Troisième numéro de la rubrique « ils se détestent », traversons l’Atlantique et bien plus encore pour atterrir en Bavière. Samedi 13 Avril, à 15h30, aura lieu le Bayernderby (derby de Bavière) entre le Bayern Munich et le FC Nuremberg.Nous allons essayer de vous faire découvrir une rivalité encore peu connue en Europe. Ce sont les deux clubs les plus titrés d’Allemagne qui vont s’affronter à l’Allianz Arena samedi.
Altmeister contre le FC Hollywood
Le FC Nuremberg et ses 9 titres de champions va sans doute peser pas très lourd face à l’ogre munichois et ses 23 boucliers (avec son titre de champion de ce samedi).
Malgré le déséquilibre entre ces deux formations, la partie s’annonce engagée avec d’un côté le nouveau champion d’Allemagne et de l’autre, une équipe coincée dans le ventre mou du classement (10ème) et qui a de faibles chances de décrocher un ticket pour l’Europa League la saison prochaine.
Le premier match officiel a eu lieu après la Seconde Guerre mondiale lors de la saison 1945-1946. Les équipes évoluaient alors en Öberliga Süd, championnat qui réunissait les clubs de la zone d’occupation américaine située dans les futurs Länder du Bade-Wurtemberg, d’Hesse et de Bavière.
La Directive n°23 (une des mesures du processus de dénazification) permettra d’enlever tout signe militaire dans les clubs sportifs et à réhabiliter des clubs dissous par le régime nazi. C’est dans ce contexte que le Bayern, considéré comme le « club des juifs » par le régime nazi (le président, le coach et un bon nombre de joueurs ont quitté l’Allemagne après l’annonce des nouvelles lois antisémites) se trouve fortement affaibli face au FC Nuremberg qui fait partie des puissants clubs.
En effet, ils remportent en 1948 le premier championnat national allemand de l’après-guerre.
Nuremberg glanera plusieurs titres (six au total) durant l’entre deux guerres (entre 1918 et 1939), ce qui lui vaudra le surnom de Die Legende en Allemagne.
La puissance de Nuremberg continuera jusqu’en 1968 (date du dernier championnat gagné) mais ce sera la fin d’une époque parce que les années 70 marqueront le début de la suprématie du Bayern Munich en RFA.
La génération Breitner, Maier, Hoeness, Beckenbauer et Müller vont écrire la première ligne d’un long palmarès pour le FCB. Avec ses 23 titres de champion et ses 4 Champions League, le club a envoyé aux oubliettes un passé très peu glorieux.
Cette domination s’est accélérée lors de la réunification de l’Allemagne au début des années 90.
Ambiance bavaroise
Dans la rubrique supporters, Munich récolte encore les bons points. Ses ultras procurent la meilleure ambiance d’Allemagne lors de matchs à l’extérieur et combattent, aux côtés de nombreuses amitiés telles qu’avec Bochum, le Hertha Berlin ou Sankt Pauli, l’homophobie et le racisme dans les stades.
Ils sont connus aussi pour avoir protestés contre la venue de Manuel Neuer (actuel gardien de but du club) qui est ancien joueur de Schalke 04 (autre grand ennemi du Bayern à cause de ses liens officiels avec le régime nazi) et ancien ultra de cette dernière.
La Schikeria Munich (l’un des grands groupes d’ultras du club) l’a conspué avant et après son arrivée au Bayern à coups de « Koan Neuer » (Pas de Neuer en dialecte bavarois) mais les prestations de hautes qualités ont eu raison de l’animosité des ultras qui l’applaudiront très longtemps après en avril 2012 après la victoire en demi-finale de Ligue des champions face au Real Madrid.
Grande particularité des supporters munichois, ils n’utilisent ni mégaphone, ni porte-voix durant les matchs. Ils communiquent de vive voix avec leurs tribunes respectives. La Südkurve (tribune Sud) fait partie des meilleures ambiances d’Allemagne.
Pour les supporters de Nuremberg, c’est l’occasion de montrer que l’âme du club est encore présente à l’inverse des résultats très irréguliers alternant les descentes et les montées ces 20 dernières années. Les fans de Nuremberg sont connus pour être loyaux, bien plus que la moyenne en Allemagne comme l’attestent les 40 000 supporters généralement présents au Frankenstadion même durant le passage à vide en Bundesliga 2 ou même en Regionalliga (championnat régional qui correspondait à la 3ème division) lors de la saison 1996-1997.
Les Ultras, quant à eux, se considèrent comme non-bavarois et sont les premiers groupes de supporters en Allemagne à avoir utilisé le nom « ultra » dans le nom du groupe.
Les Ultras de Nuremberg, dont son plus grand groupe les UN94, entretiennent une grande amitié avec des Ultras de Schalke 04, ennemi héréditaire du Bayern Munich.
De nos jours : David contre Goliath
Le Bayern, décontracté après sa qualification au dernier carré de la Ligue des Champions et son titre de champion, va affronter une formation nurembourgoise qui n’a plus grand-chose à espérer de sa saison après s’être fait éliminer au premier tour de la Coupe d’Allemagne par le TSV Havlese (4ème division), Nuremberg semble être distancé pour la course à l’Europe.
Martin Bader (directeur sportif du FC Nuremberg) parle mieux que quiconque de la situation du club et de ce match spécial : « C’est un honneur pour nous de jouer chaque année contre le Bayern. Nous allons tout faire pour que cela soit encore le cas l’année prochaine et l’année suivante« .
Pour David Alaba, le prodigue autrichien du Bayern, le match garde aussi toute son importance : « Ce match est important pour les fans ; donc, pour nous aussi« .
Rendez vous samedi à 15h30 pour savoir qui sera maître de la Bavière.