Pourquoi êtes-vous ici à Bobigny ? Quel est le but de votre association et pourquoi en être le parrain ?
Steve Marlet : J’ai trouvé que de par mes origines et de par mon commencement au Red Star, qu’il était bien de s’impliquer dans une association comme « Je suis sport dans les transports » pour combattre les incivilités. J’en fais parti depuis maintenant 3 ans. J’ai trouvé logique qu’un parrain un peu issu de la région s’implique dans cette association et lorsque Farid (ndlr : Le président de l’association « je suis sport dans les transports », Farid Aid) m’a contacté, j’ai répondu présent.
Justement votre club, le Red Star, peine à se sauver en National…Alors que vous avez fait un super parcours en Coupe de France, éliminés par l’OM au Stade de France. Est-ce qu’aujourd’hui, vous payez le contre-coup d’avoir atteint les 32e de finale ?
S.M. : Non, ça nous a fait du bien au contraire puisque après cette défaite, on a enchaîné, on a pris un maximum de points (rire). On avait fait quatre victoires sur les cinq matchs qui ont suivi. Du coup, ça nous a fait du bien. Par contre, on a eu un petit coup de moins bien en enchainant trois défaites mais je dirais au contraire que cette élimination nous a fait prendre conscience de nos qualités et nous a fait rebondir.
Quel regard portez-vous sur la saison de l’une de vos anciennes équipes, l’OM ? Avez-vous encore des contacts à Marseille ?
S.M. : Ouais, j’ai encore des contacts notamment avec certains joueurs et des membres du staff médical. Maintenant, le regard que je porte c’est que je suis déçu des résultats, effectivement. C’était un petit peu prévisible vu le début de saison qu’ils ont fait. Il y a malheureusement des joueurs qui n’ont pas réussi à hausser leur niveau ou à retrouver leur niveau, des joueurs comme André-Pierre Gignac qui est pourtant un ami que j’adore, ou qui n’ont pas répondu présent, qui jouent par à-coup. En plus des problèmes de régularité, ils n’ont plus les mêmes moyens qu’avant donc c’est pour ça qu’ils n’ont plus de trop de possibilités en ce moment.
Vous êtes également passé par Lyon, que pensez-vous de la restructuration du club, et de la nouvelle philosophie incarnée par Rémi Garde ?
S.M. : Bah, c’est pas mal. Même si ça s’est fait un peu malgré eux et les moyens qu’ils ont mis dans la formation. Maintenant tout ce qu’ils font c’est cohérent, ils mettent un entraineur qui était directeur du centre de formation et l’on voit des jeunes aujourd’hui qui arrivent au niveau : les Grenier, Gonalon, Umtiti et autres Dabo. Tous ces garçons là, les voir évoluer au plus haut niveau, c’est bien mais je pense que dans quelques années ils seront encore meilleurs, et je trouve l’idée intéressante.
Quel est votre avis sur l’arrivée de QSI au PSG ?
S.M. : Franchement, je trouve ça bien. Moi je ne suis pas choqué d’entendre tous ces chiffres. D’une part, j’étais joueur et d’autre part j’ai joué en Angleterre. Il faut savoir qu’en Angleterre, tous les clubs n’ont pas honte de leurs moyens. Je pense que si nous, Français, voulons un jour rivaliser avec d’autres clubs européens, bah je dirais « malheureusement » que je pense qu’il faut passer par là. Disons que l’évolution du PSG est intéressante, c’est vrai que ça s’est fait vite pour les gens surtout qu’il y a un contexte particulier en France ce qui fait que voir arriver des tas de millions dans un pays en crise, ça peut choquer des gens. Mais si l’on se base sur l’aspect sportif, moi je pense que c’est une chance qu’on investisse dans des clubs comme ça pour voir les équipes françaises au plus haut niveau.
Quand on voit qu’une ville comme Ajaccio qui va peut-être avoir un club en Ligue 1 et un autre en Ligue 2, ce n’est pas une question de moyens. Est-ce qu’on veut réellement un deuxième grand club à Paris, ou du moins en banlieue ?
S.M. : Oui, c’est vrai que c’est le paradoxe . Ils arrivent à avoir les résultats sans moyens. Après, la Corse c’est différent. Il y a aussi la question de l’identité, c’est à dire qu’on vous met le maillot corse, il y a l’histoire qui va derrière et le passé de certains clubs. Surtout l’identité de l’Île par exemple qui est de mouiller le maillot, de se battre. Oui, ça pourrait être intéressant de reporter ça sur Paris, mais le truc c’est qu ‘à Paris il y a une telle densité de joueurs et de clubs qu’il est difficile à chaque fois de porter un projet sur un seul club sachant que le club voisin a le même projet, ainsi que l’autre voisin etc. Tout le monde veut la même chose mais malheureusement personne n’est suivi dans ces choses là. Il faut s’inspirer du football corse mais à mon avis, il y a une grosse, grosse question d’identité qui fait qu’ils ont des résultats.
Vous passez vos diplômes d’entraîneur, ça en est où ?
