Ce dimanche 21 février, la ville de Rio De Janeiro sera paralysée pour l’un des matchs les plus importants du Brésil, le fameux clasico Fla-Flu. Lors de l’année 1982, un illustre personnage colombien se trouvait dans les tribunes du Maracanã pour assister à cette rencontre. Un certain Pablo Escobar .
Nous sommes le 29 août 1982. Pas moins de 122 000 personnes garnissent les tribunes du stade Maracanã pour assister à l’une des rencontres les plus importantes pour le titre de champion de l’État de Rio entre les deux frères ennemis de Flamengo et Fluminense. Ce match constituera l’une des majeures affluences de l’histoire du football brésilien. Dans le tunnel d’entrée des joueurs, au bord de la pelouse, six Rolls Royce garées attirent l’attention des spectateurs. Le lendemain, les journaux locaux feront référence à une délégation d’hommes politiques et de grands entrepreneurs colombiens venus à bord de ces véhicules de luxe pour faire du tourisme et au passage vivre la passion qui entoure l’un des matchs les plus chauds du Brésil. Cette soi-disante délégation est emmenée par un homme. Son nom ? Pablo Escobar Gaviria.
Au sommet de son empire
Pablo Escobar est déjà le trafiquant de drogue le plus puissant de l’histoire. Sa fortune est colossale mais son nom n’est pas encore associé aux terribles faits divers qui touchent la Colombie. Sa guerre contre l’État et la naissance du narco-terrorisme ne sont pas encore au goût du jour tandis que l’opinion publique ignore pour l’instant ses activités commerciales illicites. Escobar vient juste d’entrer dans la vie politique du pays et par la même occasion signer son arrêt de mort. Après avoir arrosé la campagne politique de 1982 du président Belisario Betancur, lui et ses socios dormaient sur leurs deux oreilles lorsque ce dernier ne mentionna aucunement l’extradition des trafiquants de drogue aux Etats Unis dans son discours d’investiture. D’ailleurs, il est élu député libéral au Congrès colombien la même année. Il possède alors un pouvoir politique, financier et logistique important. Pablo Escobar est intouchable. Tout roule pour lui, il décide donc d’organiser un voyage au Brésil avec ses socios, et à la différence du précédent voyage vers l’ancienne colonie portugaise, les épouses ne sont pas conviées.
Luxe, prostituées et football
Douze personnes du noyau dur du Cartel de Medellin arrivent au Brésil dans deux jets privés. On retrouve notamment les frères Ochoa, Pablo Correa, Diego Londoño White, Mario Henao, Gustavo Gaviria le cousin de Pablo et la plupart de ses hommes de mains. Ils se logent au meilleur hôtel de Copacabana dans les plus jolies suites de l’établissement. Dans ces suites, selon Juan Pablo Escobar, fils de, dans son ouvrage mi padre (mon père), une trentaine de prostituées entraient et sortaient chaque jour. Pour chaque service de chambre, chaque employé de l’hôtel recevait un billet de cent dollars et se battait pour servir ce mystérieux groupe de touristes colombiens. Pablo Escobar était un passionné de football, ses liens avec le football colombien et plus précisément avec le Nacional de Medellin sont encore sujet à de nombreuses discussions dans le monde des tribunes colombiennes.
Escobar a notamment construit de nombreux terrains dans les quartiers les plus pauvres de Medellin. Ce jour-là, il a vu comment Zico et son Flamengo se sont baladés face à Fluminense. Il a également vu comment un supporter de Fluminense envahira le terrain et implorera l’arbitre de stopper la rencontre après les 3 buts du Flamengo peu après la demi-heure de jeu. Pablo termine son périple brésilien en ramenant illégalement des animaux pour son zoo privé de la Hacienda Napoles, sa luxueuse mansion. L’année suivante marquera la fin de son empire avec le début des révélations à son encontre, et la découverte de son activité illicite. Mais l’histoire ne dit pas si, lors de ce match, son coeur battait pour Flamengo ou pour Fluminense.