Le Portugal s’est incliné en France (0-2) samedi en match amical, sa deuxième défaite consécutive. Mais c’est un revers moins embêtant que celui contre l’Albanie le mois dernier qui comptait pour les qualifications de l’Euro 2016. Surtout, c’est la prestation des joueurs de Fernando Santos qui a rassuré.
Un match amical, même entre deux grandes nations du football, c’est rarement intéressant. Mais quand c’est la France et le Portugal qui s’affrontent, et que le Stade de France résonne à 50% de « Portugal ! Portugal ! », alors ce n’est pas tout à fait une rencontre comme les autres. Et quand ce duel marque la première d’un nouveau sélectionneur, cela prend une tournure plus importante que prévue. Car samedi, Fernando Santos a fait ses débuts sur le banc de la sélection portugaise. Comme baptême du feu, un quart-de-finaliste de la Coupe du monde, en pleine bourre depuis un an, il y a mieux. Mais au vu de la situation critique de la Seleçao das Quinas, il fallait peut être entrer au plus vite dans le vif du sujet. Et force est de constater que la prestation des coéquipiers de Cristiano Ronaldo a rassuré les observateurs. Certes, les Lusos se sont une nouvelle fois inclinés contre les Bleus (la 9ème défaite de rang), mais le résultat importe peu, et il importera d’autant moins si les hommes de « l’Ingénieur » prennent le dessus sur le Danemark mardi.
Une domination au milieu du terrain
D’autant qu’à Saint-Denis, les Portugais ont montré un visage plutôt intéressant durant la majeure partie du match. Si l’on excepte le premier quart d’heure où ils n’ont pas existé, Pepe and co ont tenu le ballon, ont bousculé les Français, ont dominé (territorialement et au nombre d’occasions de but). Lorsque le trio Tiago-Gomes-Moutinho a commencé à mettre le pied sur le ballon, c’est tout le bloc portugais qui remontait, obligeant les Bleus à reculer dans leur moitié de terrain, et à devoir dégager le ballon ou s’en remettre à un exploit individuel pour se donner de l’air. Les partenaires de Raphaël Varane (monstrueux samedi) devaient en plus se méfier des trois attaquants (Danny, Ronaldo, Nani), qui n’ont cessé de permuter et de courir jusqu’à leur sortie respective. Et l’entrée en deuxième mi-temps de William Carvalho n’a fait que confirmer la domination portugaise au milieu du terrain. Le Sportinguiste a gratté de nombreux ballons, et a plusieurs fois montré l’étendue de son talent, en donnant de très bons ballons à ses attaquants. Rarement le milieu de terrain tricolore n’avait été à ce point gêné ces douze derniers mois. Si la possession de balle a finalement été de 50/50, c’est surtout parce que les débats se sont rééquilibrés en fin de match, notamment après le deuxième but. Mais alors, comment est-il possible de tenir le milieu de terrain et de perdre un match ? La réponse est simple : ne pas être tueur dans les surfaces de réparation. Et c’est là (encore) le chantier de Santos.
12 frappes : 2 cadrées
On le dit. On le répète. Et on le rappelle à chaque rassemblement international : le Portugal n’a plus de n°9 de grande envergure. La titularisation de Danny, qui n’est pas avant-centre, en est la preuve. Et malgré CR7 et Nani, (qui ne brillent pas particulièrement sous la liquette rouge), personne ne se démarque dans ce domaine. Juste Helder Postiga fait illusion mais il n’est plus que l’ombre de lui-même depuis 2 ans. Derrière, c’est le néant… Et samedi, cela s’est encore une fois vérifié. Les Lusitaniens ont tiré 12 fois au but, pour ne cadrer au final que deux frappes. Et en comptant le penalty transformé par Quaresma. C’est trop peu évidemment. Il ya trop de déchet dans le dernier geste : L’image de Nani, parfaitement lancé par William, qui manque son contrôle puis manque sa passe pour Danny qui… glisse au moment de frapper, est symptomatique des soucis offensifs. Parfois, c’est dans l’avant-dernière que le bon geste manquait, et le plus souvent, c’est le sosie de Moutinho qui a régalé la défense tricolore, par ses mauvais choix ou ses mauvaises passes (rendez nous Joao !!!). Le même mal qui a précipité la défaite contre l’Albanie le mois dernier, mais également l’élimination au premier tour de la Coupe du monde (tant d’occasions gâchées contre les USA et le Ghana). Alors que certaines équipes gagnent leur match en ne marquant qu’une seule fois et sont championnes d’Europe (Merci les Grecs) ou terminent sur le podium de leur championnat (coucou, René Girard). Seulement voilà, pour gagner 1-0, il faut ne pas encaisser de but (logique). Et c’est là aussi que le bât blesse.
