Jean-Dominique Gaziello est le secrétaire du groupe de supporters acéistes l’Orsi Ribelli. Dans les tribunes de François Coty, c’est eux qui font le plus de bruit. Pour La Grinta, le jeune passionné insulaire rectifie des idées reçues.
Quel est votre regard sur la première moitié de championnat de l’ACA ?
JDG: Cette première moitié de championnat est très difficile à vivre. Elle nous amène de la déception et du regret. Le début de championnat a été décevant. Nous avons gagné notre premier match lors de la 5e journée seulement. On a connu par la suite une série de 12 matchs sans victoire. Puis il y a eu ce mois de décembre où nous avons retrouvé des couleurs. Il y a eu la défaite à domicile face à Lille (3-2) où nous avions fait un bon match. Une décision arbitrale un peu sévère vient changer la donne (un penalty). Défaite suivie d’un match nul à Nancy où nous méritions de gagner (malheureusement le sort en a décidé autrement à la 93e). Et enfin il y a eu les deux victoires face à Rennes et Sochaux. La déception et le regret sont donc deux sentiments qui reflètent bien cette première partie de championnat. Ce qui nous amène quand même à un total de 15 points avant le mercato et permet d’entretenir l’espoir de maintien.
Ajaccio reste sur 2 victoires consécutives. Craignez-vous de voir cette dynamique enrayée par la trêve hivernale ?
JDG: C’est ce que l’on se dit tous au moment du coup de sifflet final à Sochaux. Mais bon c’est le football, on voit que tout peut aller très vite. En gagnant deux matchs, notre espoir de maintien a énormément évolué. Après la trêve nous aurons un match de Coupe face à Fréjus pour nous remettre en selle. Puis, nous aurons un calendrier intéressant où nous rencontrerons la plupart de nos concurrents directs (notamment à domicile). C’est ce qui doit maintenir cette dynamique dans les têtes de chacun.
Malgré la montée en Ligue 1, le stade François Coty sonne creux. Comment l’expliquez-vous ?
JDG: Je ne suis pas du tout d’accord. Je pense que beaucoup de monde se place du mauvais angle pour analyser l’ambiance et l’affluence au stade. Il est vrai que nous avons un public majoritairement composé de spectateurs et très peu de supporters. Il est vrai aussi que le stade ne gronde pas énormément. Mais il y a beaucoup de points positifs dont il faut parler : nous sommes pour l’instant à une moyenne de 6 166 spectateurs par match cette saison, ce qui signifie la meilleure moyenne de l’histoire du club (4 830 était notre meilleure affluence moyenne en 2002-2003). Ensuite, nous avons réalisé un nombre d’abonnés également historique en Corse : 4 500 ! Cela représente 1 000 personnes de plus par rapport à la fréquentation totale du stade l’an dernier. Le club a donc franchi un cap. Enfin, au-delà des chiffres, concrètement en termes d’ambiance il est vrai que nous espérons faire mieux. C’est pourquoi avec le groupe de supporters l’Orsi Ribelli nous nous efforçons à faire des appels à la tribune et essayons d’impliquer toute la tribune Nord lors de tifos (nous avons réalisé des tifos avec des milliers de drapeaux, soit aux couleurs du club, soit à la Tête de Maure). Notre but est clairement de faire évoluer les mentalités et de transformer ce public de spectateurs en supporters acharnés. Cela commence à venir, parfois la tribune la plus importante (Jean-Baptiste Poli) gronde, chante et applaudit. Cela nous fait plaisir. Puis, nous ne parlons pas assez des personnes dont on ne soupçonne pas l’existence qui supportent le club autrement (les soutiens financiers, les fidèles, les bénévoles etc.). Ils sont aussi importants que les membres de groupe de supporters car ils apportent beaucoup au club.
Quel est l’état d’esprit des supporters ajacciens aujourd’hui ?
JDG: Après une période de déception, l’Ajaccien est aujourd’hui motivé et confiant. Nos valeurs et l’espoir retrouvés, nous permettent d’envisager une deuxième partie de saison intéressante. Même si nous aurions préféré être un peu plus haut à cette époque de l’année au classement.
Alain Orsoni, le président d’Ajaccio, a annoncé que le club déclarerait forfait si la journée de Ligue 1 prévue le 5 mai n’était pas décalée (en référence au drame de Furiani). Soutenez-vous cette volonté, alors que cela peut s’avérer préjudiciable pour le maintien en première division ?
JDG: Evidemment nous soutenons cette volonté. Nous sommes prêts à leur montrer ce que signifient respect, dignité et honneur. Mais nous espérons que la LFP et ses dirigeants auront retrouvé un peu d’honneur avant cette date et d’en arriver là.
On se souvient des incidents entre supporters contre Montpellier, du caillassage du bus caennais. Est-ce vraiment dangereux pour une équipe de se déplacer à Ajaccio, ou les médias cultivent un mythe en stigmatisant davantage les débordements en Corse qu’ailleurs ?
JDG: Il n’est pas plus dangereux de se déplacer à Ajaccio qu’ailleurs en Corse ou en France. Il peut y avoir quelques petits incidents parfois, comme partout. Certains médias, (et je dis bien certains car il ne faut pas mettre tout le monde dans le même panier) en font trop. Nous sommes vraiment surpris lorsque nous voyons qu’un incident en Corse fait trois fois plus de bruit qu’un incident identique ou plus grave ailleurs! Et nous sommes encore plus surpris lorsque la Ligue distribue des sanctions plus sévères envers les clubs Corses pour des faits identiques. Au delà d’un mythe, je pense qu’il s’agit parfois peut-être d’un peu de discrimination. Mais nous n’avons pas pour habitude de pleurer. Malgré nos petits moyens, nos infrastructures et cette part de traitement spécifique, nous arrivons à créer des exploits. C’est la magie du football…Corse surtout. Ce sport humain qui nous fait tant vibrer.
Parlez-nous de votre association, l’Orsi Ribelli. C’est un groupe relativement « jeune », fondé en 2002. Comment en aussi peu de temps avez-vous su vous rendre aussi influent (rénovation du stade, joueurs corses sur le terrain etc.) ?
JDG: Notre groupe de supporters a été effectivement fondé en 2002 et entre dans sa 10e année à présent. Notre groupe est composé de 250 membres environs. Il s’agit surtout de jeunes étudiants sur Ajaccio et venant de différents villages de la Corse. Nous sommes des jeunes ayant le cœur citadin avec l’influence paysanne. C’est cette mentalité et ces valeurs que nous revendiquons et que nous défendons. Et c’est ce qui nous a amené à avoir un petit peu d’influence. Nous avons remporté notre rapport de force (modéré) face à nos élus récemment pour le stade et nous avons toujours exigé des joueurs insulaires sur le terrain (du moins une base, afin d’avoir un état d’esprit). Si nous en sommes là aujourd’hui c’est grâce aussi à des soutiens différents dans la ville et au club également, avec lequel nous entretenons des rapports humains comme ils n’en n’existent nul par ailleurs. C’est ça la force qui fait notre club aujourd’hui.
Propos recueillis par AV