Préparateur physique de l’US Vandœuvre entraîné par Pape Diakhaté depuis le début de saison, Bilal Bourazza est l’un des personnages clés à l’origine de la bonne première partie de saison des Vandopériens, actuellement quatrièmes de la Poule B du championnat de Régionale 1 et qui joueront le huitième tour de Coupe de France samedi face au Red Star. Rencontre.
Pouvez-vous vous présenter ?
Je m’appelle Bilal Bourazza. J’ai obtenu mon Brevet d’État du Creps de Lorraine et de nombreuses certifications complémentaires comme le certificat de préparation physique football ou la certification en programmation neurolinguistiques et neurosciences en 2014. Je suis préparateur physique et coach personnel indépendant depuis bientôt cinq ans. J’accompagne des sportifs de haut niveau et des personnes désireuses simplement d’améliorer leur quotidien. Et j’interviens depuis cet été au sein de l’US Vandœuvre en tant que préparateur athlétique.
Comment avez-vous intégré le staff de l’US Vandœuvre ?
Pour le coup, ça a commencé avec Pape Diakhaté (ex-Nancy, Saint-Etienne ou encore Lyon). Il m’a fait confiance sur ses deux dernières années en professionnel en étant son préparateur individuel. Et finalement, lorsqu’il est passé de l’autre côté, quand il est devenu coach, il m’a parlé de ce projet. J’ai été tout de suite emballé car au-delà d’être un athlète que j’admire, c’est un grand homme en qui j’ai une confiance absolue.
Rejoindre un staff de football, était-ce un désir ou une opportunité ?
À la base je suis coach privé omnisport dans l’optique d’améliorer le quotidien des personnes. Mais c’était un vrai souhait. Plus jeune j’étais joueur de football, au niveau régional uniquement mais c’était un réel objectif. Depuis que j’ai été formé et que je suis sorti du Creps puis obtenu mes différentes spécialisations, mon objectif était de me rapprocher de la préparation physique de haut niveau et particulièrement dans le football. Donc c’était une super opportunité qui venait satisfaire un désir. Aujourd’hui, j’y trouve tout mon épanouissement professionnel et personnel.
C’est votre première expérience en groupe ?
C’est ma première expérience en groupe, oui. Pour l’anecdote, un club de première division thaïlandaise m’avait contacté l’année dernière. Ça devait se faire mais le seul point négatif c’est que je n’avais pas encore entraîné un groupe.
En quoi consiste votre poste ?
Déjà, ce qui est super enrichissant c’est que les coachs me donnent quasiment carte blanche. Je sais que c’est quelque chose de rare, même dans le plus haut niveau donc c’est un vrai plaisir. Je m’occupe donc entièrement de la partie athlétique, c’est-à-dire tous les cycles de travail, bien évidemment en lien avec ce que font les coachs. Mais aussi de l’individualisation du travail pour certains joueurs, type réhabilitation et retour de blessure. J’interviens également sur l’aspect nutritionnel. Et indirectement sur la gestion mentale.
C’est une première pour le club…
Oui à Vandœuvre c’est la première fois au club qu’il y a un préparateur et donc eu une préparation estivale ! En début de saison, j’ai calculé le nombre de semaines de compétition, les trêves etc. Et donc au départ, on a travaillé sur du foncier avec des efforts plus longs puis au fur et à mesure que la saison s’est rapprochée, on s’est tourné vers du spécifique. C’est-à-dire des circuits avec ballon qui ont une visée de développement au niveau physiologique et qui répondent aux efforts demandés en match. Donc des sprints de quinze secondes, de l’arrêt, du freinage, des changements de direction, d’axe, etc. C’est tout ce travail-là qu’on a développé et qu’on développe, avec la possibilité d’individualiser ce travail en fonction des postes et ce qui est le plus judicieux pour le joueur. Même si c’est très rare au niveau amateur.
Pourquoi ?
Faute de moyens, principalement. Il y a très peu de préparateurs. Par exemple, je n’ai plus les chiffres exacts mais chaque année à Vandœuvre le pourcentage de blessés en fin de préparation estivale était conséquent. Cette année, la priorité, bien avant celle du développement des performances, c’était surtout de régler ce problème de blessures et de donner la priorité au travail préventif.
Le style de jeu voulu par Pape Diakhaté entre-t-il en compte dans l’élaboration de votre programme de préparation ?
Carrément. Généralement on joue avec une défense à trois ou à cinq, ça dépend de la phase de jeu mais donc trois centraux et deux pistons. Sur les couloirs, une équipe qui n’a pas des joueurs avec un gros volume de jeu aura des difficultés dans son animation avec et sans ballon. Ces deux joueurs déjà ont une dominante de vitesse, de résistance. Ensuite il y a nos trois milieux qui réalisent beaucoup de mouvements et nos attaquants à qui on demande de beaucoup décrocher assez bas avant de se projeter à nouveau vers l’avant. Toute cette activité, on la dynamise.