Une défense en chantier
La défense fut le point fort de la Selecçao pendant une période. Il n’est pas encore le point faible mais il pourrait le devenir. Car elle est en chantier depuis quelques temps. Bruno Alves commence à ne plus donner satisfaction, Joao Pereira est en perte de vitesse (il a vraisemblablement perdu sa place), Fabio Coentrao enchaîne les blessures et Rui Patricio semble toujours numéro 1 par défaut. Seul Pepe semble inamovible, et il a montré pourquoi samedi. Kléber a été énorme, a dégagé de nombreux ballons chauds et n’a jamais été pris à défaut. Il va falloir trouver des solutions pour les quatre autres postes. Bruno Alves a été remplacé par le revenant Ricardo Carvalho à la mi-temps contre la France. Mais du haut de ses 36 printemps, il n’est pas un gage d’avenir. À droite, Cédric semble bien parti pour s’installer définitivement. Côté gauche, lorsque Coentrao en aura assez de l’infirmerie du Real, il devrait reprendre sa place sans trop de problème, car Eliseu ne fait que la lui chauffer en ce moment. Rui Patricio, s’il ne peut pas grand-chose sur les deux buts, va devoir sérieusement travailler la relance et les boulettes encore trop présentes, histoire d’écarter la concurrence de Beto, qui vit une seconde jeunesse à Séville. Quand Santos aura trouvé la bonne formule pour la défense, on pourra regarder l’avenir avec optimisme à Lisbonne.
« Si on joue comme ça au Danemark, on gagnera »
Alors oui, comme ça, on dirait qu’il y a plus de négatif à retenir. Sauf que Santos n’est pas magicien et ne trouvera pas la solution aux problèmes offensifs en un match (Queiroz, Bento et même Scolari n’ont pas trouvé la solution en plusieurs années). Il sera d’ailleurs difficile de remédier rapidement à la pénurie d’attaquants. Même si les Lusos jouent les premiers rôles dans les catégories de jeunes, il n’y a pas d’attaquant qui sort du lot. Pour ce qui est de la défense, l’ancien sélectionneur de la Grèce doit opérer une transition entre les cadres vieillissants (Bruno Alves, Ricardo Carvalho, Pepe) et les jeunes aux dents longues (Ruben Vezo, Cédric et Tiago Ilori). Malgré ces carences, il faut quand même reconnaître que le Portugal a largement bousculé la France durant 75 minutes (toujours ce fameux premier quart d’heure, à gommer de toute urgence). C’est sur ce genre de match que Fernando Santos doit travailler, et il ne s’y est pas trompé. « Nous sommes très mal entré dans le match, puis l’équipe a été plus agressive, notamment quand nous n’avions pas le ballon. On a été volontaires et même s’il nous a manqué un peu de concentration, c’est un bon match dans l’ensemble. Il y a eu une bonne attitude ». L’attitude. Voilà ce qui avait manqué durant la Coupe du monde et contre l’Albanie. Et c’est ça qui rend ce match prometteur pour la suite. « Si nous jouons comme ça contre le Danemark, on gagnera », a rajouté Fernando Santos. On a envie de le croire.
