C’était dans la nuit, a 0 h 15 heure française, toute la Bombonera retenait son souffle, ça y est le retour de Juan Roman Riquelme est acté. Carlos Bianchi, entraîneur le plus titré de l’histoire de Boca qui a lui aussi effectué son retour en janvier pour le Torneo Final, l’avait annoncé officiellement dans la journée laissant longtemps planer le doute.
Comme un signe du destin. Il revient face à l’Union Santa Fe, club contre qui, Juan Roman a effectué ses premiers pas sous le maillot de Boca Juniors 17 ans auparavant en 1996. Depuis Riquelme s’est aguerri avec une carrière exceptionnelle pour certains et un goût d’inachevé pour d’autres. Il remporte son premier titre sous le maillot xeneize en 1998 avec un premier titre de champion d’Argentine, puis renouvelle l’exploit en 1999, puis vient l’an 2000… Année du triplé historique de Boca Juniors : championnat, Copa Libertadores et Coupe Intercontinentale face au Real Madrid. En 2001 il remporte à nouveau la Libertadores avec Boca, ce qui lui vaudra d’être élu meilleur joueur sud-américain de l’année. Oui mais, ce talent que Boca aimerait tant préserver commence à attirer tous les regards européens, cette élégance, cette vision du jeu et ces passes encore plus délicieuses qu’un bon porno ne laisse indifférent personne et notamment le FC Barcelone.
La parenthèse espagnole
C’est donc au grand désarroi du peuple de la Boca, mais assez logiquement que le club argentin et le club catalan trouvent un accord pour ce numéro 10 d’exception en 2002. Juan Roman rejoint donc la Liga. Mais cette année-là Van Gaal ne lui laissera que très peu sa chance, l’aventure catalane ne durera finalement qu’une saison et Riquelme rejoint Villarreal. Il permet au sous-marin jaune d’effectuer les deux meilleures saisons de son histoire en championnat et privera même Zidane du titre de meilleur joueur de la Liga espagnole. En février 2007 et une demi-finale de Ligue des champions plus tard, Riquelme retourne en Argentine, toujours à Boca, contre toute attente. Il se permet de remporter une nouvelle Copa Libertadores contre Gremio en inscrivant 3 des 5 buts sur les matchs aller/retour! Mais faute d’un accord financier et malgré l’insistance du club argentin et de ses socios, Roman retourne une nouvelle fois à Villarreal. Mais Riquelme a toujours la tête et son coeur à Boca et par manque de temps de jeu c’est, enfin, en 2008 que le club espagnol et Boca trouvent un accord pour transférer «el idolo».
Le retour au pays
Pour son nouveau retour le meneur de jeu argentin rafle encore un titre de champion d’Argentine. A ce moment-là, le club de Boca Juniors organise un sondage auprès de ses supporteurs et Juan Roman Riquelme est élu meilleur joueur de Boca de tous les temps devant un certain Diego Armando Maradona… Rien que ça! Il a d’ailleurs eu l’honneur de voir une statue érigée a son effigie dans la boutique officielle du club au coté « d’El Loco » Palermo et « d’El Dios»Maradona. Depuis Riquelme a une nouvelle fois remporté un titre de champion d’Argentine en 2011, et a réussi a emmener Boca en finale de Copa Libertadores face au Corinthians. C’était un 5 juillet 2012 mais après une défaite frustrante lors de cette finale le maestro annonce son départ, il se dit fatigué, usé par tant de pression… Il faut dire qu’en Argentine, et encore plus à Boca, le football représente bien plus qu’un sport, il est vécu comme une religion. Preuve faite après l’annonce de son départ, plus de 3000 supporteurs jaune et bleu, dont certains en larmes viendront supplier Riquelme de ne pas partir. Rien y fait, à 34 ans son choix est entériné, il se retire du monde du football. Mais depuis décembre des rumeurs circulent, Riquelme voudrait revenir, mais pas à Boca tant que Julio Falcioni (entraîneur en poste en décembre 2012) est là. Les premiers articles de presse l’envoie au Brésil, des fois même en Europe mais rien de concret. A la fin du Torneo Apertura 2012 tout va s’accélérer, Falcioni est remercié et l’on annonce un retour de Bianchi. Tous les hinchas de Boca se prennent a rêver du retour du tandem Bianchi-Riquelme qui les a fait chavirer dans un bonheur absolu quelques années auparavant. Et ce rêve devient réalité, Juan Roman annonce son come-back début janvier, il prévient qu’il ne pourra pas être opérationnel dès le début du Torneo Final 2013. Le seul doute qui subsistait encore jusqu’à hier était de savoir quand l’idole de tout un peuple allait refouler cette pelouse mythique de la Bombonera. Ce fut hier et à chaque ballons touchés, à chaque transmissions de balles, à chaque coup de pied arrêté, une ovation retentissait dans le stade.« La bomba va a explosar » lança le commentateur de la Tv Publica Argentina quand Juan Roman Riquelme est apparu, mais comment être surpris? « El idolo» fait partie de ces numéros 10 en voie de disparition, Riquelme restera parmi les plus grands, cette élégance, cette classe, cette intelligence de jeu ont déjà fait de lui une idole éternelle à Boca. Même si l’Union s’est imposé hier 3-1 sur le terrain des Xeneizes, au vu de l’euphorie dans le stade à la fin du match, cela restera complètement anecdotique et sera vite oublié par les fans de Boca…
A bientôt Juan Roman, on se retrouvera peut être en juin pour la finale de la Copa Libertadores…