Il n’a pas encore 20 ans, est français et fait la Une de la presse italienne. Lui, c’est la nouvelle étoile montante de la Juventus : Paul Pogba, auteur encore d’une grande prestation contre l’Udinese (4-0).
On comprend mieux pourquoi Alex Ferguson était si amer lorsque Paul Pogba a décidé de quitter Manchester. Le gamin est bourré de talent. C’est la Juventus qui rafle la mise. Beppe Marotta, le directeur sportif du club, a eu le nez creux sur ce coup-là. Pourtant, le pauvre s’en prend plein la tronche lorsqu’il annonce sa recrue française. Les tifosi espéraient Marco Verratti, annoncé comme successeur de Pirlo, tandis que le joueur de Pescara file au PSG pour environ 12 millions d’euros. L’Italie est sous le choc, Cesare Prandelli parle même de « scandale » concernant le départ à l’étranger du joueur si prometteur. Les débuts flamboyants de Verratti à Paris n’arrangent rien à la polémique. Marotta, lui, est convaincu d’avoir fait le bon choix : « Verratti pour 12 millions ? Vous verrez Pogba… ». L’avenir lui donnera vite raison. Le 22 septembre 2012, il dispute son premier sous ses nouvelles couleurs en Serie A contre le Chievo. Dix jours plus tard, il joue enla Ligue des Champions contre le Shakhtar Donetsk. C’est le 11 octobre 2012 que Paul Pogba se montre décisif pour la première fois : un triplé contre Savona (D4 italienne) en match amical. Et en match officiel ? La réponse du Français arrive contre Naples la semaine suivante. Le milieu de terrain entre en jeu à la 75e et marque peu après d’une superbe reprise de volée en dehors de la surface qui scelle la victoire face à Naples (2-0). « Pogbam » est né et entré dans le cœur des Bianconeri.
La confirmation d’un grand talent
Fin octobre, la Juve est accrochée à domicile par Bologne (1-1). Devinez qui vient mettre sa tête (ou plutôt sa crête) dans le temps additionnel sur un centre de Giovinco ? Paul Pogba, évidemment qui permet à son équipe de prendre les trois points. Cependant, l’ancien protégé de Ferguson ne sait pas que mettre des buts. Il défend aussi. On aurait tendance à oublier qu’il récupère beaucoup de ballons avant de décocher des frappes lourdes. Preuve de son adaptation parfaite au sein du milieu à 5 d’Antonio Conte, on le surnomme déjà « il polpo » (la pieuvre en français). Ce samedi contre l’Udinese, Pogba a fait le tour de du monde sur Youtube. Pour son premier d’abord, une somptueuse demi-volée de 30 mètres. Il débloque la situation alors que la Vieille Dame butait sur un excellent Padelli. Son deuxième ensuite, un râteau sur Allan et encore un but en dehors de la surface. A cet instant du match, le réalisateur fait un gros plan sur les dirigeants de la Juventus en train de jubiler. « À l’entraînement, Conte me dit d’être « méchant ». Je suis grand et costaud, donc je dois gagner tous les duels », admet Paul Pogba qui est promis à un grand avenir à condition de le protéger. Pas comme un certain Mario Balotelli…
L’importance de ne pas (trop) s’enflammer
Le natif de Lagny-sur-Marne a une grosse confiance en soi. Signer à Turin, là où peu d’équipes en Europe sont mieux armées au milieu de terrain alors qu’il désire avoir du temps de jeu, démontre l’état d’esprit de Pogba. Peu après son arrivée, il fait une sortie remarquée sur RMC : « L’objectif de ma carrière est d’être le meilleur joueur du monde. Pour cette année, mon but est de faire 25 matchs et d’être dans les 5 meilleurs jeunes joueurs du monde.» Melon ? Et ce n’est pas son style capillaire qui va rassurer certains observateurs. Pogba est écarté du groupe pour le match contre Pescara après être arrivé en retard à deux entraînements par Conte. Bon, sur le coup, ça ne lui fait évidement pas plaisir. Bonne surprise, il déclarera plus tard que la sanction était logique et que l’on ne l’y reprendra plus. Le seul à critiquer ce choix, c’est son agent : Mino Raiola, oui, le même qui a pour clients Balotelli et Ibrahimovic. Quand on voit ce qu’est devenu le joueur de City, il y a de quoi s’inquiéter. C’est dans l’intérêt de Raiola de « stariser » ses joueurs pour mieux les vendre par la suite (et toucher de juteuses commissions).Certains pestent déjà contre les célébrations de but du phénomène. Après le match contre l’Udinese, Pogba rassure : « Si je dois retourner sur le banc, je le ferai et je serai toujours prêt à revenir sur le terrain pour donner le meilleur de moi-même ».
Jusqu’à présent, les relations de Raiola avec la Juventus ont toujours été bonnes. Et, à la différence d’un Balotelli à l’Inter, la Juve est l’un des rares clubs de Serie A capable de protéger un jeune prometteur. Il faudra au moins ça, pour que Pogba continue son irrésistible ascension.