Nouvelle saison et retour de la rubrique « Ils se détestent ». Cette saison encore, tous les jeudis, nous allons vous faire revisiter ou découvrir avant chaque week-end les matchs les plus chauds qui auront lieu sur la planète football. Pour ce premier numéro de la saison, c’est un derby assez exotique que La Grinta vous propose. Direction la Corée du Sud pour le match le plus bouillant de l’année au pays du Gangnam style entre le FC Seoul et les Suwon Bluewings qui aura lieu ce samedi à midi heure française. Gros plan sur un match qui mobilise l’attention de tout un pays.
S’ils ne partagent plus le même stade, ni la même ville, les deux clubs ont toujours en commun une intense rivalité. Celle-ci remonte à 1996, entre les Suwon Bluewings et le FC Séoul, anciennement Anyang Cheetahs. Cette année-là, les Suwon Bluewings deviennent le neuvième pensionnaire de la K-League (championnat coréen de première division à l’époque). Quant aux FC Seoul, ils déménagent de Séoul à Anyang (Ville situé à une heure de la capitale Sud-Coréenne). C’est ainsi que le derby surnommé « Jijidae » verra le jour. « Jijidae » est le nom d’une colline sur la frontière entre Anyang et Suwon villes hôtes des deux voisins ennemis. C’est en 1999 que cette rivalité va s’amplifier quand Seo Jung-Won, ancien buteur d’Anyang (et pour la petite anecdote, de Strasbourg), effectue le court voyage vers le club ennemi de Suwon. Un affront pour les supporteurs d’Anyang qui brûlent des maillots au nom de Seo lorsque les deux équipes croisent leur chemin en Supercoupe de Corée du Sud, compétition qui fait office de rampe de lancement pour la nouvelle saison. Malheureusement pour eux, l’attaquant reste imperturbable et réussit même un doublé pour une victoire 5-1. A ce jour, Seo reste le seul joueur à avoir marqué pour les deux clubs dans le mythique « Jijidae ». Et encore aujourd’hui, c’est la plus large victoire dans toute l’histoire du derby ! Il n’en fallait pas plus pour accentuer un contentieux déjà bien encré entre les deux clubs. Celui-ci traversera les années même lorsque à l’orée de l’exercice 2004, le club d’Anyang regagne la capitale pour loger au Seoul World Cup Stadium et devenir le FC Séoul.
FC Séoul, club aux identités multiples
A l’origine, il est fondé en 1983 sous le nom de Lucky-Goldstar Hwangso FC à Chungcheong. Après un premier titre en 1985, le club s’implante au stade Dongdaemun à Séoul en 1990 où il sera sacré champion de K-League pour la seconde fois. Le Lucky-Goldstar Hwangso FC est par la suite renommée LG Cheetahs en 1991 avant de devoir déménager à Anyang, au sud de Séoul en 1996. Le Anyang LG Cheetahs née donc de ce nouveau changement. Le club reste implanté pendant près de huit ans avant de regagner Séoul en 2004. Un nouveau souffle est donné au club avec un nouveau changement d’identité, le nom de FC Séoul. Ce dernier emménagea au Seoul World Cup Stadium laissé sans hôte après la Coupe du monde de football 2002. Si le FC Séoul peut se vanter d’être le club le plus titré à l’échelon national avec 5 titres, il a en revanche un palmarès vierge au niveau international contrairement à son ennemi voisin. Les rouge et noir de Séoul ne sont pas passés loin d’un titre continental lors de la Ligue des champions asiatique de 2002. Les deux frères ennemis se retrouvèrent en finale au stade Azadi de Téhéran. Après 120 minutes stériles au tableau d’affichage, les Bluewings, alors tenants du trophée, s’imposent 4-2 aux tirs au but lors du derby le plus important de leur histoire.
