Pas de répit pour les supporters, qui bossent chaque semaine pour la fête, la célébration et pour nous régaler. Cette semaine encore, des représentants français, et des pays de l’Est chauds-bouillants. Originalité, créativité, complexité, et qualité des chorégraphies, les artistes des tribunes ont encore frappé par leur talent et leur pugnacité. Profitons-en.
10. Feyenoord 5-2 AZ Alkmaar
On commence doucement mais sûrement avec le dixième du classement, aux Pays-Bas. Plutôt que d’utiliser les couleurs de son club de Feyenoord, rouge et blanc, le tifo prend celles de la ville de Rotterdam. Des couleurs qu’affectionnent tout particulièrement les supporters. Et qui sont aussi utilisées pour les maillots des joueurs quand les couleurs de l’équipe adversaire sont trop similaires. Il faut dire que le championnat des Pays-Bas comporte pas mal d’équipes en rouge. Pour fêter dignement la première place du classement, un message clair en tribune : « On ne se laissera pas arrêter. On va continuer ! ».
9. Reims 3-0 Ajaccio
Reims ne pouvait pas passer à côté de la mort de Raymond Kopa. Ni sur le terrain, où les joueurs portaient le maillot d’époque floqué à son nom, ni dans les tribunes. Un bel hommage au joueur exceptionnel, homme de cœur et idole de toute une génération, décédé le 3 mars dernier. Joueur au palmarès spectaculaire, Ballon d’or et 4 fois vainqueur de la Ligue des champions… Kopa a contribué à la grandeur du Stade de Reims et y retourna même après son passage au Real Madrid. Un lettrage, une bâche graphique représentant en noir et blanc la silhouette de Kopa, et une banderole évoquant le surnom donné par les journalistes anglais en 1963 au stade de Wembley : « Napoléon au panthéon ». Kopa et Reims unis dans la légende du foot.
8. AS Saint-Etienne 2-2 FC Metz
À Sainté, les Green Angels auraient pu fêter dignement leur 25 ans d’existence. La machine foot en a décidé autrement : le match débute à 15 heures, presque pour le goûter. Difficile, donc, d’embraser la nuit. La sobriété est de mise : un tifo à feuilles noir et blanc, une silhouette quasi fantomatique qui porte une affiche « 25 », pour les 25 ans du groupe. Dénué de couleurs, de visages et de gaieté. La banderole en bas, toute aussi morne, s’adresse avec compassion aux supporters de foot : « Désolé. À 15 heures on ne sait pas faire ». N’empêche, la contestation inspire ce tifo efficace. Le message passe.
7. Lorient 1-2 Paris SG
Quoi de mieux qu’un grand classique contre un PSG essoufflé ? Les Merlus Ultras déploient une animation en longueur à leurs couleurs orange et noire. Notez le breton comme langue de bienvenue, dans leur typo traditionnelle tout en attaché : « Ultras de Lorient ». Les Parisiens ne sont pas partout chez eux en France.
6. USMA 2-2 ASAM
Les supporters algériens de l’USM Annaba proposent deux réalisations à feuilles absolument impeccables. Langue universelle, couleurs pétantes, leur langage composé de pictogrammes est proche du symbolisme. Les dollars et la globalisation, ou la dénonciation du foot actuel et l’illusion d’un football passionnel et festif. Les supporters regroupés et condensés s’opposent au vide de la tribune supérieure qui laisse apparaître le nom du stade, qui lui prend place au sein des immeubles. Nous sommes en troisième division, et vu le niveau de réalisation, on ne dirait pas.
5. Celtic FC 1-1 Glagows Rangers
L’Old firm, le derby écossais de la ville de Glasgow, c’est aussi une sacré bataille en tribune. Deux styles s’opposent carrément. Les supporters du Celtic (dont le cortège a fait le tour des réseaux sociaux) surfent sur le traditionnel en déployant une bâche en l’honneur des joueurs et personnalité du club, avec la phrase : « La vraie et unique fidélité ». À la mi-temps ça taille sévère, avec une référence littéraire à l’hymne rock punk camé du film culte Trainspotting, dont le numéro 2, tout aussi rock et camé, vient de sortir en salle. Trainspotting devient Hunskelping, et « Choose Life » (Choisis la vie), devient « Choose Death » (Choisis la mort). Dans les couleurs de l’adversaire, la Green Brigade se lâche sur ce que c’est qu’être supporter des Rangers, et c’est pas joli-joli, mais tellement savoureux… L’Old firm est l’occasion de faire ressortir les tensions historiques entre le Celtic, club proche des Irlandais cathos et les Rangers, fidèles à la couronne britannique et protestants. Fallait oser.
