L’équipe bretonne est l’actuelle leader d’un championnat réputé peu spectaculaire. Troublé par des problèmes internes liés à la direction en début de saison et avec 60 % de nouveaux joueurs arrivés à l’intersaison, ce club ne figurait pas forcément dans les favoris à la montée. Avec Jean-Marc Furlan à sa tête, coach expérimenté et ambitieux dans son jeu, journée après journée le Stade Brestois prouve qu’il faudra compter sur lui pour l’accession en Ligue 1. Le tout en proposant un projet de jeu et une animation très agréables. Décryptage.
Composition
Brest en phase offensive
Formée en 4-3-3 sur le papier, l’équipe de Jean-Marc Furlan propose une grande variété dans son animation et une multitude de mouvements en phase offensive. Dès que cette équipe à l’occasion de construire une action de derrière, la pointe du triangle au milieu à savoir Coeff ou Grougi redescend à la hauteur de ses défenseurs centraux pour les étirer sur les côtés et ainsi faire monter d’une ligne les défenseurs latéraux. Ce principe d’animation est extrêmement répandu dans les systèmes en 4-3-3 pour reconstruire en sécurité et en supériorité numérique face à l’éventuel pressing des attaquants adverses. Mais l’entraîneur de Brest exige clairement d’autres variantes pour relancer proprement de derrière. En effet, il arrive aussi qu’un autre milieu du triangle comme Battocchio ou Faussurier voire Pelé vienne occuper la zone initiale du latéral (droite ou gauche) pour se sortir de l’étreinte du milieu et faire monter ce défenseur. Par ce déplacement, les joueurs obligent l’adversaire soit à le suivre et à ouvrir l’axe pour un appel en appui, soit à rester en zone et donc à laisser le milieu créatif libre de ses mouvements.
Par la suite, les qualités techniques du groupe amènent des décalages. La capacité des joueurs à varier entre du jeu court et du jeu long, alliée aux nombreux déplacements et permutations des ailiers et milieux de terrain permet d’amener le cuir à hauteur des 30 derniers mètres adverses. Lorsqu’ils tentent de développer un jeu court, deux configurations apparaissent prioritaires. D’abord, s’appuyer sur Neal Maupay, qui décroche pour proposer des appuis, des remises, dans les intervalles, qui vont permettre de combiner avec les milieux. Ensuite, jouer sur les côtés en s’appuyant sur la mobilité des latéraux qui n’hésitent pas dédoubler, qui occupent les flancs dans le camp adverse surtout si leurs coéquipiers sont rentrés à l’intérieur du jeu. Des combinaisons rapides à deux ou trois fondées sur une circulation rapide du ballon en peu de touches de balle permettent souvent de déborder l’adversaire grâce à la grande mobilité et vélocité collective. À ce titre, il faut mentionner l’importance des triangles Nganioni (maintenant remplacé par Bernard)-Faussurier-Pelé d’un côté et Doumbia-(maintenant remplacé par Belaud)-Battocchio-Henry ou Lavigne de l’autre auxquels peuvent s’ajouter Maupay qui par ses déplacements perturbe la défense.
Par ailleurs, l’équipe de Brest ne se résume pas à sa capacité à combiner en jeu court avec des joueurs proches les uns des autres. L’utilisation du jeu long est souvent pertinente et utilisée à bonne escient. Les joueurs de côté comme Pelé ou Lavigne, très proches dans la vie, se cherchent souvent directement par des transversales. De plus, face à des blocs médians, lorsque la charnière est relativement lourde (cf. : la 7eme journée face à Auxerre), des joueurs comme Coeff, Grougi ou Castan tentent souvent d’allonger pour trouver directement Maupay ou son remplaçant Joseph Monrose (voire Diallo) dans la profondeur.
Enfin, il faut également s’intéresser à la phase de finition où les possibilités sont multiples et variées. Les centres sont fréquemment utilisés lorsque les décalages sont effectués sur les côtés mais plus souvent au sol ou en retrait car les attaquants de Brest ne sont ni les plus efficaces de la tête, ni les plus grands. Même si on pourra noter que c’est sur une de ces phases de jeu que Maupay marque le deuxième but de son équipe dans le match crucial contre Strasbourg lors de la 11eme journée de Ligue 2. Les frappes de loin, les combinaisons, les provocations en un contre un pour obtenir des penaltys sont des armes supplémentaires de l’équipe de Jean-Marc Furlan pour finir les actions. Malgré tout, les Brestois ont tendance à avoir besoin de beaucoup d’occasions pour marquer ce qui peut parfois lui coûter cher.
La récupération du ballon et les transitions brestoises
Le bloc de Brest alterne entre deux configurations principales en phase défensive. Lorsque l’équipe adverse récupère le ballon assez bas dans son camp ou quand ils donnent le ballon vers l’arrière imparfaitement, Maupay, Faussurier et un troisième joueur (souvent un ailier) sont les instigateurs d’un pressing sur les défenseurs centraux pour les pousser à dégager le ballon ou à la faute technique. Contre Le Havre lors de la 8eme journée les trois principaux relanceurs du Havre étaient constamment confrontés à trois joueurs brestois.