Un triste moment que les supporteurs de la capitale aimeraient sans doute effacer à jamais de leur mémoire. Les supporteurs, parlons-en. Le groupe principal du FC Séoul se nomme « Suhoshin ». Deux autres groupes « Seoulobba » et « Thanatos », plus minoritaires, sont aussi présents dans la tribune du Seoul World Cup Stadium réservée aux fans les plus assidus. Beaucoup ont découvert la ferveur de la Corée du Sud lors de la Coupe du monde 2002. Celle-ci est toujours présente et n’a jamais baissé d’intensité, le mouvement ultra sud-coréen est comparable à celui du pays voisin, le Japon. Des chants puissants, des virages colorés, des animations pyrotechniques et des tifos de qualité accompagnés d’une discipline dont seuls les asiatiques ont le secret. Les fans du FC Séoul ne dérogent pas à la règle et font partie des meilleurs du pays. Il ne fait aucun doute que ce samedi, les joueurs de la capitale pourront compter une nouvelle fois sur le soutien inconditionnel de leurs supporteurs.
Suwon Samsung Bluewings FC, l’ogre financier
Les amateurs de football l’ignorent surement. Mais c’est bel et bien le Roi Jeongjo de la Dynastie Joseon qui avait tenté en vain de transférer la capitale de Séoul à Suwon. Le projet de l’ancien monarque n’a jamais été conclu, mais près de deux cents ans plus tard, la ville s’est imposée comme la capitale du football coréen, à la plus grande joie de ses habitants. Les Suwon Bluewings sont au jour d’aujourd’hui, la formation du pays la plus titrée au niveau continental avec deux Ligue des champions de l’AFC au compteur. Créé en 1995 et propriété du géant industriel Samsung, il ne faudra que trois petites années pour que le club de Suwon se fasse remarquer. Tout d’abord avec un titre de champion de Corée du Sud en 1998, conduit par son talentueux numéro 10 Ko Jong-Soo, le club connaît alors une période de gloire. Vexés par le faite de ne pas conserver leur titre l’année suivante, les Bluewings s’imposent en finale de la Supercoupe et de la Coupe de la Ligue. La légende est en marche, et la République de Corée du Sud ne leur suffit plus. En 2001 et en 2002, ils rafleront deux Ligue des champions asiatiques à la suite. Les Bluewings aiment aligner les succès, comme en témoignent les deux Supercoupes d’Asie remportées aussi consécutivement.
Bien sûr, tous ces titres ont contribué à l’immense passion autour du club qui est aujourd’hui le plus populaire du pays. D’ailleurs, la ville de Suwon est souvent surnommée « La ville du football » par les amateurs de ballon rond au pays du matin calme. Suwon peut compter sur un soutien important de ses supporteurs, la plus importante communauté de fans d’un club en Corée du Sud. Ce groupe, c’est le « Grand Bleu ». Tout simplement me direz-vous. Il a vu le jour en 1995, comme le club, et a grandi au fur et à mesure des années en s’imposant comme le plus influent de la K-League Classic. Le « Grand Bleu » revendique 30.000 membres enregistrés sur son site internet et plus de 6.000 membre actifs ! Le groupe de supporteurs se situe dans le virage nord du Big Bird (stade hôte des Bluewings) et se fait remarquer via des fumigènes, de grands drapeaux et des chants continus pendant 90 minutes pour encourager leur onze favori. Nul doute que tout ce petit monde se fera entendre, encore une fois, en effectuant le court déplacement vers Séoul ce samedi.
Pour la première fois de l’histoire du championnat Sud-Coréen, la K-League s’offre deux divisions et la première change de nom pour devenir la K-League Classic. Avec 40 journées au programme, quatre places de Ligue des Champions AFC à décrocher et trois places de reléguer à éviter cette épisode 2013 nous réserve encore un suspens incroyable. Au jour d’aujourd’hui le FC Séoul est sixième à seulement une longueur de son grand rival les Bluewings cinquième. Le titre et les places qualificatives pour la Ligue des Champions AFC sont encore tout à fait envisageable, nul doute que ce « Jijidae » s’avère une fois de plus très passionnant…