Les Ultras Winners 05 supportent le Wydad Athletic Club, club de Casablanca sacré pour la 21ème fois champion du Maroc cette semaine. Les festivités ont traversé les frontières. Car le groupe compte de nombreux membres partout dans le monde. Les Ultras Winners expatriés en Europe, regroupés dans la section Old Continent, sont ultra productifs et prolongent en Europe les actions réalisées par le groupe en tribune. Nous avons échangé avec un membre vivant en France des Ultras Winners. A sa demande, on le nommera 21.23, numéro des initiales du groupe dans l’alphabet.
Le 14 juillet dernier, les Ultras du Wydad vivant à Paris célèbrent la Botola (championnat marocain) remportée par leur club, avec un craquage massif de fumigènes à Pont d’Asnières, prolongeant les célébrations qui ont lieu à Casablanca. Et ce n’est pas la première fois, les UW05 ont une réelle présence sur le territoire européen, en multipliant les actions de soutien à leur club.
Les Winners, qui ont la suprématie du virage au stade Mohammed Benjelloun du Wydad Athletic Club (WAC), s’organisent en cellules qui se rattachent à un quartier de Casa, mais aussi au Maroc et à l’international. Les supporters expatriés en Europe font partie de la section Old Continent (vieux continent : l’Europe, donc), avec une cellule par pays. La section a été créée en 2009, soit assez rapidement après la création du groupe en 2005. Ils sont ainsi intrinsèquement liés. 21.23 explique : « La communication avec le groupe est constante via tous les moyens possibles. Nous faisons en sorte d’être constamment en contact non seulement pour se donner des nouvelles mais aussi pour répondre aux besoins que nécessite la gestion d’un groupe ultras de l’envergure du nôtre ».
Les Oldistes, nom donné aux membres de la section Old Continent, sont hyper-productifs malgré l’éloignement. « L’éloignement physique n’empêche pas de faire le nécessaire à notre façon. Nous nous organisons pour qu’il y ait quelqu’un qui prenne en main les choses en présentiel. L’implication est limite plus importante pour la coordination mais nous faisons tous partie du même groupe et notre solidarité fait notre force. »
Habituellement cantonnés au local, à la ville, les supporters expatriés renouvellent le champs d’actions des ultras en opérant depuis l’étranger. Hors du virage, hors du stade, hors de la ville, et ou qu’ils soient. Les codes n’ont pas changé : stickers, banderoles, muraux, craquage massif de fumigènes. Il y a bien sûr cet impressionnant craquage de fumigènes dans les rues de Lyon, une ville du sud de la France, pour les 15 ans du groupe. C’était début 2021, juste avant le couvre-feu, une des mesures sanitaires contre la pandémie, et c’est même passé aux infos.
Nous avons demandé à Sébastien Louis, docteur en histoire contemporaine et chercheur spécialisé sur le supportérisme, auteur du livre référence Ultras. Les autres protagonistes du football, d’où venait cette pratique de craquage massif dans la ville. Elle apparait pour la première fois avec les Ultras de l’Hadjuk Split en Croatie en février 2011 : « Le club a célébré ses 100 ans. Dans la ville, à minuit pile, il y a eu des milliers de torches allumées (…) La Torcida a fêté l’année dernière ses 70 ans et a réitéré la même performance ». En effet, il s’agit bien d’une performance. Les craquages ont lieu habituellement dans la ville du club. Ici, les Winners effectuent le craquage dans une ville extérieure à leur club, allant encore plus loin dans la pratique et la performance. Cette action montre leur présence à l’extérieur, hors frontière, et leur fidélité au groupe. Idem lorsqu’ils réalisent un craquage à Paname en 2019, célébrant la Botola au pied de la Tour Eiffel. En commentaire sur le post, ils écrivent « désormais sous l’emprise des Winners, la « Ville lumière » brille de mille feux. Des hommes de l’ombre qui ne craignent pas de mettre en lumière cette ville ». Ils rappellent surtout leur statut de « supporters de l’ombre », d’expatriés, loin de chez eux. Statut qui ne les empêche pas pour autant de s’exprimer. Ils réitèrent il y a quelques jours à Paris, consacrant la capitale française comme centrale dans la célébration du titre marocain, et liant la ville à l’histoire du Wydad.