Autrement, dans la majorité des cas, le bloc de Brest se caractérise par un repli rapide, un aspect compact en 4-1-4-1 situé au niveau de la ligne médiane. Dans ce cas-là, il laisse les défenseurs centraux adverses libres de leurs mouvements, et met la pression à l’adversaire après la première passe. Lorsque celle-ci est effectuée dans l’axe, la supériorité numérique au milieu permet souvent une récupération collective du ballon d’autant plus que Maupay n’est pas avare d’efforts dans ce domaine. Tandis que l’équipe adverse cherche à construire par les côtés, le bloc brestois coulisse côté ballon et tente d’étouffer l’adversaire contre la ligne de touche grâce à leurs triangles auxquels il faut ajouter Coeff en couverture.
Néanmoins, il faut ajouter que l’équipe de Brest utilise assez peu les phases de transition lorsqu’elle récupère le ballon dans son camp. À part sur du jeu long très direct sur Maupay ou Pelé partis en profondeur, le collectif préfère souvent repartir sur une phase de conservation qui permet ensuite la construction d’une attaque placée. Un chantier sur lequel Jean-Marc Furlan doit insister surtout si son équipe monte en Ligue 1 en fin de saison.
Les joueurs majeurs
L’une des forces de l’effectif breton est sa grande homogénéité où de multiples joueurs apparaissent interchangeables et polyvalents. Furlan dispose de nombreux d’atouts au milieu de terrain et sur les ailes. Il est d’ailleurs très rare qu’il présente le même onze de départ d’un match à l’autre. Coeff , Grougi, Faussurier, Battocchio, Perez se battent souvent pour occuper les 3 postes au cœur du jeu. Steven Joseph-Monrose, Zakarie Labidi, Valentin Henry sont des alternatives crédibles pour occuper les devants de l’attaque. Toutefois il faut relever le rôle central de certains tauliers de cette équipe. Parmi eux, Bryan Pelé le joueur de 24 ans formé à Lorient apparaît indéboulonnable. Ce jeune joueur au petit gabarit est un véritable électron libre sur le terrain. Disposant d’appuis courts, d’une bonne qualité technique, d’une grosse mobilité et d’un gros volume de jeu, il entre pleinement dans la philosophie de jeu que veut instaurer Furlan. Ses déplacements et ses combinaisons avec Neal Maupay malmènent les défenses de Ligue 2.
Maupay est ainsi l’autre joueur décisif de cette équipe. Auteur de 8 buts en 14 matchs de Ligue 2, le natif de Versailles est véritablement en train d’exploser. Formé à Nice, ce joueur de 20 ans présente les mêmes qualités que son compère de l’attaque, la finition en plus. Mentionnons également l’importance de Julien Faussurier qui a suivi Jean-Marc Furlan depuis Troyes jusqu’à Brest. Couteau-suisse par excellence, l’ancien entraîneur de l’ESTAC lui voue une confiance absolue. Capable d’occuper tous les postes du milieu voire même d’être placé sur une aile, sa maturité tactique (l’un des joueurs les plus vieux de l’effectif avec ses 29 ans) et son intelligence font souvent la différence et permettent à l’équipe brestoise de gérer au mieux ses temps forts et ses temps faibles.
En outre, la cohérence dans la construction de l’effectif doit absolument être relevée. L’entraîneur et la direction technique ont su aller chercher des joueurs compatibles avec la philosophie de jeu active, faite de prises d’initiatives, de jeu technique et rapide que souhaite développer monsieur Furlan. Bryan Pelé, Valentin Lavigne, Alexandre Coeff, proviennent du centre de formation de Lorient. Nganioni, Faussurier ont fait leurs gammes au sein de l’Olympique Lyonnais. Neal Maupay est formé à Nice où les spécialistes soulignent depuis longtemps le travail de fond effectué sur la formation. Ainsi, la réussite du projet de Brest, ne doit rien au hasard et s’explique par un travail de recherche approfondi auprès de bons centres de formation français qui savent former des joueurs techniques et relativement complets.
Conclusion
Nous le soulignons, cette réussite provient d’un travail de fond effectué en un temps relativement court puisqu’il s’agit de la première saison de Jean-Marc Furlan à Brest. Disposant d’un budget de 12 à 13 millions d’euros, ce club montre qu’il est possible de gagner en proposant un véritable spectacle à ses supporters sans casser sa tirelire et dans un championnat souvent réputé pour sa frilosité. C’est avec beaucoup d’intelligence, d’exigence, et de travail que Brest se donne la possibilité d’un avenir ensoleillé en juin 2017.
Bilan
Les points forts :
- Un effectif cohérent, homogène, disposant de solides qualités techniques.
- Un gardien et un numéro 9 de qualité.
- Un entraîneur ambitieux qui ne veut jamais subir le match et les événements.
- Capacités à conserver le ballon, à user du jeu court et du jeu long pour déséquilibrer.
- Une récupération collective du ballon, à travers plusieurs configurations.
- Un banc de touche de qualité pour la Ligue 2
Les axes de progrès :
- Les coups de pied arrêtés défensifs durant lesquels l’équipe apparaît fébrile.
- Les coups de pied arrêtés offensifs trop peu efficaces.
- Tendance récurrente à la conservation stérile et latérale.
- Beaucoup d’occasions sont souvent nécessaires pour marquer un but.
- Des défenseurs centraux qui participent peu à la relance.
- Le jeu de transition.
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