Il y quelques semaines, nous annoncions la présence de barras bravas d’Argentine sur le sol brésilien. Alors que l’Argentine est entrée en lice avec le succès dimanche contre la Bosnie (2-1), la situation a bien évolué avec la mise en sommeil du principal regroupement de supporters du pays.
Coup de tonnerre dans le quartier chic de Puerto Madero, à Buenos Aires, le 6 juin dernier. les chefs de l’ONG Hinchadas Unidas Argentinas donnaient une conférence de presse pour dissoudre temporairement leur organisation qui rassemblait des supporters de différents clubs argentins. Lors de cette réunion , les leaders des barras des clubs de Platense, Gimnasia de La Plata, San Telmo, San Miguel, Berazategui, Justo Jose de Urquiza, Los Andes et Tristan Suarez avaient répondu présents. La raison principale de cette dissolution est d’ordre logistique. Les membres de l’HUA n’ont pas réussi à avoir les entrées nécessaires pour le Mondial promises par la Fédération Argentine de Football (AFA). L’un des principaux chefs s’est confié à Gustavo Grabia, un journaliste du quotidien sportif Olé : « il y aura beaucoup de barras au Brésil mais ce ne sera pas nous car les dirigeants de l’AFA ont fait un pacte avec les grands clubs. Ils nous avaient promis des billets et nous ont usé comme une pancarte , tous les médias sont venus et ils en ont profité pour négocier avec les autres qui ont des parrains politiques beaucoup plus puissants : Boca, River, San Lorenzo, Racing. Eux, ils ont tout. Ce n’est pas pour rien que les barras de première division qui étaient avec nous se sont détachés de l’organisation et vont par leurs propres moyens comme les barras de l’Independiente, Velez, Lanus, Tigre, Argentinos et All Boys. On n’a rien vu venir ». On a d’ailleurs vu plusieurs supporters passer en force au Maracanã.
Malgré tout, les membres de HUA ont confirmé la présence de 150 d’entre eux sur le sol brésilien : 80 de Buenos Aires et de sa banlieue et le reste de province. On est bien loin des 650 initialement prévus. L’ONG est plus précisément mise en sommeil, un décision définitive sera prise après la Coupe du monde mais ce qui est sûr, c’est que les membres présents ne bâcheront pas sous le nom de HUA. Les mêmes qui ont mis en avant le fiasco d’un projet de pacification des tribunes argentines en montrant du doigt la non-collaboration du gouvernement et la pression négative de l’opinion publique. Une drôle de manière de se faire passer pour victime quand on sait que la plupart de ces individus sont des personnes très dangereuses.
D’où proviennent ces billets ?
Toujours selon Gustavo Grabia, toujours très au fait sur les barras, des milliers de billets sont arrivés en Argentine en dehors du circuit officiel de la FIFA. 55 000 tickets ont été vendus pour les Argentins mais 7 000 ne proviendraient donc pas du tirage au sort de la FIFA. . Un certain nombre de ces billets sont réservés à des entreprises privées mais avec une destination plutôt douteuse que l’AFIP ( la douane argentine) et le ministère de la Sécurité tentent d’éclaircir. On soupçonne une revente ou une donation de ces entrées aux barras bravas.
Officiellement, les billets sont achetés par Internet puis livrés 15 jours avant le début de la compétition avec le nom et le numéro d’identité de l’acheteur. Mais la semaine dernière, la douane argentine a trouvé des centaines de billets sans nom.
En fouillant un peu plus, les autorités ont réussi à identifier les destinataires de ces billets : des agences de voyage, des entreprises… Cependant certains noms sont plutôt louches. On y retrouve notamment un propriétaire d’un magasin de vêtements, le patron d’un restaurant dans la banlieue de Buenos Aires et même une personne sans emploi ! Le raccourci avec les barras bravas a vite été fait par les autorités.
Les confessions de l’ex-chef de la Torcida de l’Internacional Porto Alegre
Lors de l’émission de radio « Código de barras » spécialisée dans tout ce qui touche à la violence dans les stades, « Hierro » Martin (ancien leader de la Torcida de l’Internacional) a fait des déclarations fracassantes mettant en cause Carlos Bilardo, l’entraineur de l’équipe argentine championne du monde en 1986. Selon lui, le « docteur » aurait facilité la présence au Mondial d’une centaine de barras bravas du club d’Estudiantes de La Plata. « Hierro » avait commencé à aider les barras bravas de l’HUA et d’Independiente mais il s’est retiré du projet il y a deux mois à cause de ses démêlés avec la justice et des demandes de l’HUA de fournir des armes et de la drogue. Avant d’être en relation avec les chefs des barras d’Independiente et d’Huracan, il assure avoir eu de nombreux contacts avec la « 12 » de Rafael Di Zeo de Boca Juniors et justement d’Estudiantes de La Plata. Il affirme également que les barras de River Plate et de Boca Juniors possèdent déjà 200 billets chacunes. Après avoir lâché l’HUA, il a passé le relais à « Giba », l’actuel chef de la Torcida de l’Inter de Porto Alegre. Des rumeurs persistantes sur les réseaux sociaux annoncent qu’il s’est fait tiré dessus lundi dernier et qu’il se trouve dans un état grave. Une fusillade en relation avec ce qui va se trame lors du Mondial ? Fort probable…
Les autorités argentines ont envoyé une liste de 2100 personnes dangereuses aux autorités brésiliennes. Et le premier renvoyé en Argentine était un supporter de Rosario Central, également délégué syndical mardi dernier. C’est le premier d’une longue liste d’hinchas qui risquent l’expulsion. La traque des barras bravas au Brésil ne fait que commencer…