Et puis, de manière plus globale, le résultat on l’a vu contre Champigneulles (2-1) et Lunéville (2-0) en Coupe. Contre la première équipe on a joué les prolongations et sans prétention, physiquement on était largement au-dessus. Là, tu te dis que t’es d’une grande aide. Personnellement, je vois la préparation physique comme un moyen, surtout dans le football. Car, plus on a un capital physique important, moins il y a de dégradation technique et plus il y aura de qualité technique. Encore plus à Vandœuvre où on a de très bons joueurs de ballon, si on a ce talent inné plus le travail au niveau physique, on a une base qui permet de mieux s’exprimer techniquement.
Cela suit l’évolution actuelle du jeu…
En effet, cela prend sens dans un football moderne où il y a de plus en plus d’intensité dans les matchs et donc plus de volume de jeu requis pour les joueurs. Ça se voit aussi dans enchaînement des matchs qui sont de plus en plus nombreux et qui rendent les saisons très riches. Donc que ce soit les joueurs de haut niveau, tout comme les amateurs, ils ont tout intérêt à avoir un investissement global qui va leurs permettre de se développer sur leurs manques athlétiques avec un préparateur physique individuel en plus. Aussi, l’objectif c’est de décupler leurs forces, leurs points forts. Je connais un peu le préparateur individuel de Sadio Mané et il continue à travailler son explosivité à longueur de temps alors qu’on pourrait se dire que le joueur est déjà hyper explosif. C’est comme Cristiano Ronaldo.
Après, il faut que le joueur soit réceptif à ce travail. Et c’est plus difficile au niveau amateur. Il y a toujours des joueurs réticents à travailler en salle. C’est pas dans leurs habitudes donc forcément cela créé un certain décalage car ils ne voient pas spécialement le lien entre être un bon joueur de football et le travail athlétique en parallèle.
Vous utilisez des outils d’analyse dans votre travail ? Type GPS, etc.
On n’utilise pas de technologies type GPS. Simplement, avec Sporttotal pour l’analyse vidéo et les séquençages. Mais d’un point de vue de la préparation physique, non. Personnellement, je travaille à l’ancienne avec des batteries de tests qu’on a fait en pré-saison pour avoir des repères sur la VMA, la détente verticale, horizontale, la résistance musculaire, notamment. Avec cela, ça me permet de classer les joueurs dans certains groupes de niveau et travailler au long de la saison tout en réévaluant leur niveau au fur et à mesure.
Avant une rencontre comme celle de ce samedi face au Red Star qui évolue trois divisions au-dessus, la préparation physique est-elle encore plus importante ?
C’est un club de niveau professionnel qui joue l’accès en Ligue 2 donc c’est tout une organisation différente, d’un point de vue de fréquence, de logistique. Derrière ils s’entraînent plus que nous donc ils sont meilleurs physiquement et récupèrent mieux que nous. Sur les capacités initiales, ils sont censés être au-dessus de nous. Alors forcément, on a ce petit manque à combler, ce que l’on ne peut pas faire en deux semaines. Depuis le début de saison on a eu un très gros volume de travail, les joueurs l’ont bien encaissé. Donc au contraire, à quelques jours du match, c’est même plus cohérent de faire une petite décharge pour avoir une certaine régénération et être sur le pic de forme le jour J notamment en touchant le ballon.
Au-delà de votre rôle à l’USVF, vous réalisez aussi du travail individuel dont avec certains joueurs de Nancy. En quoi cela consiste-t-il ?
Oui, à la base, ma carrière est basée essentiellement sur la préparation physique individuelle. Depuis quelques années je travaille avec plusieurs joueurs de Nancy et des joueurs d’autres clubs français ou à l’étranger aussi. C’est une démarche du joueur dont la grande majorité se fait par le bouche à oreille et je réponds simplement à sa propre problématique : rester en forme tout une saison, une préparation estivale plus poussée, une optimisation de la trêve hivernale, un développement spécifique d’un des points de la condition physique (endurance…).
Quel est le rêve d’un préparateur physique ?
Par rapport au football, comme les joueurs, c’est d’accéder au plus haut niveau finalement. Je pense que l’on peut rêver comme eux. Déjà, intégrer un staff de Ligue 1, ça serait magnifique. Et ensuite, au niveau international comme Grégory Dupont l’ex-préparateur physique du LOSC aujourd’hui au Real Madrid, c’est comme une consécration.
Si vous étiez un sportif de haut niveau, qui seriez-vous ? Pourquoi ?
Pape Diakhaté. En tant que sportif, il a eu une carrière plus qu’honorable. Et puis, étant de Nancy j’ai grandi avec lui. Avec lui, la définition du mot « athlète » prend tout son sens. Sinon, en tant qu’homme, par ses valeurs, son expérience de vie et ce qu’il dégage. C’est un peu comme mon grand frère.