S.M. : Je l’ai obtenu, enfin…mes résultats sont fin avril mais je sais pour le DEF (diplôme d’entraîneur fédéral) et je vais voir si je peux passer au niveau supérieur qui est le DEFPS, qui me permettrait d’entraîner une équipe professionnelle. Aujourd’hui je peux entraîner jusqu’en National, mais j’ai quand même l’ambition d’entraîner plus haut.
Vous aviez déclaré vouloir « faire vos armes dans les divisions inférieures », un peu comme « à la Papin »?
S.M. : Oui oui, c’est toujours d’actualité. J’ai la chance d’être dans un club de National et entraîner dans mon propre club ça serait intéressant. Mais je ne dis pas que je ne veux pas entraîner dans des divisions inférieures ou des jeunes, ce n’est pas quelque chose qui me fait peur.
Vous voyez-vous toujours comme un « éducateur », bosser à la formation plutôt que de prendre en main une équipe première ou avez-vous changé d’avis ?
S.M : Non, j’ai toujours la même philosophie. Même si je m’interroge aussi, je trouve ça bien de passer sur l’équipe senior, je suis en pleine réflexion. J’ai vu en termes d’image l’effet que j’ai sur le public et là en face ça peut être un plus. Il y a le contenu mais mon travail, c’est de faire la différence et peut-être que la carrière que j’ai eu et l’image que je représente auprès des jeunes, ça serait intéressant de travailler avec un public très jeune. Mais bon, c’est surtout le rôle qui m’intéresse.
On vous sait très ami avec Olivier Dacourt, qui lui aussi prépare des diplômes dans le management. Peut-on commencer à parler de renouvellement du foot français avec les anciens pros ?
S.M. : Ah, oui. On voit pas mal d’anciens joueurs, enfin pas mal, pas assez à mon avis mais qui essayent de s’impliquer dans le monde du football aujourd’hui. Notamment Olivier qui passe le diplôme de manager, d’autres qui passent des diplômes d’entraîneur comme Claude Makelele et moi aujourd’hui, j’espère que ça va en appeler d’autres. Il y a aussi des joueurs issus de la diversité qui mettent un coup de neuf dans le paysage footballistique français, c’est une bonne chose que les ex-joueurs s’impliquent dans le football.
D’ailleurs, vous êtes tous les deux consultants sur deux chaines différentes de football, comment aborde-t-on ce rôle lorsqu’on est un ex-joueur ? Est-ce qu’on s’auto-censure pour ne pas froisser les « amis » ?
S.M : (rire) Je t’avouerais que par moment je prends quelques gants et je prends des formes pour parler et des fois critiquer certains partenaires ! Parce que moi même ayant été joueur, je sais que la critique je l’acceptais mais il y a une façon de le dire et les footballeurs sont sensibles à ça. Aujourd’hui de par mon expérience, j’essaye de prendre les formes quand je dois dire des choses négatives sur des joueurs que je connais et même que je ne connais pas. Nous, on a une approche différente par rapport aux journalistes, qui lui, va carrément rentrer dedans ! C’est un exercice sympa mais il faut faire attention selon les joueurs.
En vue de l’euro 2012, croyez-vous que l’Équipe de France puisse atteindre le dernier carré ?
S.M. : Potentiellement, lorsque tu prends les joueurs par âge je me dis : « ouais il y a des chances ». Le dernier carré ça serait exceptionnel, quarts de final ça serait déjà pas mal. Lorsque je regarde les joueurs, enfin je ne connais pas la sélection mais je vois certains joueurs qui sont suceptibles d’aller en sélectio , je vois la qualité des joueurs, des gars comme Hatem Ben Arfa n’ont rien à envier à certains. Il faut aussi créer un collectif et le gérer et ça c’est plus compliqué.
Hier, il y a eu le match Bayern – Real, êtes-vous surpris par le résultat ?
S.M. : Non, parce que si l »on regarde les stats le Bayern avait fait 6 matchs et 6 victoires à domicile. Donc je n’étais pas surpris mais je pensais qu’ils avaient raté le coche en première mi-temps et derriere on connait la mentalité allemande de ne rien lâcher et ça s’est vérifié à la fin, dans la derniere minute ils marquent ce but. C’est deux grands clubs européens, il fallait trouver un gagnant et je ne suis pas surpris finalement.
Envisagez-vous un Bayern ou Chelsea en finale de Ligue des Champions ?
S.M : Je ne vais pas être original mais je crois que ça va être difficile pour le Bayern d’aller chercher sa qualification et je pense qu’on va se retrouver avec un Real-Barca en finale. Je pense que Chelsea aura des difficultés face à la vitesse du jeu de Barcelone. Chelsea a été mis à defaut par des clubs comme Naples, même si ils ont gagné. Ils n’ont pas encore fait face à des équipes au jeu rapide comme le Barça qui est le summum de la vitesse, technique et l’on va se diriger vers un Real-Barcelone.
Quels sont vos prochains projets ?
S.M. : Ca serait quand même de « sourire » avec le Red Star et puis je verrai si je pars pour une deuxième année comme joueur ici, sur le terrain. On verra après côté formation, je verrai si je continuerai le centre de formation pour présenter les diplômes d’entraineur pro.
propos recueillis par Mehdi Messai