Puissant et parfois même dévastateur, rapide, imposant dans les airs, habile des deux pieds et intelligent, en Espagne, le Brésilien est devenu un autre joueur qu’au FC Nantes. Titulaire dans l’axe de la défense, Diego Carlos se révèle l’homme fort du Séville de Julen Lopetegui.
Alors que Diego Carlos est le joueur le plus utilisé par Julen Lopetegui depuis le début de saison, avec 19 matchs de championnat, l’animation ambitieuse de son équipe lui permet de jouer un rôle toujours plus important. Depuis huit mois, l’Espagne acclame chaque week-end celui qu’elle a surnommé « le roc ».
« Le roc »
Si Diego Carlos impressionne, c’est parce qu’il semble toujours propre et fort. Quand il est interrogé à propos du défenseur, Nolito est aussi badin que lorsqu’il vient de loger une frappe croisée dans le petit-filet : « Diego Carlos est plus fort que le vinaigre. Aux entraînements, je dis : ‘Picha, prends le ballon, je veux jouer au football encore deux ou trois ans au plus haut niveau’ ». Comme un roc, Diego Carlos (1m86, 80 kilos) encaisse, impassible. On imagine Julen Lopetegui paraphraser Bill Shankly, lors de la présentation de sa recrue à Liverpool Ron Yeats aux journalistes en 1961 : « Faites un peu le tour de mon défenseur central, messieurs, c’est un colosse. »
Dans un entretien au média du club sévillan en octobre dernier Diego Carlos s’était épanché, très brièvement, sur les particularités tactiques des équipes par lesquelles il est passé, dressant la philosophie la plus alléchante : « Cela a été un changement important ici à Séville. À Nantes, comme à Estoril, nous jouions un jeu de transition. Ici, c’est différent. Nous nous positionnons plus haut, avons davantage la balle, jouons très souvent au sol et faisons beaucoup de passes. C’est un style de jeu que j’aime. » Et le Brésilien en est le gardien.
Le patron du projet
Puisque dans le Séville de Lopetegui qui fait le noble pari du jeu avec sa ligne de défense haute et son tempo lent, le volume et la lecture des situations du défenseur font beaucoup de bien aux transitions défensives. Après trois saisons dans les blocs resserrés de Sergio Conceição, Claudio Ranieri et Vahid Halilhodžić, entre l’extrémité basse du rond central et la surface adverse, Diego Carlos se fait maintenant remarquer à tuer les ripostes à coup d’anticipations, équilibrer son équipe de jugones et couvrir un Reguilón qui passe son temps à se gaver de la profondeur sur son côté gauche. Le premier but de Sergio Reguilón contre l’Espanyol (0-2, le 18/08/19) suivait ce schéma : transition offensive des Catalans depuis leur seize mètre cinquante vers l’attaquant à hauteur du rond central, anticipation et récupération de Diego Carlos qui s’impose sur Facundo Ferreyra, relance sur le côté droit pour Jesús Navas qui centre la balle de but.
Walter Tamer disait en 2014 à propos de Mascherano : « Ce poste de défenseur central du Barça est unique. Il n’y a pas une seule autre équipe dans laquelle tu joues avec cinquante mètres de vide derrière toi durant la plus grande partie du match. Une seule erreur technique ou tactique, et c’est fini. T’es condamné. C’est évident que tu apprends beaucoup. Sa progression footballistique, elle a explosé sous Pep Guardiola. L’apprentissage a été énorme. » Depuis, ce style de jeu qui place toujours l’équipe hôte en position dominante s’est abondamment propagé. Et en 2019/2020, le défenseur de 26 ans lit sa propre histoire, celle d’une grande évolution tactique.
À la construction sévillane, si Diego Carlos n’a pas un rôle important dans l’élaboration, ne se chargeant pas de la première relance notamment, c’est parce que les décrochages d’Éver Banega sont là pour ça. Libre de se déplacer sur le terrain, il est un meneur de jeu total. Toutefois, les attaquants peuvent se délecter des pieds habiles et du jeu long précis du Brésilien. Dès qu’il se retrouve face au jeu avec un minimum d’espace, Diego Carlos envoie des transversales par-dessus le cœur du jeu. Distant des 8 longs ballons par match de Banega, Diego Carlos dirige sporadiquement les manœuvres avec ses 4,2. Séville joue avec deux quarterbacks.
Mais surtout, il est crucial pour donner une certaine forme d’assurance et donner à son équipe un équilibre défensif rarement connu ces deux dernières années. Lorsque l’on entend parler du Séville version coach Lopetegui, les expressions qui reviennent le plus souvent sont certainement « jeu de passes » et « beau jeu ». Et pourtant, son joueur le plus emblématique à le physique de Hulk. Alors qu’Adama Traoré est le pire cauchemar des défenseurs de Premier League cette saison, Diego Carlos est l’arme défensive la plus redoutable de Liga. En plus de l’autorité et l’art du tacle – contrairement à Tony Chapron –, il possède une haute vitesse. Force naturelle au duel, si Banega est un expert pour tirer les ballons aériens, Diego Carlos est un maître pour les recevoir – et les défendre. Sans colère mais avec sérénité, un monstre est né.
La progression de son influence sur le jeu de son équipe est parfaitement retranscrite par l’évolution de Jules Koundé. Aux côtés de Diego Carlos, le jeune français également arrivé l’été dernier est beaucoup moins hésitant. Et beaucoup plus méticuleux. Dans son autobiographie Stillness and Speech (2013), Dennis Bergkamp définit : « Pour moi, un leader est quelqu’un qui affecte les gens, qui les change, qui rend les autres joueurs meilleurs ». Le monde attend et à besoin de certifications. Contre le Real Madrid par exemple.
il faut juste espérer que en cas de vente au Réal de Diego Carlos, il ait bien été prévu un pourcentage à la vente pour le FCNantes!