dans la seconde division anglaise alors que Tottenham termine dernier de la Football League First Division (1ère division). Première Guerre mondiale oblige, le championnat est suspendu le temps du conflit. Quand le football reprend ses droits, la décision est prise de densifier l’élite de 20 à 22 clubs. Un vote est organisé pour choisir les futurs participants du championnat. Tottenham se voit donc relégué en seconde division alors que leur futur rival n’ayant terminé « que » 5eme est promu. Cette promotion fait polémique en raison de l’influence du président d’Arsenal, Henry Norris. Les Spurs crient au scandale et dénoncent l’utilisation de pots de vins mais n’arrivent pas à prouver cette malversation supposée. Malgré tout, la saison suivante Tottenham est promu en première division entraînant les premiers derbies londoniens à fort engagement.
Des derbies décisifs
Le « North London derby » est toujours un match particulier tant pour les joueurs que les supporters. André Villas Boas, le manager des Spurs, l’a bien compris. « Vous ne mesurez pas l’importance de ce match. La passion qui en découle est extrêmement forte. Cela reste cependant un match à trois points, mais cela représente beaucoup plus dans l’histoire des derbies du Nord de Londres. » Des oppositions à enjeux importants ont vu s’affronter les deux équipes pour remplir l’armoire à trophée. En 1971, lors de la dernière journée de championnat, Arsenal se déplace à White Hart Line avec comme seul objectif le titre de champion d’Angleterre. En effet, une victoire ou un 0-0 suffisait aux Gunners pour être sacrés champions. Après un match serré, Arsenal l’emporte sur le plus petit des scores et devint champion pour la 8ème fois de son histoire sur le terrain de son éternel ennemi. Un nouveau record est établi par Arsenal en 2004 dont Tottenham est encore une fois la victime. On se rappelle du dernier titre des joueurs d’Arsène Wenger, l’équipe est restée invaincue tout au long de la saison établissant ainsi un record (partagé avec Preston North End en 1888-1889). Cerise sur le gâteau, l’AFC vient conclure une saison historique à White Hart Line. Rebelote 33 ans après, le cauchemar resurgit pour les Spurs. Arsenal a besoin d’un simple match nul pour remporter le championnat. On connait la suite, les « Frenchies » soulèvent le trophée pour une seconde fois sur la pelouse de White Hart Line.
Un derby dans les tribunes
Les supporters du Nord de Londres ne sont pas de grands violents à l’inverse de leurs compères de Chelsea ou Millwall. Dans le passé, ces matchs n’ont pas été témoins de grandes violences. Il faut remonter à avril 1980, lors d’un derby à White Hart Line, pour voir les supporters des deux camps s’affronter avant une charge de la police. Depuis, aucun affrontement recensé mais la guerre des tribunes fait toujours rage. Il est de notoriété publique que Tottenham est suivi par une importante communauté juive tout comme l’Ajax Amsterdam. Ces supporters de confession juive se font appeler la « Yid army ». Ainsi, les fans adverses ont multiplié les chants antisémites. « Les Spurs sont en route pour Auschwitz » a déjà fusé dans les travées des stades Outre-Manche. Mais cet antagonisme des tribunes passe également par des conflits plus habituels. Les joueurs qui décident de signer chez l’ennemi doivent y réfléchir à deux fois. Sol Campbell en a fait les frais, l’ancien joueur de Tottenham, avec qui il remporte la Coupe de la Ligue en 1999, décide de signer à Arsenal en 2001. L’ancien capitaine des Lilywhites est désormais surnommé « Judas » par les fidèles des Spurs et bien entendu copieusement insulté à chacune de ses apparitions sur le terrain. Cette situation en va de même avec les Gunners. William Gallas, lui, a décidé de faire le chemin inverse par exemple. Quand on parle de rivalité à Londres, on entend souvent parler de la peur du hooliganisme et de la violence qui va avec, pourtant les fans d’Arsenal ont quant à eux une singulière pointe d’humour. Chaque année depuis les années 1990, les supporters des Gunners célèbrent la « St. Totteringham » lorsqu’Arsenal est assuré de terminer devant Tottenham au classement.
Le retour aux premiers rôles de Tottenham ces dernières années a rendu ce derby encore plus attractif. Malgré la métamorphose des tribunes anglaises depuis les années 1980, nul doute que l’ambiance sera électrique ce dimanche pour ce choc de Premier League.