Comme il est de coutume de donner des notes désormais, évaluons donc les Portugais durant la rencontre.
Rui Patricio : (5) / Un match quelconque. Il ne peut pas grand-chose sur les deux buts, mais il n’a pas non plus fait d’arrêt sensationnel. Ils’est encore illustré par une glissade qui aurait pu être lourde de conséquence
Cédric : (6) / Un bon match, sans plus. Mais il faut dire qu’il a eu beaucoup de travail avec un Patrice Evra survolté. Pour sa première, le Sportinguiste a fait son travail, sans trop d’erreurs. Dommage que ses montées ne soient pas conclues par des bons centres. À revoir.
Pepe : (8) / Un mur. Aucune erreur, un très bon retour sur Benzema lorsqu’Eliseu lui a gracieusement rendu la balle en première mi-temps. Quelques montées en fin de match que ne renierait pas Sammy Traoré. Du très bon Pepe.
Bruno Alves : (4) / Des interventions manquées, beaucoup de retard par rapport à Benzema, Bruno ne respire plus la sérénité. Ca sent le sapin pour lui. Remplacé par un nouveau venu, un certain R. Carvalho (6). Sobre, bien placé. Du Carvalho de Monaco.
Eliseu : (4) / Ridicule en première mi-temps ! Des montées conclues par des centres au troisième poteau, un ballon rendu à Benzema (voir plus haut), et des difficultés défensives. Ce n’est pas son poste de prédilection et ça se voit. Fabio peut dormir sur ses deux oreilles.
Tiago : (5) / On aurait aimé revoir le Tiago de Lyon ! Quel dommage qu’il n’ait pas mis de la folie dans son jeu. On en attend davantage du Matelassier. Remplacé par Éder, non-noté (pas le temps de se pencher sur ce cas perdu d’avance).
André Gomes : (5) / Un bon apport offensif, mais en difficulté quand il s’agit de récupérer la balle. Il peut apporter plus. Remplacé par William (6), qui a parfaitement joué son rôle de récupérateur, et qui a distribué pas mal de bons ballons.
Joao Moutinho : (4) / Mais où est Charlie… euh, Joao ? Où sont passés sa vision du jeu et ses passes millimétrées. Manifestement dans l’avion qui l’a amené de Porto à Monaco. Il serait temps pour l’ancien capitaine du Sporting de retrouver son niveau sinon il perdra sa place.
Danny : (5) / Une bonne activité, quelques belles chevauchées, le joueur du Zenit n’a pas été flamboyant dans la finition malheureusement : sa frappe qui s’envole à la sortie du premier quart d’heure méritait une meilleure fin. Remplacé par Vieirinha (non-noté), qui n’a pas eu le temps de montrer grand-chose.
Nani (6) : / En sélection, il faut toujours bien faire. Parfois trop… Luis Nani est une énigme du football. Capable de coup d’éclat digne d’un Ballon d’Or comme de gros bide digne d’un joueur de PH. Il a beaucoup tenté, malheureusement beaucoup raté aussi. Quelques jolis enchaînements qui montrent qu’il n’est pas encore mort. Remplacé par Quaresma (5), qui a essayé d’apporter mais n’a rien fait hormis son penalty (généreux) transformé.
Ronaldo (5) / Inutile de dire qu’on attend toujours plus du Ballon d’Or. A sa décharge, il est tombé sur un énorme Varane, tout simplement impeméable. Le Français a beau marcher, il ne laisse rien passer. Ça a frustré CR7 qui a tenté de loin par la suite. Sans réussite. Sorti sous une bronca impressionnante, remplacé par Joao Mario (6), qui a obtenu le penalty ce dernier, a frôlé l’égalisation d’une superbe frappe, et dynamisé la fin de match lusitanienne. Il pourrait avoir sa chance contre le Danemark.