Le Colisée, la fontaine de Trevi, la basilique Saint-Pierre… et le stade Olympique. L’antre de la Roma et de la Lazio est une étape incontournable pour tout footeux de passage dans la Ville éternelle. Nous avons assisté ce dimanche à AS Roma-Parma. Comme beaucoup, les ultras romains sont détestés dans toute l’Italie. Depuis quelques temps, ils sont dans le collimateur des pouvoirs publics. Malgré la répression, ils organisent tant bien que mal la vie en tribune. Reportage.
La Curva Sud étant réservée aux abonnés, nous nous rendons au stade Olympique munis de billets pour le quart de virage jouxtant cette tribune. Première impression : le stade n’est pas immense comme à la télévision. Le terrain, séparé par la fameuse piste athlétique, n’est pas non plus si loin des kops. Dans le quart de virage, des jeunes, des familles, et beaucoup de filles. Chiara, 18 ans, aux longs cheveux bruns et ondulés, vient pour la première fois, « mes copines sont des habituées, c’est elles qui m’ont emmenée ». Preuve que le club de la Louve peut aussi compter sur le soutien de ses irrésistibles romaines.
Bombas et coktails molotov
Peu de spectateurs sont présents, la Curva Sud n’est pleine qu’aux trois quarts. « À Roma, beaucoup d’ultras n’ont pas d’abonnement », affirme un des leaders du virage sud. « D’habitude, on prend des billets dans d’autres secteurs et les stewards nous laissent rentrer en virage. Mais en ce moment, ils ne tolèrent plus rien ». Lors du dernier derby contre la Lazio le 11 janvier dernier, trois supporters romains, en possession de bombas et de cocktails molotov ont été arrêtés. Depuis, les autorités ont accentué la répression contre les membres du virage sud. Des interdictions de stades ont été prononcées et les tifosi ne peuvent plus se réunir dans le stade comme ils le souhaitent.
Depuis 2010 les associations d’ultras sont auto-dissoutes. Les membres se réunissent en Curva Sud derrière la simple bâche, « Roma ». La tribune se veut apolitique. Une victoire face à Parme permettrait à la Roma de revenir à 4 points de la Juventus. L’adversaire du jour, le Parma FC, est vingtième (9 points) et au bord de la faillite. Malgré tout, une centaine d’irréductibles parmesans ont fait le déplacement. Quelques minutes avant le match, de jeunes supporters placés en quart de virage, foncent et escaladent les vitres blindées pour tenter de rejoindre la Curva Sud. Les stewards plutôt passifs, tentent de les bloquer. Plusieurs dizaines de supporters réussiront à passer de l’autre côté.
À l’entrée des joueurs, les écharpes jaune et rouge sont tendues, les drapeaux virevoltent. L’hymne de la Roma s’élève en force. Magnifique. Des fumis aux couleurs du club sont craqués, quelques bombas explosent. Le match commence. Les Romains attaquent timidement. Le stade est étonnement silencieux. Assis, les ultras de la Roma ne chantent pas. Ils protestent contre la répression exercée à leur encontre par les forces de l’ordre italiennes. Une banderole est déployée : « Contre vous, on ne se rendra jamais ». Les chants retentiront après la 15e minute.
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Sur le terrain, on s’ennuie. En tribune, l’ambiance n’est pas bouillante. « On a eu beaucoup d’IDS ces temps-ci, nombre de nos leaders ne sont pas là cet après-midi », raconte un habitué. Sans mégaphone, trois ou quatre capi tentent de se coordonner pour lancer les chœurs. Un ancien, au physique de videur de boîte de nuit, passe dans les rangs secouer ceux qui se relâchent. Tout le monde doit chanter. Malgré les absents, il faut se faire entendre. Les drapeaux, rouges, jaunes, blancs, flottent constamment. Visuellement, la Curva Sud est vivante.
Doumbia : premier match, premiers sifflets
En début de seconde mi-temps, les ultras donnent de la voix, le virage se réveille. L’effet est immédiat : poussés par leurs fans, les Romains passent à l’attaque. Les Giallorossi mettent la pression sur le portier parmesan sous l’impulsion d’un Nainggolan combatif. Le Belge frappe au ras du poteau (64e), le stade pousse : « Forza Rom’aleee ». Mais ni l’ex-joueur de Cagliari, ni Gervinho (59e) ni Doumbia (71e) ne mettent la balle au fond. Les occasions sont par la suite moins nombreuses. La Louve ne parvient cependant pas à marquer contre le dernier de Serie A. La tension monte. Le virage sud s’impatiente. À la 85e, Doumbia sort sous les sifflets. Tout juste rentré de la CAN, l’Ivoirien a été inexistant si ce n’est sur une grosse occasion manquée à la 71e. Aucun cadeau pour le transfuge du CSKA Moscou pour son premier match. Le champion d’Afrique devra faire ses preuves.
La fin de match est houleuse, la Curva Sud s’agace de ne pas voir l’équipe jouer plus. Au coup de sifflet final, les joueurs rentrent sous une bronca. Après un dernier « IDS avec nous », les ultras quittent les gradins. La déception se lit sur leurs visages. Nicolas, supporter giallorosso cherche une explication : « L’équipe va mal depuis le 7 – 1 contre le Bayern, on était si proche de la Juve, aujourd’hui, on est à 7 points ». Dépité, le jeune homme s’en prend à l’entraîneur Rudi Garcia : « ce mec fait trop d’erreurs tactiques, il n’aurait jamais dû faire jouer Doumbia et Gervinho à peine rentrés de la CAN ».
Jeudi prochain se profile AS Roma-Feyenord Rotterdam en Europa League. 5000 hollandais sont attendus avec une drôle de réputation qui les précède. Les ultras de la Roma sont impatients. « oOn les attend », s’enthousiasme l’un d’entre eux. L’Olimpico sera sans doute plus bruyant.