Il a perdu le match le plus important de sa vie. Domenico Martimucci, âgé de 27 ans et joueur en Eccellenza dans les Pouilles (Italie), nous a quittés ce samedi après cinq de mois de coma. Il faisait partie des huit blessés par un attentat mafieux le 5 mars dernier dans une salle de jeux de la province de Bari.
Le football italien est en deuil. « Petit Zidane » a succombé à ses blessures après cinq mois de coma à l’hôpital d’Innsbruck (Autriche), où il avait été transféré. Domenico Martimucci n’a pas survécu à l’attentat du 5 mars dernier à Altamura. Une explosion a frappé la salle de jeux Green Table. Il s’agit d’un acte d’intimidation de la mafia locale pour le contrôle du business des jeux d’argent. Le joueur de l’ACD Castellaneta en Eccellenza se trouvait au mauvais endroit au mauvais moment, en compagnie de huit autres blessés, plus chanceux. L’histoire émeut toute l’Italie alors que la mafia est encore un sujet tabou, notamment dans le sud.
Le fait divers est d’autant plus touchant qu’il s’agit d’un homme encore jeune, 27 ans, et sans histoires. Plus triste encore, il était le joueur le plus populaire de son équipe. Ce sont les tifosi qui le comparaient sans cesse à Zidane, pour sa technique et son élégance hors pair. Certains affirmaient qu’il avait le niveau pour voir plus haut, comme tant d’Italiens qui font la « gavetta » (faire ses preuves depuis les petites divisions) et qui se révèlent tardivement. Pendant la convalescence de Domenico Martimucci, tout le football italien se montre solidaire, jusqu’en Serie A. Les ultras de Gravina (ville proche d’Altamura) organisent une collecte pour aider à la prise en charge des soins à l’étranger. Son ami Ciccio Caputo, capitaine de Bari (Serie B), l’évoque régulièrement. L’entraîneur de l’époque du Napoli, Rafael Benitez, et les stars Higuain, Inler, Chiellini et Marchisio y ont aussi été de leur message de soutien. La page Facebook créée par ses amis « NOI SIAMO DOMI » (« nous sommes Domi », désactivée depuis son décès) comptait plus de 4 000 likes.
Une mort qui ne doit pas être vaine
Fin juin, les cerveaux et les hommes de main présumés de cet attentat ont été appréhendés. Parmi les accusés figurent entres autres un fils de policier et le frère de Bartolo D’Ambrosio, chef mafieux assassiné en septembre 2010. Le beau-frère de « Domi », Vito Vitale, confiait à Il Quotidiano Italiano : « Nous devrions tous nous interroger sur la société, ce que nous faisons pour éduquer nos enfants. Probablement que cela ne suffit pas si quelqu’un pense s’enrichir et résoudre ses propres problèmes en tuant ». Involontairement, le nom du numéro 10 devient un symbole de lutte contre la mafia. Les langues sont invitées à se délier, à se rebeller, comme le demande le curé local dans sa prêche pour le footballeur. Comme souvent dans ces tragédies, pourtant, l’histoire se répète sans cesse.
Alors que son état laissait présager des signes d’amélioration, et malgré de multiples opérations, il s’est détérioré en fin de semaine dernière avant de quitter les siens. C’est à la tête qu’il a été le plus touché. Martimucci venait d’être transféré en Autriche il y a seulement quelques jours, avec beaucoup d’espoir, pour y bénéficier d’une rééducation neurologique. Le maire d’Altamura, Giacinto Forte, annonce qu’un jour de deuil municipal sera décrété le jour de ses funérailles, qui devraient se dérouler au stade d’Angelo, le lieu de ses exploits. Plusieurs hommages lui ont été rendus un peu partout en Coupe d’Italie ce week-end.
La disparition de Domenico Martimucci est d’autant plus amère que son avenir aurait pu être grand. Son homicide aussi soudain qu’injuste arrache son joueur le plus apprécié à toute une ville. Tout ça pour des histoires de gros sous, bien loin du football d’en bas qu’il représentait. Ciao « Zidane ».