Les Winners utilisent leur nombre et leur disparité en Europe, se coordonnant pour intensifier l’action, faisant de leur expatriation une force. Ils déclinent une action en simultanée dans de nombreuses villes, comme ce déploiement dans une quinzaine de villes en France : des banderoles avec les termes « Originalité » à Rennes, « Amour » à Toulouse, « Rage » à Lyon, « Sacrifice » à Limoges, « Fierté » au Havre, « Authenticité » à Lille, « Ténacité » à Nice, « Foi » à Montpellier, « Ferveur » à Marseille, « Puissance » à La Rochelle, « Honneur » à Grenoble, « Passion » à Bordeaux, « Courage » à Belfort.
Les actions sont multiples, leur mise en scène soignée dans des lieux historiques, où des symboles du pays. Elles sont bien sûr ensuite relayées sur le web, afin qu’elles dépassent le cadre local. La page Facebook de la section Old Continent est truffée de photos d’actions massives et à l’esthétique très travaillée, en France, en Italie, en Espagne, ou en Allemagne, et dans tout le Vieux continent.
21.23 explique : « Les actions faites en France sont diverses. Il y a des tags ciblés avec des messages précis voire parfois liés à d’autres faits au Maroc, en plus des animations faites à base de messages sur banderoles et de craquage pour les anniversaires, entre autres ». Leurs qualités logistiques sont aussi déployées pour les nombreuses actions sociales qu’ils réalisent. » Il y a des activités sociales telles que les campagnes de don du sang, l’envoi de vêtements/fournitures au Maroc, l’aide des membres en difficulté financière ou d’accès aux soins, l’aide des familles dans le besoin et bien d’autres ». Une cause qui leur tient particulièrement à cœur, est l’injustice subie par le peuple palestinien. « Nous soutenons tous les groupes ultras palestiniens car nous œuvrons pour la même cause : la Palestine libre ». Bien qu’ayant des cellules dans de nombreux pays, le groupe n’a pas « d’amitié officielle avec un groupe en particulier mais nous respectons ceux qui nous respectent et rien d’autre. »
Loin de leur stade, la section et les cellules sont importantes pour les Ultras expatriés. 21.23 témoigne « On ne subit pas l’éloignement du groupe car la section et ses cellules permettent de garder le contact avec celui-ci et ses composantes, mais aussi de garder voire d’amplifier la ferveur ». Il continue « Le manque nous donne encore plus envie d’aider le club et le groupe à aller de l’avant et se sublimer. L’envie d’être meilleurs que ce que nous étions le jour d’avant est ce qui nous anime et fait de nous une référence dans le monde ».
A Turin en Italie, les Winners déploient une bâche avec le terme « oxygène » qui représente cette relation des Ultras expatriés à leur club. Une réalisation qu’ils commentent sur leur page Facebook et qui en dit long sur leur ferveur « le gagnant expatrié de son club ne respire que l’amour du Wydad hors des frontières. Si nous avons une vie dans le Wydad, c’est parce que le Wydad est le respirateur et le fil solide qui continue à nous lier à ce que nous sommes, loin et expatriés ». L’oxygène est une métaphore « l’oxygène a toujours tendance à s’attacher et à former des composés chimiques, c’est le même principe que le groupe qui a toujours établi les valeurs de cohésion et de liaison entre ses membres ».
Les expatriés sont importants pour l’image du groupe à l’extérieur, ils participent a sa visibilité et à la splendeur de leur club à l’international. Loin de leur ville d’origine, la ferveur semble se transcender, au service du groupe, élément indispensable pour rester en contact avec les siens.
Merci infiniment à 21.23.
Merci à mes interlocuteurs des UW05 et à Sébastien Louis que nous avons interrogé pour un article sur les sections des groupes, qui sera publié dans un fanzine allemand ami de La Grinta, La Cosa Nostra.
Plus de visuels ci-dessous et ici
Winners 2005 l’histoire éternelle.
Porter le maillot du Wydad est un honneur, le mouiller est un devoir. Aller Wydad.
C’est tout simplement le meilleur public du monde.
La passion que vit chaque wydadi est incomparable.
Quand t’es piqué , tu restes fidèle à jamais.
Une histoire , un palmares et surtout un des meilleures public au monde ( preuves à l’appui )
UNICO GRANDE AMOR !
DIMA WYDAD !
Fiers de vous fier d’être wydadi ⚪️⚪️