En défendant avec une certaine efficacité pendant 83 minutes, le Beşiktaş de Slaven Bilic aurait pu ramener quelque chose d’Anfield la semaine dernière. Après avoir cédé sur un penalty tardif, le contingent turc rentre à Istanbul avec une défaite, sans avoir marqué à l’extérieur. Si l’équilibre a parfois été rendu précaire par l’explosivité des Scousers,il existe des motifs d’espoir en vue du retour ce jeudi.
Le système défensif de Bilic
Opposée à une équipe en pleine forme, et qui a sensiblement redressé sa situation depuis son élimination de la Ligue des champions (16 matchs sans défaite), la formation de Slaven Bilic s’est présentée à Anfield avec l’ambition de bien défendre. Pour autant, les Turcs ont appliqué un gros pressing face au 3-4-3 de Brendan Rodgers. Avec un système défensif basé sur des marquages serrés, les Aigles Noirs ont essayé de couper les transmissions de Liverpool dès la relance, en mettant un maximum de joueurs autour du porteur du ballon.
Si les défenseurs Reds bénéficiaient d’une relative liberté – ne faisant réellement face qu’à Demba Ba qui se contentait d’isoler Skrtel (3 contre 1) – le milieu de terrain et la défense stambouliote étaient organisés de façon à réduire l’explosivité offensive de Liverpool. Avec un défenseur de plus (charnière à 2 contre 1 face à Sturridge) et un libéro au milieu (Kavlak) chargé de suivre les attaquants dans leurs décrochages, Bilic s’est assuré une certaine sécurité.
Une des difficultés pour les Turcs était de lire le système offensif plutôt original de Liverpool (3-4-2-1), qui ne comporte ni véritable ailier (Coutinho et Lallana ayant une activité relativement axiale), ni véritable latéral (Ibe et Moreno étant plus qu’enclin à créer le danger par leur capacité de percussion).
En suivant les marquages ci-dessus, Kurtuluş devait marquer Coutinho et Gökhan devait se charger de Moreno sur le côté droit de la défense turque. Lorsque le Brésilien rentrait à l’intérieur, les marquages devaient être échangés intelligemment pour ne pas offrir de liberté à aucun des deux jeunes talents « liverpuldiens ». La donne était la même de l’autre côté avec Ramon Motta et Olcay Sahan face à Adam Lallana et Jordon Ibe.
Les marquages mis en place par Bilic évoluaient selon la position du ballon et des joueurs de Liverpool. Quand le ballon va chez Sakho ou Emre Can ; Sosa ou Olcay jaillissent sur le porteur et derrière, les marquages se réorganisent de manière à n’ouvrir aucune ligne de passe.
En difficulté face aux renversements
Avec une telle densité autour du porteur, les Turcs ont vacillé quand Liverpool est parvenu à se sortir du pressing en renversant le jeu grâce à la justesse et la vitesse d’exécution de Allen et Henderson. Une fois Ibe ou Moreno servis, un grand espace s’offrait dans le dos de Ramon Motta et Kurtuluş. Le latéral colombien aura vécu une soirée très compliquée face à Ibe. Il sera suspendu au retour, tout comme Ersan Gülüm, qui a lui été excellent dans l’axe, malgré un Vine douloureux face à Coutinho.
Malgré ces moments de fragilité, avec 2 joueurs en plus derrière (théoriquement un stoppeur et Kevlak) la qualité de Sturridge a été bien contenue par la paire Ersan-Pablo Franco, malgré un trop grand nombre de coups-francs concédés face à la qualité de dribble anglaise, et malgré de constantes situations de surnombre défensif.
La possession devra être sûre
Si Liverpool a tenu le ballon la plupart du temps lors de cette première manche (59%), les Reds n’étaient pas particulièrement pressés de le récupérer, et ont offert à leurs visiteurs une certaine liberté dans son utilisation. Sans le ballon, les hommes de Brendan Rodgers s’organisent en 5-4-1, Ibe et Moreno devenant des latéraux, alors que Coutinho et Lallana entourent Allen et Henderson derrière Sturridge.
Le danger est également venu sur des contre reds, après des séquences d’attaque placée stambouliotes. Cela dit, là encore, les conditions du surnombre n’ont jamais vraiment été créées, même si la qualité de dribble des Sturridge, Sterling, Coutinho, Ibe et Moreno peut faire peur. Uune situation qui devrait se reproduire plus souvent au retour, d’où l’extrême nécessité de bien utiliser le ballon.
Les Anglais étant parvenus à garder leur cage inviolée à domicile, la sécurité de la circulation du Beşiktaş sera une clé du match retour de jeudi. La moindre passe ratée pourrait laisser la qualité adverse s’exprimer en percussion, d’autant plus qu’Ersan sera suspendu dans l’axe.
Après une deuxième mi-temps paradoxalement plus tranquille, le penalty viendra d’une action en attaque rapide, dans laquelle on retrouve un cet espace dans le dos du latéral gauche colombien, qui sera (comme un symbole) poussé à la faute par Ibe, malgré une nouvelle situation de surnombre à l’avantage des Aigles Noirs.
Ne pas compromettre ses chances
Forcément, la première condition de la qualification pour le Beşiktaş sera une clean sheet : pour espérer les prolongations ou la qualification directe. Dans le cas contraire, les hommes de Bilic devraient marquer 3 fois. Malgré l’absence d’Ersan, ils ont de quoi espérer.
Avec 2 joueurs de plus derrière, et un système défensif qui a bien fonctionné, ils auraient pu ramener quelque chose de ce déplacement périlleux. Quand Liverpool a véritablement impliqué 7 joueurs dans l’attaque placée, Ba a obtenu une énorme occasion en contre.
Pour ne pas compromettre ses chances au retour, il faudra bien défendre, et attaquer sans prise de risque inutile au moment d’utiliser la largeur. Marquer un but n’est pas un objectif irréaliste. La force de percussion de Liverpool s’est un peu épuisée en seconde mi-temps, et le temps jouera peut-être contre les Anglais s’ils n’arrivent pas à marquer rapidement à Istanbul.
Victor Lefaucheux