Le championnat brésilien s’est terminé dimanche dernier par le sacre du Corinthians. Mais c’est un autre club de São Paulo qui est à l’honneur ce soir, avec le jubilé du mythe Rogério Ceni. Après 25 ans de bons et (très) loyaux services, le portier-buteur raccroche les gants.
Le Brasileirao est terminé depuis dimanche. Le Corinthians est donc champion, ce qui était acté depuis quelques journées. Mais l’un des matchs les plus importants de l’année doit encore se dérouler. Car ce vendredi, tout le Brésil, voire même toute l’Amérique du Sud, aura les yeux tournés vers São Paulo, plus précisément vers le Morumbi. L’enceinte du São Paulo FC sera le théâtre du jubilé de Rogério Ceni. Le gardien a décidé de raccrocher définitivement les gants, à 42 ans, et après une carrière exemplaire couronnée de trophées et de records.
Meilleur buteur des gardiens
131. S’il fallait ressortir ne serait-ce qu’une seule statistique de la carrière de Rogério Mücke Ceni, c’est bien celle-là. Il ne s’agit pas là du nombre de sélections avec le Brésil (il n’en compte qu’une « petite » vingtaine), mais bien le nombre de buts inscrits par le portier du SPFC. Car si Ceni est l’un des gardiens les plus connus de l’histoire du ballon rond, c’est pour avoir marqué à 131 reprises, dont la moitié sur coup-franc. Un record chez les gardiens de but, qui sera bien compliqué à aller chercher. « J’ai commencé à m’exercer en tirant sur les montants, ce qui est plus difficile. Comme personne ne travaillait les coups-francs dans l’équipe, je me suis senti légitime pour les tirer », a un jour raconté le Brésilien à AS. Une légitimité qu’il n’a pas mis longtemps à asseoir. Rien qu’en 2005, il inscrit 21 buts et termine meilleur buteur de son équipe : un exploit pour un pays réputé pour ses attaquants. Il y ajoute également la régularité, puisqu’il a marqué chaque saison depuis 1997, tout simplement !
Mais il ne faudrait pas réduire Rogério Ceni à ses simples buts (ce qui n’est déjà pas banal pour un gardien). Le natif de Pato Branco a en effet un palmarès assez impressionnant. Trois Copa Libertadores, deux Coupes Intercontinentale, une Coupe du monde des clubs, une Copa Sudamericana, 3 titres de champion du Brésil… Ceni a pratiquement tout gagné sur le sol sud-américain ! À cela il faut également rajouter une Coupe du monde (2002) et une Coupe des confédérations (1997), malgré une place d’éternelle doublure avec la sélection auriverde. En 25 ans de carrière, dont 18 en tant que titulaire indiscutable dans son club, O Mito (le mythe) a réussi à faire tomber d’autres records. Car avec 1254 matchs disputés, il est le recordman mondial du nombre de matches effectués avec le même club. Sans compter le record de capitanat (plus de 900 rencontres avec le brassard). Une longévité et une régularité au plus haut niveau impressionnante. C’est une page, voire même une encyclopédie du football brésilien qui va se refermer ce soir à São Paulo.
Les petits plats dans les grands
Alors pour ce jubilé, le SPFC a décidé de mettre les petits plats dans les grands. De nombreux anciens joueurs du club seront conviés pour la rencontre, dont Cafu, Zetti, Müller mais surtout le grand Rai, capitaine lors des victoires en Coupe Intercontinentale 1992 et 1993, qui n’a pas hésité avant de venir. « Quand j’ai reçu l’invitation, je me suis senti heureux et honoré, parce que c’est l’occasion de revoir plein d’amis de différentes générations. Je suis très content de cette opportunité. Seule une personne unique comme Rogério pouvait réunir tant de joueurs qui ont fait les grandes heures de São Paulo », a déclaré l’ancien Parisien sur le site du club. Un hommage flatteur de la part de l’un des meilleurs joueurs brésiliens des 90’s, qui montre toute l’importance qu’a Rogério Ceni dans son club de toujours.
Mais l’hommage ne s’arrête pas là. Les dirigeants paulistes ont décidé de sortir des maillots spéciaux pour l’occasion, pour commémorer les 25 ans que Ceni a passé au club. Une marque de respect (et source de merchandising) incroyablement forte pour un gardien, poste particulier dans le football, mais bien plus reconnu en Amérique du Sud. Les Schmeichel, Kahn ou van der Sar, malgré tout ce qu’ils ont apporté à leurs clubs et à leur sélection, n’ont jamais eu droit à tel honneur. Une preuve de plus que Rogério Ceni est à part, à l’image de Jorge Campos, René Higuita ou José Luis Chilavert, autres grands gardiens-buteurs. Et c’est donc dans son stade qu’O Mito va quitter le monde du football. Un monde qu’il a connu pendant 25 ans, côtoyant des joueurs comme Cafu, Rai, Leonardo, Kaka ou encore Luis Fabiano (difficile de faire mieux). Un monde qu’il aura marqué de son empreinte. Autant avec son pied droit qu’avec ses gants…