Il y a de cela quelques mois encore, la France du foot vociférait toute entière contre des Bleus conduits par des gamins immatures, mal élevés, trop payés et insensibles à la défaite. Au moment d’affronter le Nigéria en huitièmes de finale, cette même France du foot menée par de jeunes enfants devenus depuis sympathiques rêve ouvertement d’un second sacre mondial. Une versatilité à la française.
Kiev 15 novembre, l’arbitre de la rencontre opposant l’Ukraine à la France vient de siffler le terme du match. L’équipe de France s’incline 2-0 après une partie dominée de bout en bout par les locaux. S’en suit un déferlement médiatique d’une rare violence : la France accepte mal la défaite et le fait savoir. Les chaines de télévision et les radios reprennent toutes en chœur les blessures du passé, Knysna, Nasri, Ribéry, Evra, 1994 et le spectre de la Bulgarie, le « on » de la victoire si cher à notre pays laisse le pas aux « ils » de la défaite, bref, cela ne fait plus de doute, la France est d’ores est déjà éliminée d’une Coupe du monde à laquelle elle ne goûtera jamais.
Et toute la détestation de la France de s’exprimer pour le noble art du ballon rond.
Parce qu’il s’agit bien là du fond du problème : une défaite dans le football français ne peut être analysée que par le prisme du manque de motivation des joueurs, de leur caractère, du trop plein d’argent qui gangrène ce milieu. Là où le tennis, le cyclisme ou l’athlétisme français se complaisent en toute tranquillité dans la médiocrité depuis des années, là où chaque défaite est rendue belle, avec l’espoir de faire mieux la prochaine fois, le football subit lui un régime de faveur, virant à l’excès, symbole d’une schizophrénie hexagonale visant à molester le ballon rond, toujours, sans limite.
Ce 15 novembre à Kiev, la France s’est simplement inclinée face à une équipe plus forte qu’elle, dans un stade entièrement drapé de jaune, sans nul besoin de passer aux rayons X l’encéphalogramme de chacun des joueurs français pour obtenir un début d’explication. Fort heureusement, la réalité d’un jour n’étant pas celle du lendemain, c’est d’ailleurs là tout le piquant de ces confrontations en match aller-retour, l’Equipe de France conservait toutes ses chances de qualification face à une équipe ukrainienne diminuée par les suspensions lors de la seconde manche. Semble-t-il, bon nombre de « spécialistes » l’ont oublié. À tort. Quelques jours plus tard, l’Equipe de France, conduite par ces mêmes « gamins » de Kiev écrivait l’une des plus jolies pages de son histoire, faisant vivre aux 80 000 supporters ayant choisi de rêver au Stade de France ce soir-là, un instant inoubliable. Le charme du football en somme. L’avantage de jouer une qualification sur deux matchs également.
Depuis ce jour, la France n’a de cesse de s’enthousiasmer pour une équipe au sens collectif retrouvé. Les « gamins » de Kiev ne sont plus immatures, mais étonnamment sympathiques. Le « ils », a été remis de côté au profit du «on». S’afficher avec un maillot de son pays n’est plus une tare, ne pas chanter l’hymne national non plus, mieux encore, nous n’avons plus entendu parler du salaire de « ces millionnaires » (versés par leur club respectif, entreprises privées rappelons-le) depuis des mois, soulagement.
Seulement un nouveau problème se pose dès-lors : l’excès inverse. La versatilité des amateurs de foot en France n’ayant d’égale que leur esprit de soutien dans les moments difficiles, aimer cette équipe de France est redevenu tendance. Qui oserait dire le contraire ? Depuis un bon mois, l’ensemble de la presse écrite, des chaînes de télévision et de radio dans leur ensemble se sont mises au goût de la Coupe du monde au Brésil. Chacun dans la rue se sent désormais capable de porter un avis sur ces Bleus, dont très peu ont finalement suivi avec assiduité le parcours ces deux dernières années. Par chance – car oui, la chance n’est pas un gros mot, mais un allié précieux dans ce type de tournoi –, la France promise au troisième chapeau avant le tirage au sort s’est retrouvée placée dans ce qui représente sans doute le groupe le plus faible du mondial brésilien. Une aubaine que les Bleus ont parfaitement su exploiter, torpillant d’abord sereinement le Honduras, puis réalisant face à la Suisse l’une de ses toutes meilleures parties en compétition internationale. Une sacré satisfaction eu égard des dernières sorties sportives de la France depuis 2006. Pour autant, comment percevoir et modérer aujourd’hui cette démesure permanente entourant notre équipe de football ?
Que les médias en fassent des tonnes depuis des semaines – business is business –, que les gens aient envie de rêver de nouveau avec leurs joueurs en des temps moroses, on le comprend aisément, mais cet engouement prend une telle tournure qu’il tourne au ridicule. Du statut de moribonde, cette équipe de France est passée au statut de future gagnante du Mondial après avoir triomphé d’un groupe à la composition bienveillante. Mieux encore, ce huitième de finale face au Nigéria, pas vraiment un foudre de guerre, laisse envisager sans mal une qualification pour les quarts où, vraisemblablement et pour la première fois, la France rencontrera son premier os de la compétition. Pas de quoi ériger cette équipe au rang de futur vainqueur en somme. Et surtout pas par ceux-là même qui, au mois de novembre encore crachaient leur venin sur cette équipe, arguant du fait quelle ne les faisait pas rêver.
