Intense en première mi-temps, le « clasico » n’a pas déçu. Riche techniquement, il nous a offert un débat tactique rythmé, conclu par le but de Lucas. Marseille a dominé l’entame grâce à son pressing et ses marquages, mais sans réalisme. Paris lui a répondu comme il le fallait, grâce à sa supériorité technique et – nouveauté – à son jeu long.
L’entame est marseillaise
D’une façon plus ou moins surprenante, l’OM a mis le pied sur le ballon dans les premières minutes de la partie. En place à la perte du ballon grâce à leur pressing et à leurs marquages, les hommes de Bielsa ont vite trouvé des appuis intéressants entre le milieu et une défense parisienne particulièrement basse en début de match. Notamment à l’initiative des décrochages de Payet vers le cœur du jeu et du mouvement de Gignac vers les milieux offensifs. Cela leur a permis d’obtenir des coups de pied arrêtés dangereux dès les premières minutes. Ils auraient pu prendre les commandes par Gignac (4e) mais la tête du Français atterrit sur l’arrête de Sirigu. Quelques minutes plus tard, c’est Alessandrini qui fait passer un frisson, de volée, sur un centre de Mendy en attaque rapide.
Comment les relanceurs parisiens ont cassé le pressing de l’OM
Comme prévu, quand Paris a le ballon, Verratti s’intercale entre David Luiz et Thiago Silva. On peut discuter de la qualité du travail défensif de Payet et Gignac sur ce trio très technique. A 2 contre 3 et en suivant le porteur du ballon avec un temps de retard (car en sous-nombre), ils ont vite été promenés par le trio de relance du PSG, qui a enfin pu prendre des nouvelles de Mandanda.
Verratti et David Luiz ont gagné beaucoup de duels et ont pris un gros avantage psychologique sur Gignac et Payet. Dans la vidéo ci-dessous, on s’aperçoit qu’après son premier duel perdu, le Réunionnais devient plus timide dans sa défense sur Verratti. Peu après, l’Italien s’en sort, alors qu’il est encerclé par les deux « presseurs » marseillais. Malgré le fait qu’ils soient en situation de le bloquer dans sa propre surface, les deux veulent empêcher une passe et aucun ne va au duel.
Après 10 minutes inquiétantes, Paris reprend la maîtrise du territoire grâce à la prise d’initiative et la qualité technique de ses relanceurs. Ils vont bientôt lui offrir le contrôle du match.
… et fait reculer les ailiers marseillais
Forts de cet avantage technique et psychologique, les Parisiens vont inverser la tendance et faire reculer Marseille. L’OL l’a démontré à Gerland, pour faire mal à cet OM, il faut faire reculer ses milieux excentrés. En trouvant Maxwell et Aurier dans les « corners » grâce à la précision de leur jeu long/direct (aussi grâce à un Cavani efficace dos au but), Silva, David Luiz et Verratti vont permettre à Paris d’obtenir ses premiers corners et à faire planer la menace dans le dos de la défense marseillaise.
Sans avoir le contrôle du ballon, Paris reprend le contrôle du match, alors que l’OM commence à perdre en qualité de construction. Cela dit, les Sudistes restent dangereux grâce à leur pressing (Gignac sur Silva, puis Dja Djédje pour Alessandrini), mais le réalisme n’est pas là, et le match change de visage.
Placé n°10 d’un 4-2-3-1 sans le ballon, Pastore contrôle bien Imbula, et quand Paris possède, David Luiz ne se pose pas de question, et prend ses responsabilités pour sortir le ballon. Le Brésilien fera parler sa technique des deux pieds, et subira 4 fautes en provoquant ses adversaires directs. Devant, Cavani et Lavezzi se mettent au niveau techniquement et dans l’impact, dos au but. Progressivement, grâce à ses trois artilleurs de relance, Paris va transformer le 4-2-3-1 à marquage individuel de Bielsa en un 6-2-1-1 sans compacité, et donc sans solidité.
Marseille pas payé, l’individualité déformée
Marseille restera intéressant par son pressing, mais pêchera dans le dernier geste, à l’image de Payet qui ne tente pas la volée du gauche, après une superbe pression de Dja Djédjé sur Lavezzi. Une séquence d’autant plus regrettable pour l’OM quand on sait l’ambidextrie de l’ancien Lillois.
Au final, la défaite marseillaise n’est pas illogique. Les marquages de Bielsa, lorsqu’ils sont imprimés dans le camp adverse, sont un fantastique moyen d’empêcher l’adversaire de sortir. Sans Ibra et contre un PSG aux schémas très peu variés, il y avait de quoi espérer.
Mais Verratti, David Luiz et Thiago Silva ont à la fois pris leurs responsabilité sur le plan technique (en tentant des dribbles, et des passes difficiles) et fait preuve d’un pragmatisme nécessaire sur le plan tactique, bannissant la touche X quand il le fallait. Gignac et Payet n’ont pas assez fait le poids face à eux pour empêcher ce qui a suivi quand Paris a pénétré le camp adverse.
Les Marseillais ont dominé tactiquement l’entame et auraient pu marquer. Ils ont manqué de réalisme, à l’image de Payet et Gignac. C’est souvent un poncif anti-remise-en-question pour les coachs, mais Marcelo Bielsa a le droit de l’utiliser au vu du nombre d’occasions que son équipe est parvenue à se créer.
Cela dit, rien n’indique que l’OM aurait conservé cette avance qu’il aurait mérité d’acquérir. Paris a repris le contrôle du territoire en poussant Alessandrini et Thauvin dans des positions (conjoncturelles bien sûr) d’arrières latéraux, grâce aux projections d’Aurier et Maxwell. Le latéral ivoirien a su élever son niveau de jeu, tout comme son compatriote Dja Djédjé en face. A contrario, Mendy a beaucoup déçu, comme Payet, et Gignac.