A Palerme, il y avait Fabrizio Miccoli et les autres. L’ex-capitaine de l’équipe rosanera était respecté dans toute l’Italie. Aujourd’hui même Lecce, son club de cœur pour qui il souhaitait jouer en fin de carrière, l’a rejeté.
Avant la fin du championnat, on se doutait que Miccoli allait quitter Palerme. Ce qu’on ne savait pas, c’était pourquoi. Du haut de ses 34 ans, avec sept buts et huit passes décisives cette saison, il n’est pas le premier coupable de la relégation de son équipe. Pourtant, on sentait le bouillant président Maurizio Zamparini réticent à le prolonger, s’attirant (un peu plus) l’ire des tifosi. Première hypothèse évoquée, l’économie d’un gros salaire (la Serie B ayant, de plus, la particularité d’avoir instauré un plafonnement des salaires). Lui donc qui a donné tant de fois corps et larmes au Renzo Barbera n’était donc pas prêt à un faire un effort ? D’autres rumeurs insistaient sur ses relations troubles avec la mafia. Quelques semaines plus tard, on en a eu malheureusement la confirmation par voie de presse. La Repubblica a révélé que la bandiera (joueur symbole d’un club en Italie) était soupçonné d’extorsion de fonds pour le compte du fils d’un boss mafieux. Le mauvais copain en question se nomme Mauro Lauricella, fils d’Antonio qui a notamment aidé le célèbre Bernardo Provenzano dans sa cavale. Ces liens avec la pègre étaient déjà connus (accès abusif à un système informatique), c’est ainsi qu’il était suivi par la Direzione Investigativa Antimafia (DIA). La nouvelle fait l’effet d’une bombe, personne ne veut y croire.
« J’ai honte de l’avoir eu comme idole »
Hélas, les preuves s’accumulent contre Fabrizio Miccoli. Notamment une qui a littéralement dégouté les Palermitains. Sous écoute téléphonique, il a insulté en chanson, avec Mauro Lauricella, l’un des célèbres juges tués par la mafia Giovanni Falcone. « Quel fango di Falcone ». Littéralement, « cette boue de Falcone ». Il lui avait pourtant dédié un but lors d’un match de charité récemment. Même les plus fervents défenseurs du capitaine sicilien qui insultaient les journalistes s’y sont résignés. Leur idole a dérapé. Ces propos ont choqué, surtout dans l’île qui a tant souffert pendant les années de sang de Cosa Nostra et qui reste marquée encore aujourd’hui. « J’ai honte de l’avoir eu comme idole » était l’une des nombreuses réactions de Palermitains écoeurés sur les réseaux sociaux. En pleurs, il a demandé pardon lors d’une conférence de presse. Comme quand il avait marqué un but contre Lecce, son club de cœur alors en lutte pour le maintien en Serie A. Mais même Lecce, finaliste malheureux de Lega Pro (troisième division) est partagé (pour ne pas dire embarrassé) par son éventuel retour. Pour les tifosi, c’est hors de question ! « On ne sent pas représentés par Miccoli » ont-ils clamé. Même son de cloche pour l’ancien secrétaire du ministère de l’Intérieur, Alfredo Mantovano : « Je pense qu’il ne devrait plus mettre un pied sur un terrain de foot ».
Un avis que ne partagent plusieurs personnalités locales, comme Alfredo Prete, président de la Chambre de commerce : « Il a demandé pardon… Qui sommes-nous pour juger si nous ne connaissons pas les preuves en possession de la magistrature ? ». Personne. Mais la déception n’a d’égale que l’amour porté au capitano.