En l’espace de quelques mois, le rigoureux Deschamps, assez inexplicablement mal-aimé en France, est devenu un chef d’orchestre aimable, affable et rigolard, à la bonne humeur communicative et au sens tactique certain. Ce qui n’a pas empêché l’émergence de critiques acerbes à la publication de son équipe modifiée, quelques heures avant le match contre la Suisse. Pour quel résultat. Le renfrogné Benzema – qui ne chante toujours pas l’hymne national sans que cela ne pose plus de problème – s’est affirmé dixit les spécialistes comme le leader technique de cette équipe, touchant de près au statut de meilleur joueur du Mondial. Pour avoir scoré contre le Honduras et la Suisse. Qu’elle est lointaine cette époque où le vilain petit canard madrilène se faisait chambrer idiotement par le public du Parc des Princes après son but contre l’Australie : « Il a marqué ».
Le problème de cette versatilité poussée à l’extrême, c’est qu’elle nous amène à réfléchir sur le sens même que les Français accordent au sport dans leur pays. Le football ne serait-il donc voué qu’à exister dès lors que la possibilité de l’emporter existe ? La récente émergence du phénomène médiatique exacerbé Paris Saint-Germain depuis l’arrivée des Qataris semble indiquer que oui. Ce que la France du foot a du mal à comprendre, c’est que si elle se considère à tort depuis la période dorée 1998-2000, d’égal à égal avec des pays à la culture sportive et au palmarès nettement plus développés tels que le Brésil, l’Argentine, l’Allemagne ou l’Italie, elle n’en a ni l’étoffe ni les fondements. De fait, dès lors que son football traverse une période sombre, le pays ne peut s’empêcher de tomber dans l’excès, de donner des leçons ou de faire la morale pour trouver des explications, des coupables à même d’éclairer ce déficit de succès. Sans accepter tout simplement l’idée que dans le sport, la défaite prend plus souvent le pas sur la victoire. Non pas que dans les pays précités, la mesure soit le maître mot de toute analyse, seulement la volonté de faire corps derrière sa nation ne vient pas au fur et à mesure que de potentiels succès apparaissent. Les leçons d’un échec sont ensuite tirées, ou non, in fine et a posteriori, pas avant.
La finalité d’un supporter contrairement à ce que nous présentent fréquemment les médias, n’est pas de supporter uniquement lorsque cela va bien. Et ça, bon nombre de fidèles de l’équipe de France l’ont bien compris. De même, le rôle du supporter n’est pas non plus de tomber dans l’excès inverse, où l’esprit béni-oui-oui se substitue à tout sens critique envers son équipe et ses joueurs. S’interroger sur la tactique, échanger, analyser sont des concepts qui doivent faire partie de chacun de nos esprits, justement pour contrer ces excès de démesure dans la victoire, et détruire ces critiques de comptoir de bar qui, à force d’être perpétuellement rabâchées, ont fait un mal diabolique au football français.
Oui la France a le droit de rêver durant les jours qui viennent. Deschamps a su construire un groupe soudé, complémentaire et motivé par un seul et unique objectif. La première phase du mondial a été un succès, et la rencontre de demain semble indiquer que l’aventure peut continuer encore et encore. Cet élan national et cet esprit de fête autour de cette équipe amènent un vent de fraîcheur en ce début d’été pour les Français qui apprécient le sport.
Mais il est grand temps de comprendre que notre sport n’existe pas qu’une fois tous les quatre ans au moment du Mondial, dans la victoire, mais bel et bien tous les jours dans notre quotidien, en dépit du résultat.
J’ai du mal à noter l’article. L’idée est bonne. Elle aurait pu être alimentée par le livre « ce pays qui n’aime pas le foot ». Mais l’auteur se perd et se trompe dans son raisonnement. Il se trompe plus globalement dans la conception du étier de journaliste.
Tout d’abord, concernant l’art de retourner les vestes, je ne dis pas le contraire. Le foot en france a été découvert en 98. Memem pas après le succès de 1984. On a meme vu des intellos qui crachaient sur le foot prendre le sujet très au sérieux.
On a meme vu des sondages où certains français préféraient voir l’espagne devant la france à la CDM.
Ils auraient pu faire comme moi en 2010, cad ne supporter personne car ca sentait très mauvais niveau ambiance avant niveau perfs. C’est important l’image que renvoie l’équipe et sortir l’excuse « une défaite dans le football français ne peut être analysée que par le prisme du manque de motivation des joueurs, de leur caractère, du trop plein d’argent qui gangrène ce milieu ». C’est completement faux. Le match avait été bidon de A à Z. Et meme en amoureux de deschamps que je suis, il faut savoir qu’avant le début de la CDM, deschamps avait le plus mauvais ratio de tous les sélectionneurs. Donc calmons les optimistes.
Maintenant où l’autur se trompe, c’est concernant les personnes qu’il attaque. Quoiqu’on pense de Praud, ce soir là comme riolo et menes, il avait son boulot de journaliste, à savoir ne pas se mettre dans l’émotion et du spportérisme débile, supporte rà tout bout de champ es bleus. Leur métier est d’analyser objectivement une situation. Pour le coup, le match de l’aller était je le répète, un des plus mauvais matchs de l’histoire de l’edf.
Concernant la culture foot, il y’en a une qui se développe en france. Mais je ne suis pas sûr qu’elle soit très bonne.
Cette coupe du monde ne nous donne pas seulement envi de rêver elle nous fait rêver!
Merci les bleus!