Un match de foot, c’est parfois l’occasion pour des pays en conflit politique de régler leurs comptes sur le terrain. Et dès la phase de groupes, cette Copa América nous gratifie de chocs qui risquent de prendre une dimension très politique… Zoom sur trois d’entre eux.
Colombie-Venezuela : dimanche 14 juin, 21 heures
Sur le terrain, un duel déséquilibré entre des Colombiens sérieux outsiders de la compétition et des Vénézuéliens qui commencent à peine à côtoyer le haut niveau. Mais cette rencontre risque surtout de réveiller des rancœurs politiques encore tenaces entre les deux voisins. Il faut dire que dans les années 2000, les deux pays ont eu des relations détestables. Les présidents Álvaro Uribe et Hugo Chávez, aux antipodes l’un de l’autre, se détestaient cordialement et se livraient à des joutes oratoires qui sont encore dans toutes les têtes, et ont laissé des traces des deux côtés de la frontière. Peu importe que les présidents actuels tentent timidement de renouer le contact, Colombiens et Vénézuéliens ne peuvent toujours pas s’encadrer. Match à risque, donc.
Argentine-Uruguay : mercredi 17 juin, 1 h 30
Les vrais savent. Le vrai clásico sud-américain qui sent la poudre, ce n’est pas Argentine-Brésil, mais Argentine-Uruguay. Un match qui a été jusqu’à envenimer les relations diplomatiques entre les deux pays au début du XXe siècle.
Et contrairement à Argentine-Brésil, cette rivalité va au-delà des rectangles verts. Sur le terrain, comme en politique, les Argentins ont la fâcheuse tendance à se voir plus forts qu’ils ne sont. Comme beaucoup d’Argentins qui considèrent secrètement l’Uruguay comme une province de plus de leur pays, les joueurs de Tata Martino se voient déjà remporter la compétition. En face, les Charrúas vont, comme à leur habitude, se montrer piqués au vif par leur arrogant voisin, et auront à cœur de lui montrer leur combativité. Car n’oublions pas que la sélection la plus titrée de la compétition et tenante du titre, c’est bien l’Uruguay.
Chili-Bolivie : samedi 20 juin, 1 h 30
Un match qui s’annonce comme très déséquilibré. D’un côté, une Roja chilienne au meilleur de sa forme, qui rêve de conquérir son premier titre à domicile. De l’autre, une Verde qui ne fait peur à personne dès lors qu’elle quitte les hauteurs de l’Altiplano. Mais là encore, cette rencontre pourrait réveiller de grandes rancœurs de chaque côté. D’abord, celle liée au conflit frontalier que les deux pays maintiennent depuis plus d’un siècle et qui a été porté par la Bolivie devant la Cour internationale de justice. Et aussi celle liée aux différences abyssales entre les deux pays. D’un côté, une réussite économique insolente, de l’autre, un État parmi les plus pauvres du continent. Et le racisme ordinaire dont sont victimes les 25 000 Boliviens immigrés au Chili n’aidera pas non plus le match à être la « grande fête sportive » attendue. Dans tous les cas, les forces de l’ordre chiliennes veillent.