La Coupe du monde de rugby qui a débuté vendredi est l’événement sportif de la rentrée. L’opportunité pour La Grinta de retracer l’histoire de Martin Teran, international argentin avec les Pumas et ex-footballeur professionnel à l’Atletico Tucuman en deuxième division.
Le football et le rugby sont nés main dans la main en Angleterre. La légende voudrait qu’au cours d’une partie de football à la mi-temps, William Webb Ellis porta dans ses bras le ballon derrière la ligne de but adverse alors que la tradition était de le pousser au pied. En réalité, les origines du rugby sont bien plus complexes et la moitié du 19ème siècle a achevé la scission entre les deux sports. Les Anglais ont introduit ces deux disciplines de manière massive en Argentine. Aujourd’hui, le football est bien entendu le sport le plus populaire du pays, le rugby, lui, est réservé à une classe sociale élevée.
Les exemples de joueurs de Rugby doués pour le football et vice-versa sont légion en Argentine. On peut entre autres citer Hugo Porta, une légende du rugby, ex-pensionnaire notamment du centre de formation de River Plate, Ariel Ortega qui a longtemps joué au rugby à haut niveau avant de choisir le football ou encore Lucas Hyland qui évoluait, dans les années 1960, au club professionnel de rugby de San Isidro le samedi et en équipe réserve de Boca Juniors le dimanche. Cependant le cas le plus significatif de ces surdoués du sport est sans aucun doute celui de Martin Teran.
Les Pumas et la Coupe du monde 1991
Teran nait à San Miguel, la capitale de la province de Tucuman. Il commence à jouer au rugby à l’âge de 6 ans poussé par son père, José, également ancien membre des Pumas dans les années 1950, l‘équipe nationale d’Argentine. Il évolue toute sa vie au sein du Tucuman Rugby Club et intègre à de nombreuses reprises la sélection de la province de Tucuman, les « Naranjas ». Soulignons que la province de Tucuman est une terre de rugby par excellence puisque ces fameux « Naranjas » ont remporté 11 fois le championnat argentin de Rugby, compétition qui regroupe les sélections de toutes les provinces du pays. Seule la puissante province de Buenos Aires et les « Aguilas » devancent Tucuman avec 34 titres nationaux.
D’ailleurs, Tucuman est l’un des réservoirs des Pumas, pas moins de 7 joueurs de Tucuman joueront la Coupe du monde sous les couleurs argentines sans compter le sélectionneur Daniel Hourcade. C’est dans ce contexte que Teran revêt une trentaine de fois le maillot des Pumas et dispute deux Coupes du monde, celle de 1991 et celle de 1995. On se souvient notamment de ses deux essais contre l’Australie en 1991. Il a largement contribué au sacre des « Naranjas » à 4 reprises face à Buenos Aires, Rosario, Cordoba et Mendoza. Autrement dit, Martin Teran a eu une carrière plus qu’honorable. Alors qu’il est à son apogée sportif, il décide de se dédier à sa deuxième grande passion de la même manière que l’on change de chemise : le football
Atlético Tucuman et le sauvetage de la relégation
Pourquoi changer subitement de discipline ? « Je traversais mon apogée en tant que joueur de rugby même si je commençais à être âgé. J’ai toujours été très supporter de l’Atlético, je faisais tout les déplacements. Un jour lors d’un match entre amis, on m’a proposé de faire des essais et bon, au rugby j’avais accompli certains de mes objectifs : jouer une Coupe du monde, être champion avec mon club et avec la sélection de Tucuman », confiera plus tard, Teran lors d’une interview pour le journal La Gaceta. Il commence au sein de la réserve du club et inscrit 11 buts lors du championnat dont un but lors du clasico face à San Martin. Après cette première saison convaincante, il intègre la première équipe du « Decano » (doyen) à la fin de la saison 1996-1997 lors du tournoi Nacional B, la deuxième division argentine.
Il joue 6 matchs en pro sous les couleurs du « Decano » et marque un but, et pas n’importe quel but. À deux journées de la fin, Atlético est relégable et doit affronter Douglas Haig à domicile. La match est sur le point de se terminer sur un triste match nul qui signifie une descente quasi certaine de l’Atletico. Teran rentre à 10 minutes de la fin du match et marque le but de la victoire, synonyme de maintien, un des buts les plus importants de l’histoire du club. Après ce bref passage dans le monde du football, Teran se retire définitivement du monde du sport professionnel. Il travaille aujourd’hui en tant qu’agent immobilier.
Le point commun entre un but pour sauver son club d’une relégation en 3ème division Argentine et un essai en Coupe du monde de rugby ? Deux sports différents mais les mêmes émotions…