4.Genoa 0-1 Sampdoria
Le derby de Gênes, appelé « derby de la lanterne » en évocation au phare qui surplombe la ville, est une sacrée fête dont on a peu d’échos en France. Et comme beaucoup de derbys, c’est l’occas’ d’une belle opposition de genre au temple du Calcio, le stade Luigi Ferraris que les deux équipes se partagent.
En tribunes, le Genoa assoit son caractère hégémonique avec un tifo en deux temps d’inspiration classique articulé autour de leurs symboles : le Griffon, et la croix rouge sur fond blanc qui rend notamment hommage aux marins anglais.
En face, la Sampdoria brille par un tifo au total look argentin dont les éléments se marient et jouent avec le vent : longs étendards planant dans la tribune, drapeau, banderole, fumigène. La Sampdoria affiche son style de supportérisme, et on kiffe.
D’un côté comme de l’autre, c’est de l’amour. « La patience a ses limites. Notre amour n’en a pas » et « Enflamme l’âme, les yeux et l’esprit », « Explose dans le coeur de ton peuple ». Un pays romantique, ça ne s’invente pas. Même les ultras sont fleurs bleues.
3. Saint-Gall 1-1 Lucerne
À Saint-Gall, en Suisse, l’hymne à l’amour est dirigé vers le mouvement ultra et le graffiti. Le tifo à feuilles laisse bientôt apparaître une bâche venant du bas représentant un supporter tatoué ultra, bombe de peinture dans une main et fumigène de l’autre. En tribunes, on fait craquer un fumigène au niveau de sa main : l’illusion est là. Des banderoles en graffiti wild style (le lettrage FCSG pour Fussball Club Sankt Gallen) viennent parfaire cette belle mise en scène qui réunit les vibrantes cultures foot et graffiti dans le monde du street art.
2. GKS Katowice 2-2 Stomil Olsztyn
Dans la ville de Katowice en Pologne, le club de foot de Division 2 porte l’emblème de la ville industrielle, des machines noires super réalistes. Imprégnés de culture locale, les supporters brandissent avec maîtrise un énorme voile sur toute la longueur de la tribune latérale. Au milieu, les machines représentées dans l’écusson aux couleurs jaune et verte du club prend des allures de rock indus, sur fond post apocalyptique de briques rouge punk, « des briques impénétrables« . On se croirait dans une galerie d’art de Soho à New York, mais l’œuvre coûterait une petite fortune. Ici, c’est cadeau. La bâche tombe pour faire ressurgir les supporters, avec un craquage de fumigènes sur toute la longueur. Un beau bordel qui réchauffe le stade.
1.KP Legia Varsovie 1-0 Wisla Cracovie
Accueil de folie des ultras du Legia Varsovie pour une affiche du championnat polonais, qui scinde aussi les rivalités nord-sud. Un tifo parfait. Un dessin de bande dessinée à l’échelle monumentale du stade. On retrouve le personnage du supporter, déjà vu en Ligue des champions le 14 septembre 2016 face au Borussia Dortmund. Et une banderole qui fait échos à la défaite survenue lors de ce match : « Il est temps de se rattraper de la Champions League« . Aujourd’hui, le personnage dévoile son visage et sort un fumigène de son sac à dos griffé « Ultra Legia », entouré de feuilles bleu pétant, et bientôt mis en scène par une pyrotechnie qui braque toutes les lumières sur lui. Il faudra plus qu’une défaite pour faire cesser sa ferveur.
https://youtu.be/urKz9vpI0FU
Avec Thomas Boraca
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Pourquoi n’y a t il pas le nom de l’auteur de cette article? Que l’on puisse la félicité…
Merci pour la mémoire de Kopa les médias l ont un peu oublié pas un reportage pour un si grand joueur et bravo pour le top 10 beau classement