Les premières assises du supporterisme se sont déroulées jeudi dernier au Palais du Luxembourg et le lendemain Porte d’Orléans. Sous ce nom un peu pompeux se cache notamment une énième volonté de représenter les supporters auprès des institutions. Et si cette fois c’était la bonne ?
Crédible. C’est ainsi qu’il est possible de qualifier le colloque organisé sur deux jours par l’association A la Nantaise et Supporters Direct. Des partisans d’un football populaire de différents horizons : universitaires, économistes, avocats, et même le sénateur Ronan Dantec (EELV) étaient réunis. Quelques curieux et certaines têtes bien connues du monde des tribunes composaient aussi l’assistance d’une centaine de personnes venues de toute la France (Nantes, Nancy, Metz, Toulon, Saint-Etienne, Rouen…). Au programme de 14 à 18 heures : des débats, parfois pointus, experts à l’appui. L’un d’entre eux intitulé « Quelle place pour les supporters en France ? » s’est vite orienté autour de Bernard Desumer, vice-président de la FFF, seul représentant des institutions. La Ligue s’est défilée avec l’organisation de la finale de la Coupe de la Ligue comme excuse. Dommage, l’échange souhaité par les supporters de clubs professionnels n’a donc pu avoir lieu. Et lorsque le bras droit de Noël le Graët est interrogé par un ancien porte-parole de Liberté Pour les Abonnés (LPA) concernant les recalés de France-Australie, des matchs de foot féminin ou de Gambardella, le vieil homme botte en touche. Le néant. C’est sur ce manque de dialogue que le travail est colossal. L’OM, par l’intermédiaire de son secrétaire général Cédric Dufoix, est le seul club à s’être invité« par hasard ». William Gaillard, directeur de la communication des affaires publiques de l’UEFA, tacle : « La France est le dernier pays de la zone UEFA à ne pas avoir implanté la réforme SLO (ndlr : Supporter Liaison Officier, un référent supporter par club auprès de l’UEFA) avec la Moldavie et l’Azerbaïdjan ! ».
Un Conseil National des Supporters de Football (CNSF)
Les membres fondateurs du projet croient fermement pouvoir réaliser ce qui n’a pu être fait par le passé malgré les multiples tentatives. À savoir rassembler un maximum de supporters français avec l’acronyme CNSF sous l’impulsion de trois associations. « Pourquoi À la Nantaise, les Socios Nancy et la Fédération des Culs Rouges (Rouen) ? », lance une grande gueule messine intéressée comme d’autres par l’initiative. Certes, il faut des « groupes qui sont moteurs ». Mais, à l’instar de ce qu’a pu faire Supporters Direct dans les autres pays, est-ce que les membres de ce Conseil National des Supporters se limiteront à une seule association par club ? Si oui, qui privilégier entre des associations de supporters récentes (qui militent essentiellement pour un actionnariat populaire) ou des groupes ultras bien plus vieux ? « Il faut des associations qui soient légitimes pour représenter leur club, affirme Florian Le Teuff le président du collectif d’A La Nantaise. […] Mais le Conseil a vocation à accueillir tout le monde sur des base statutaires démocratiques, transparentes et ouvertes ». Ce qui peut poser problème avec des associations ultras. Un point dont il conviendra d’éclaircir pour la suite des événements. Comme tout projet naissant, il est logique d’avoir quelques interrogations.
Autre thème phare, la question de l’implantation de l’actionnariat populaire dans les clubs français. C’est même l’arme principale du CSNF, soutenu par le « Pompey Supporter Trust » de Portsmouth, une référence en la matière, ou des socios du Standard venus de Liège. Les exemples étrangers, y compris en Allemagne, sont cités en exemple pour impliquer les supporters dans la gouvernance des clubs et briser ce système d’actionnariat unique. Universitaires et chercheurs comme Luc Arrondel corroborent ces réussites à travers des études sérieuses. Le Conseil National des Supporters de Football s’attelera aussi à veiller à l’application des normes de Responsabilités Sociales des Entreprises, en l’occurrence des clubs. Comme pour l’accompagnement inexistant des joueurs qui ne signent pas de contrat professionnel à la fin de leur formation de footballeur.
Les organisateurs ont donc lancé à travers le CSNF un outil de travail et de dialogue qui ne semblait pas évident de prime abord. Une première étape importante pour établir un échange crédible et représentatif des attentes des supporters auprès des instances du football français. La qualité des intervenants dans une ambiance studieuse a convaincu et motivé les plus sceptiques marqués par le fameux livre vert du supporterisme de 2010 qui n’avait donné suite. Et c’est déjà beaucoup, en attendant la suite.
Avec SM
Des années que les niçois militent pour l’actionnariat populaire à travers l’action « TOUS ACTIONNAIRES ».
Ont-ils été conviés..?
Ils sont libres de prendre contact avec Supporter Direct Europe, et le CNSF, et ils le seront -conviés- sans problèmes.